POP Le groupe au nom le plus cool d’Ecosse est toujours actif et heureusement pour tout le monde. Plus âgé qu’un patineur artistique, Teenage Fanclub sait toutefois conserver cet abord enthousiaste et frais.
Cool disions-nous. Et pourtant le groupe de Norman Blake n’a pas eu exactement la carrière que leur album BANDWAGONESQUE leur promettait. Retour sur image: nous sommes en 1991, et l’album des Ecossais est couronné disque de l’année par Spin devant des NEVERMIND, LOVELESS (My Bloody Valentine) ou encore OUT OF TIME de REM. Ces derniers remplissent les stades tout comme que les fans de la première heure quittent le navire. De leur côté, Teenage Fanclub ne décolleront jamais véritablement. Et deviendront meilleur groupe du monde caché, inspirant au passage des maestro de la pop allant de Belle and Sebastian à The Divine Comedy. Et d’un côté, tant mieux tant ce neuvième album n’a rien perdu des intentions du groupe de Bellshill. Et davantage: son immédiateté n’hypothèque pas notre attachement à ce 12-titres. Ici, on a affaire à la grande tradition de la pop britonne, à caser entre Beach Boys forcément, en bien plus raisonnable cela dit, mais aussi entre les Byrds et The La’s, sabordés après un premier et seul album génial. Ces discrets Ecossais (une seule date prévue cette été, à Oslo…) garde sagement leurs recettes sans s’affoler de leur succès d’estime.
La grande tradition
Venons-ci justement. Où le seul regret à ce SHADOWS serait la pochette signée Toby Paterson, tirant dans le style RDA sans grande réussite. Après, on ne fera pas un procès d’intention à Teenage Fanclub tant leur musique incite à lever les yeux au ciel ou à les fermer, au choix. Ouverture de grande tenue avec le bien nommé “Sometimes I Don’t Need To Believe In Anything”, avec ses élans guidés par cordes et flutes. Avec précision: la voix de Norman Blake est toujours aussi belle. Et la rythmique tient brillament la route. Le meilleur morceau de l’album, directement ? On vous laissera le soin d’y répondre, cela serait faire injure au reste de cet excellent album. Car celui-ci ne voyage pas toujours dans cette même veine, pour preuve le titre suivant “Baby Lee”, beaucoup plus classique dans sa pop luxueuse, hors époque. Et ces guitares… “The Fall” baisse encore l’intonation alors que le Moog prend du service sur une ballade à foutre le cafard. “Into The City” troque cette mélancolie contre une pop aux contours psychédéliques (il faut entendre ce solo de guitare) avant de toucher la grâce dans un excercice de haute voltige, sur le fil. Rayonnant. SHADOWS est construit sur ce croisement entre ballades (le très lennonien “Sweet Days Waiting”) et Sunshine pop (le grand “When I Still Have Thee”). A relever que cette somme d’harmonie a été mixée dans les fameux studios liverpuldiens d’Abbey Road: la Grande-Bretagne ne possède pas le même soleil que le reste du monde. En veillant soigneusement sur ses grands compositeurs, elle a su créer le sien, tout simplement. Teenage Fanclub ne contredira pas ce postulat.
Re: Shadows
Gerry Love chante “Sometimes…” pas Norman Blake.