The Maccabees sont un groupe relativement à part à l’intérieur de la scène rock anglaise actuelle. Alors que 95% de leurs collègues ne jurent que par le post punk, la new wave, The Clash, Joy Division et Echo & the Bunnymen, eux ont courageusement décidé de produire un boogie-pop électrique et sexy, proche de celui que pratiquaient les oubliés T-Rex dans les années 70 et… Ah, attendez. On me signale à l’instant dans mon oreillette que non, The Maccabees n’ont absolument pas décidé de se démarquer de leurs contempora

The Maccabees

The Maccabees sont un groupe relativement à part à l’intérieur de la scène rock anglaise actuelle. Alors que 95% de leurs collègues ne jurent que par le post punk, la new wave, The Clash, Joy Division et Echo & the Bunnymen, eux ont courageusement décidé de produire un boogie-pop électrique et sexy, proche de celui que pratiquaient les oubliés T-Rex dans les années 70 et… Ah, attendez. On me signale à l’instant dans mon oreillette que non, The Maccabees n’ont absolument pas décidé de se démarquer de leurs contemporains, qu’eux aussi pratiquent un rock fortement influencé par le post punk et la new wave, et que leur premier album, COLOUR IT IN, sorti en 2007, était d’un conformisme total et absolu, plaçant le groupe à mi-chemin entre The Rakes et Editors (à moins que ce ne soit au tiers de la route entre The Futureheads et Interpol, ou au trois quarts de celle entre The Horrors et Dirty Pretty Things, on ne sait plus).

Mais heureusement pour tout le monde, les membres de The Maccabees ont l’air un poil plus intelligents que la moyenne. Conscients que le mouvement Corbeaux / « Joy Division revival » commence sérieusement à tourner en rond, à tel point que même le public briton a l’air de s’en lasser (et préfère aujourd’hui largement le rock électrique pur des frangins géniaux, alcoolos et consanguins de Kings of Leon ou la soul vintage tellement irrésistible de la petite Galloise Duffy), ils ont, très courageusement, décidé de se remettre en question pour leur second album, WALL OF ARMS. Leur bonne idée a été d’installer Markus Dravs dans le siège du producteur. Cet ancien collaborateur de Brian Eno est en effet l’un des responsables du son du deuxième Arcade Fire, NEON BIBLE. Et dire que ça s’entend ici est un euphémisme.

Bon attention, The Maccabees ne sont pas soudainement devenus un groupe lyrique à mort produisant des morceaux ternaires bourrés de violons et de grandes orgues ! Non. Simplement, Markus Dravs les a sortis de l’habituel schéma post punk (basse métallique bien en avant, batterie métronomique, voix froide comme la pierre), leur amenant ainsi une plus grande liberté musicale. Le résultat est parfois surprenant. Sur le morceau-titre par exemple, The Maccabees ont ainsi consenti à enlever le balai que tout « new-waveux » fier de l’être a dans le c… pour nous livrer une excellente chanson chaloupée, quasi dansante pour tout dire, et rehaussée de quelques cuivres (ce qui est l’abomination totale pour tout fan de Joy Division…) dans le fond de la stéréo. Libéré de son carcan sonore, le groupe s’aventure donc à varier considérablement les textures, les ambiances et les compositions, et comme il possède visiblement l’art du petit refrain imparable (l’excellent single « Love You Better », le non moins jouissif « No Kind Words », sûrement le meilleur morceau du disque), eh bien on se laisse prendre avec plaisir.

Au rayon des bonnes surprises, on peut également citer la ballade « Young Lions » dont l’intro sonne quasi exactement comme celle de la chanson « Neon Bible » d’Arcade Fire ou l’excellent morceau atmosphérique final, « Bag of Bones ». Finalement, c’est tout à fait logiquement quand ils composent des chansons dans la plus pure lignée de celles de l’album précédent que The Maccabees sont les moins intéressants (les banales « Kiss and Resolve » et « William Powers »).

L’une des forces du disque, au-delà des compositions, c’est très certainement la voix du chanteur, laquelle sonne humble, très humble. Orlando Weeks (c’est son nom), contrairement à tant d’autres de ses confrères, ne se la joue pas une seconde grandiloquent. Il n’essaie pas de nous faire croire qu’il est la 845e réincarnation de Ian Curtis ou de Ian McCulloch (le chanteur de The Horrors étant donc la 844e). Il y a chez lui une vraie sincérité, il y a du fond, bref ce n’est pas que de la pose. D’une manière plus générale, et c’est ça aussi qui est reposant, The Maccabees n’essaient surtout pas de sonner moderne/post moderne ou quoi que ce soit. Ils ne sont pas du tout habillés à la mode, ils ne s’affichent pas avec top models, ils ne vomissent pas leur mauvais alcool devant leurs amis paparazzis. Non, les membres du groupe semblent être des gens normaux, ou plus exactement des gens simples.

Pour conclure, WALL OF ARMS n’est sûrement pas le chef-d’œuvre de la décennie. The Maccabees ne pas non plus des génies. Ce sont plutôt de bons artisans qui font bien leur boulot. En fait, The Maccabees sont comme le petit ébéniste du bout de la rue  que vous êtes allés voir quand vous avez voulu faire faire cette petite bibliothèque dans laquelle vous rangerez vos livres préférés. Ce petit ébéniste n’a pas proclamé qu’il allait vous faire un meuble dément recouvert de couleurs flashy, il n’a pas dit qu’il allait inventer un nouveau style de construction. Seulement votre petite bibliothèque, quand elle a été achevée, elle était belle, et vous étiez très fiers de la montrer à vos amis. Eh bien ce WALL OF ARMS c’est la même chose. Ce n’est sûrement pas le disque le plus génial que vous ayez entendu de votre vie, mais en tout cas c’est l’un des plus attachants à être parus cette année…

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