The Rakes ont joué dimanche passé un ton au-dessous ce leurs traditionnelles prestations: soit, ruer dans les brancards, chancelant, la tête dans le guidon, les genoux éraflés. Leur meneur Alan Donohe s'évertue bien à chanter “1989“ avec son refrain chanté la tête à l’envers, un doigt dans l’œil, rien ne ressemble aux concerts entrevus entre Bristol et Berlin cette année. Exilés dans la capitale allemande cet hiver pour y enregistrer KLANG - leur troisième album - The Rakes ont semble-t-il heureusement tiré un trait sur des préten

The Rakes en interview

 

The Rakes ont joué dimanche passé un ton au-dessous ce leurs traditionnelles prestations: soit, ruer dans les brancards, chancelant, la tête dans le guidon, les genoux éraflés. Leur meneur Alan Donohe s’évertue bien à chanter “1989“ avec son refrain chanté la tête à l’envers, un doigt dans l’œil, rien ne ressemble aux concerts entrevus entre Bristol et Berlin cette année. Exilés dans la capitale allemande cet hiver pour y enregistrer KLANG – leur troisième album – The Rakes ont semble-t-il heureusement tiré un trait sur des prétentions de stades que TEN NEW MESSAGES pouvait laisser craindre. Mais ils ont paru sans véritable ressource sur la scène du Jazz Café. Espace trop impersonnel pour eux? En fin d’après-midi, nous avions rencontré le groupe au complet, peu après leur showcase pour Couleur 3.

 

Lords of Rock : Quel honneur d’avoir tout le groupe en face de moi pour cet interview.
Matthew Swinnerton (guitare/chant) : Oui, et on sera aussi tous là pour le concert (rires).

La première fois que je vous ai vu sur scène était à Bristol en 2005. Cet hiver, c’était avec joie que j’assistais à votre concert à Berlin, au Lido. Vous y avez d’ailleurs enregistré votre dernier album, KLANG. Un joli titre pour mieux faire ressortir son côté germanique ?
Alan Donohe (chant) : oui, ça peut être interprété comme tel. Il y a effectivement une sonorité allemande dans ce titre. On ne voulait pas l’appeler BERLIN non plus…On s’est échangé des e-mails pour savoir le nom qu’allait prendre notre troisième album et Matthew a juste proposé ce nom, court et agréable.

Cet enregistrement dans une ancienne station est allemand a dû être assez fou.
Lasse Petersen (batterie) : c’était pas mal mais tout s’est passé si rapidement… ce qui est d’ailleurs probablement la meilleure façon de faire un album. Tout a été enregistré très vite. Assez fou.
Alan Donohe : le bâtiment était tellement particulier, très intéressant. Dans ce complexe appartenant au gouvernement d’Allemagne de l’Est, il y avait ce petit studio de radio. Certaines choses assez folles ont dû s’y passer… Une pièce est désormais utilisée en tant que studio d’enregistrement. Assez intéressant en effet.

 

On peut en effet entendre que l’album a été enregistré dans un endroit spécial. KLANG revient aussi aux premières compositions des Rakes et le premier LP CAPTURE/RELEASE.
Alan Donohe : oui, on voulait que les gens le prennent en pleine face et ne pas faire quelque chose d’expérimental. On a entendu les gens dire « The Rakes ont fait un album expérimental » lors de la sortie de TEN NEW MESSAGES en 2007. On revient à une certaine agressivité.

Le deuxième album a déçu quelques personnes qui voulaient exactement le même son que CAPTURE/RELEASE…
James Hornsmith (basse) : on n’a jamais décidé de sonner vraiment autrement. On voulait juste faire un album studio, ce que l’on a réussi à faire d’ailleurs. Il est très important pour un groupe d’aller de l’avant. De fait, tout le monde s’attendait à entendre un album encore plus expérimental. On s’est donc dit « faisons ce dont personne n’attend de nous ! ». Nous savions que nous étions très bons sur scène et quand il fallait jouer nos titres lives. Nous n’avions de plus jamais enregistré d’albums dans des conditions live. En procédant de cette manière, il est possible de progresser. Plutôt que d’enregistrer très consciencieusement, c’était donc pour nous la bonne solution et la meilleure façon de donner plus de force à nos morceaux. Nous n’avons jamais pensé à revenir à notre premier album qui n’était certainement pas un album live.
Lasse Petersen : nous avions énormément produit le premier album.

 

 

En février dernier à Berlin vous aviez su faire le lien parfait entre vos trois albums.
Matthew Swinnerton : Oui, ce n’est pas parce que le deuxième album sonne plus « studio » qu’on ne le joue pas. On adore jouer sur scène. Je pense que tous nos morceaux forment un tout, ils s’accordent bien ensembles. Il n’y a pas tellement de différences entre nos 3 albums quand vous voyez un concert des Rakes.

