Swim Deep

Plus j’y pense et plus je me dis qu'il serait maladroit de ma part d essayer d'aborder cette chronique de la manière habituelle en appliquant une analyse linéaire et individualisée pour chacun des morceaux. Certaines collaborations s'y prêtent plus que d’autres, mais ici, j’ai découvert un vrai album, au sens premier. L’album photo d’un été insouciant, d’un été sans attache, une collection d'images et de souvenirs dont il faut savoir apprivoiser l’ensemble afin de capturer, sans garantie, le détail des instants qui le composent. 

S’assoir sur le toit d’un pavillon de banlieue et regarder l’horizon s’étendre au dessus de la campagne urbaine, laisser ses divagations flotter par dessus les toits en tuile, par dessus les chants des moteurs et le bruit des oiseaux, avant de peut-être prendre la route pour tenter de les rattraper. Un instantané du quotidien, un peu à la manière de ce qu’avaient réussît à sculpter les Arcade Fire dans le béton de THE SUBURBS.  WHERE THE HEAVEN ARE WE  c’est ce retour de vacances desquelles on a ramené un sentiment vague composé d'instants singuliers. C'est la BO d’un moment de vie. Pour cela, les années 60 avaient les Beach Boys. Chanceux, nous aurons comme fond sonore supplémentaire les Swim Deep.

Et lorsque cet état nous guette, lorsque que l’on se laisse aller à ce genre pérégrinations émotives, c’est rarement vers la perfide Albion que l'on se projette. 

Il y a cette Angleterre grise, cette Angleterre qui cherche toujours à penser les plaies laissées ouvertes par sa Dame de Fer, cette Angleterre si chère à Ken Loach, cette Angleterre à l’air moite, qui conforte les uns toujours un peu plus dans leur blues tout en  montrant aux autres qu’avec un peu d’espoir, le bout de la route n’est plus très loin. Il y a cette Angleterre des stéréotypes, celle vers laquelle on avance à reculons, celle que j’aime ne pas aimer. 

Et puis il y a l’Angleterre des Swim Deep. Celle qui nous montre qu'il ne faut plus se sentir coupable de rester là, à attendre, immobile, et d'embrasser la paresse. Cette Angleterre si proche de ses racines musicales et si américaine à la fois. Cette Angleterre des grands espaces, celle du Cinémascope, celle des couchers de soleil, celle des longues virées motorisées, celle pour qui la destination importe peu. Avec les années ont s’y perd. On ne sait plus qui influence qui. Au fond, c'est peut être ça aussi la mondialisation. La musique des Swim Deep est ainsi faite: mondialement influencée par Birmingham. Je souhaite qu'elle accompagne cette période de votre vie de la même manière qu'elle est en train de le faire avec mon été.

À bientôt…

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