The Cave Singers

Ce qui est sûr pour répondre à cette question, c’est que cet album respire à quelques exceptions près la bonne humeur et la joie de vivre. Dès qu’on se plonge dans ce quatrième opus, on ne peut s’empêcher de ressentir le bonheur communicatif du groupe qui ouvre le bal avec un premier titre au nom bien choisi de "Canopy". Le rythme, véritablement tropical, inspiré d’un Tortoise à ses débuts, se fait très accueillant, chaleureux. Il est fermement soutenu (mais avec douceur) par une basse qui travaille bien et entretient une forme de mélopée tribale enrichie de nombreux tremolos de guitares. Hormis cette influence palpable, on peut relever aussi une certaine inspiration math-rock qui confère une grande originalité à ce titre qui joue sur une forme de répétition envoutante. Ajoutons encore que la voix du chanteur apporte un plus surprenant à l’ensemble. Ce dernier évolue en effet dans un registre pas forcément compatible à l’origine puisqu’il est proche de celui des chanteurs des 70’s (sa voix se situe entre celles de Mick Jaegger et Richard Ashcroft).

Les sept titres suivants restent du même acabit avec de très nombreuses nuances toutefois. Si l’on retrouve la mélopée tribale relevée d’un certain exotisme à la Tortoise, on ne pourrait dire qu’injustement qu’il s’agit de la même chanson. Arpèges ou accords rythmés façons 70’s se mettent ainsi tantôt au service d’une basse « groovy » et captivante, ronde et chaleureuse. Des chœurs s’ajoutent à la voix d’un chanteur au large spectre vocal qui épouse bien la couleur de ces chansons. La batterie continue de nous entraîner dans le sillage du groupe soit par sa rondeur boisée, soit par sa quasi disparition au profit d’un « tic-tac » au charleston qui entretient la danse magnétique. De manière globale, on peut dire que ces sept titres sont d’une grande cohérence, lumineux en eux-mêmes.

 

 

Cependant, la seconde moitié de l’album, quant à elle, prête plus à polémique. Le groupe s’éloigne cette fois-ci du registre précédent pour suivre une ligne plus rock et plus classique quoique techniquement proche. Les accords de la guitare rythmique deviennent plus marqués et le rythme parfois syncopé. La basse travaille toujours beaucoup et reste très « groovy » sans toutefois maintenir la touche préalable d’exotisme chaleureux. Le tempo de certaines chansons s’accélère au détriment de la mélopée tribale à laquelle se substitue une structure couplet/refrain plus traditionnelle.

Ce qui ne péjore toutefois pas la qualité de ces titres dont les guitares plus rapides contrastent avec une section rythmique plus posée mais « groovy » aussi. Le groupe donne ainsi du relief à une architecture compositionnel qui aurait pu être banale. De manière plus superficielle, on peut ainsi dire que dans cette seconde partie l’influence 70’s du groupe ressort plus clairement au détriment de la touche première de l’album. Cela ne manque cependant pas de richesses : ballades, basse plus agressive, guitare sèche, nostalgie et ambiances plus graves (comme c’est le cas sur l’excellent "Northern Lights") sont de la partie.

Au final, un album très rafraichissant et solaire en première partie, mais plus sombre et carré en seconde quoique très accrocheuse et dansante. On reprochera seulement le manque d’homogénéité entre les deux sections toutes deux dotées d’une identité forte et donc pas forcément compatibles. NAOMI reste ainsi un album à mettre dans toutes les mains des fans d’Indie rock recherchant à passer un moment tout en légèreté et en douceur. Si les titres de cet album ne révolutionnent pas le genre, ils sont toutefois assez originaux et d’une très grande maîtrise ; le groove en prime.

 

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