Dans le morceau “Retreat“, il y a cette jolie phrase : « I don’t wanna miss out on anything/ At the same time I feel the need to retreat / Everything is temporary these days ». Est-ce que cela peut aussi concerner ironiquement la scène indie rock ?
Matthew Swinnerton : que des groupes soient temporaires ? Ou que l’on ne devait faire qu’un album ?

Oui, enfin pas vous…
Matthew Swinnerton : (il réfléchit) hum, non non, ces paroles ne voulaient pas parler de cela. C’est plus sur un fait de l’existence, sur avoir du bon temps et en avoir une certaine emprise. Avoir en tête ce que l’on fait, profiter.

De manière générale, vous êtes très portés sur les paroles alors que la plupart de vos contemporains veulent juste avoir un son. La presse anglaise en raffole…
Alan Donohe: oh merci beaucoup.
Matthew Swinnerton  : « From me want you get a drink ? » (rires)
Alan Donohe: nous portons beaucoup d’attention aux paroles et à la façon dont nous les faisons passer sur scène. On aime cette idée de faire des morceaux entraînants, sur lesquels tu peux danser une fois et l’autre fois tu écouteras attentivement les paroles et t’y intéresser. La musique doit garder une certaine qualité autrement elle devient vite ennuyante.

J’aurai voulu savoir quels sont les concerts de groupes vous ayant donné envie de former un groupe ?
Matthew Swinnerton : (il sourit) en fait nous ne sommes jamais allés tous ensemble à un concert. On a sauté en studio et, heureusement, on avait notre son à nous, le son des Rakes. Nous ne sommes jamais allé étudier un groupe en nous disant « j’aimerai sonner comme ceci ou comme cela ». Il est très important d’avoir son propre son et de développer sa musique à partir de ceci. Des groupes vus en concerts… (il réfléchit)… je ne sais pas. Tu prends des choses d’autres groupes, tu peux aussi regarder comment ils créent leur personnalité et leur show et l’intégrer dans ton propre concert. Mais tu peux aussi voir ton concert comme quelque chose de singulier, d’une façon positive et donc tenter de ne pas tomber dans une routine et le standard. Parce que si cela arrive, le public le verra très très rapidement. Il ressent fortement les choses qui se passent sur scène et il dira : « Hum, no good » et nous jettera en se questionnant : « qui est le groupe au top du divertissement ? » (rires).

Et si je répète ce que dit l’opinion sur votre influence principale, à savoir est Joy Division ?
Matthew Swinnerton : fatiguant ! C’est vraiment fatiguant car tellement de groupes sonnent ou désirent sonner comme cette sorte de son 80’s. A cette époque-ci nous aurions été plutôt comparé à un groupe comme Gang of Four que Joy Division ou Wire, ceci juste parce que nous répondions à ce courant en faisant des choses plus brutales et dansantes. Voilà où sont les similarités, elles proviennent de là. Ecoute nos paroles et celles Joy Division, regarde nos concerts, c’est juste totalement différent.

 

 

Avez-vous déjà eu l’opportunité d’effectuer une bande originale d’un film ? Votre musique habillerait parfaitement un film de Ken Loach.
En chœur : Oh, Ken Loach !
Matthew Swinnerton : oui, ça serait vraiment intéressant de le faire.
James Hornsmith : c’est complètement différent, assez étrange d’ailleurs.
Matthew Swinnerton : oui en effet, cela ressemblerait plus à un exercice de DJ ou à un groupe reproduisant une œuvre. Tu sais sans doute qu’une de nos chansons a été commandée pour un spectacle de mode (“The World Was a Mess But His Hair Was Perfect“), ce qui avait donné un son assez particulier avec une direction différente. Cela peut être un challenge et donc être très utile pour un groupe.

Ce soir (ndlr : dimanche passé), pour terminer , quels morceaux allez-vous jouer ?
Matthew Swinnerton : tout, ou plutôt un peu de tout, un peu de « back catalogue » aussi. Au Lido à Berlin, où tu nous avait vu cet hiver, nous avions joué l’intégralité de notre dernier album vu qu’il sortait le mois d’après.

Et vous étiez restés à boire des bières avec le public toute la soirée. Peu de groupes de votre envergure le fait.
Alan Donohe : en fait on ne pouvait pas retourner dans notre loge, la porte était bloquée (rires). Nous ne sommes pas un groupe énormément connu, nous ne sommes pas des stars.
Matthew Swinnerton : mais tu as raison, la plupart de nos compatriotes restent dans leur loge, à boire des bières pour décompresser et se reposer. Pour nous, un concert est aussi une opportunité de rencontrer les locaux et de voir leur plaisir d’être là.
Photos: © Joël Sunier pour le Montreux Jazz Festival

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