Team Ghost

À l’écoute du premier titre, "Away", l’essai semble transformé. On est tout de suite plongé dans une ambiance limbique avec quelques notes de basse supportées par des effets de synthétiseur et un filet de guitare. Cet environnement particulier est à la fois spectral et envoutant. En ce sens, la voix du premier chanteur (ils sont trois) est très évanescente, comme incrustée à l’ensemble vaporeux. On retrouve toutes les qualités de la musique shoegaze et la noirceur synthétique de la cold-wave. Le mélange est savoureux : on est à la fois dans quelque chose de chaud et d’aérien, mais aussi de fantomatique et d’abyssal.

Passé ces trois premières minutes le titre explose : grande spécialité du groupe, l’introduction de « beats synthétiques électroniques » et de sonorités new-wave donne le ton de ce qui sera la formule rythmique de l’album. C’est sur cette base que Team Ghost fonde son particularisme. Grâce à cette rythmique musclée et répétitive, le groupe peut s’affranchir du point de vue mélodique des contraintes structurelles au profit de guitares lancinantes, de riches sonorités électro et de trémolos planants que le combo n’a plus qu’à apposer.

Cette recette s’avère efficace : sur les quatre titres suivants (Curtains, Somebody’s Watching, Dead Film Star et Things Are Sometimes Tragic) le combo nous entraine dans un univers riche et varié pour notre plus grand plaisir. Tantôt spectrales tantôt sereines, les voix des trois chanteurs/musiciens nous font voyager dans un au-delà aux multiples contrastes : le chaud se mélange au froid, la lumière à la plus obscure des profondeurs et le rythme, puissant, aux plus douces des mélodies. Les guitares explosent ou se font pleureuses, les trémolos se mêlent à des arpèges subtils. Encore, la basse est à la fois marquée et fuyante. Les explosions solaires véhiculées par les beats electro, très toniques, donnent du mouvement et du ressort à un ensemble extrêmement fluide que le synthé du groupe rehausse d’une myriade de couleurs.

Si le groupe a joué jusque là la carte de « l’ambiant dynamique », il n’empêche qu’il ne se prive pas d’incorporer aussi à son album des titres plus calmes et intimistes. Ainsi,  "Broken Devices", petit bijoux d’introspection, s’il épouse la formule du groupe, se veut plus léger et instrumental que ses prédécesseurs. Des chœurs, eux aussi fantomatiques, auxquels s’ajoutent des sonorités du même acabit, nous plongent aux tréfonds d’une âme moribonde et volatile. La voix, dans un registre plus doux qu’auparavant est alors accompagnée de touches de xylophone qui nous envolent littéralement. Idem pour "All We Left Behind", titre suivant, qui s’ouvre avec du violoncelle mais aussi du piano avec delay avant d’exploser complètement.

Finalement, avant de conclure sur une note toute en finesse, RITUALS revient à nouveau sur une série de titres qui font son succès à savoir "Fireworks", "Montreuil", "Pleasure That Hurts" et "Team Ghost" qui constitue peut être le titre le plus poignant de l’album. Avec une basse qui roule d’entrée de jeu et une voix qui se disperse comme un murmure, l’auditeur est tout de suite accaparé pour ensuite se trouver prisonnier d’une guitare passionnée se faisant alors un peu post-rock avant de se lâcher. Les notes de xylophone qui s’ajoutent à une batterie qui martèle cette explosion constituent une véritable distorsion de l’esprit qui se perd dans un infini sonore.

Mêlant ainsi deux registres qui n’étaient pas nécessairement fait pour se rencontrer, Team Ghost réussit un double pari : celui de donner plus de profondeur et d’émotion à un style cold wave mille fois revisité (mais pas toujours avec autant de succès) et ensuite, celui de dynamiser un style ambiant par trop souvent consensuel. Le combo français, fort de l’expérience de son cofondateur, réussit à s’inscrire avec brio dans le panthéon du rock indépendant peut-être déjà surchargé de talents notoires du même genre. On peut donc recommander sans hésiter RITUALS qui saura en délecter plus d’un quels que soient ses goûts en matière de rock. Une belle réussite et un retour gagnant pour Nicolas Fromageau.

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