Situons d’abord ce groupe qui a le mérite d’exister en tant que tel : car sévissent aux commandes des artistes parmi les plus passionnants – et fous - de la décennie, multipliant les projets. Chien fou de la bande, Spencer Krug tient la cadence au chant alors qu’il s’enfile les trips au sein des incroyables Sunset Rubdown (entre autre). Dan Boeckner la joue lui plus licencieux avec le duo Handsome Furs (entre autre) alors que l’ex guitariste du groupe Hot Hot Heat Dante DeCaro vient de rejoindre le groupe. Vous avez dit supergroupe ? Non, groupe tout simplement, du fait de son identité propre. Pas de proto-jam mais des titres de grande tenue, avec cette introduction démente : « I was asleep in a hammock / I was dreaming that I was a web / I was a dreamcatcher hanging in the window of a mini-van / Parking along the water's edge ("Cloud Shadow on the Mountain"). Nerveux, classieux, brûlant. Partir à fond, accélérer et finir en sprint, dans un chorale haletante maintenue droite par une rythmique béton. Plus pop, "Palm Road" arbore une structure donc plus classique, sans négliger de vêtir de beaux apparats, au point de ressembler à un Pulp après un camp d’entraînement. Pour sûr que Jarvis Cocker, retiré dans sa campagne française, doit observer Spencer Krug et sa bande bien attentivement. On tient là un gros morceau, un futur groupe culte, plus britannique qu’il n’en paraît.
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Monsieur et madame Handsome Furs ont un fils, comment s’appelle-t-il ? FACE CONTROL. Le petit dernier fait suite à PLAGUE PARK, et nous entraîne également dans un voyage délirant, fait d’une succession de chambres d’hôtel. C’est que le duo de Montréal a passé son temps à tourner, Dan Boeckner (exilé temporaire de Wolf Parade) entraînant sa douce de poétesse sur le continent européen, où réside les sources d’inspiration de ce second album. Agrémenté d’encore plus d’artefacts électroniques dans lesquels les cris de la guitare se noient, boîte à rythme plus saccadée, plus étouffante encore, FACE CONTROL est un clin d’œil – certes critique – à la club culture des pays de l’est, où l’apparence prédomine (comme quoi c’est pas si différente que notre côté ouest). Hommage avant tout aux effluves lo-fi, agrémentées de réjouissances pops, créant une véritable science-fiction sonore, le tout tente de porter une réflexion incisive sur la démocratie sauce russe. Comme quoi les apparences écorchées et minimalistes peuvent cacher bien plus. Mais si les considérations politiques vous emmerdent, il vous sera facile de vous évader dans les rythmes paranos et autres dérapages mélodiques d’"Evangeline" (qui n’est pas sans rappeler un célèbre tube de Depeche Mode…) "Officer Of Hearts" ou "Radio Kaliningrad".
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