2010, la presse rock révèle que le prochain Stevie Nicks sera produit et co-écrit en partie par David Stewart (Eurythmics) : ah bon…? Je restais dubitatif sur le résultat final, me demandant bien ce que l’anglais pouvait apporter au joyau U.S… 2011, sortie de IN YOUR DREAMS, nouveau LP de la dame et force est de constater que cet opus surclasse le pourtant excellent TROUBLE IN SHANGRI-LA paru dix ans auparavant. Rien à redire côté campagne de com’, on a pas lésiné sur les dollars et la Livre-Sterling : ça s’entend et ça se voit ! Clip léché (For What It’s Worth), campagne web mondiale, passages TV US rotatifs et interviews presse à foison. Même Macca n’a plus le droit à ce traitement. L’Amérique serait-elle à ce point en manque de repère que l’on déroule à nouveau le tapis rouge aux vieilles gloires ? Certes Kravitz avec son BLACK AND WHITE AMERICA fait mieux mais le contenu de l’album lui…
Revenons donc à ce IN YOUR DREAMS qui ne quitte quasiment plus ma platine (ok le nouveau Lindsey Buckingham vient de sortir et il est fort à parier que je vais effectuer un échange standard à son profit comme souvent avec ses albums… ). La prod’ de Stewart n’est pas « éclatante » dans le sens ou la patte du britannique se peaufine d’années en années et qu’ici, l’homme a su déshabiller le rock de la belle en partant de la base, guitare/basse/batterie puis en saupoudrant le tout délicatement d’effets et rythmiques additionnelles. Il suffit de réécouter les précédents opus de Nicks pour distinguer le travail notamment sur TROUBLE…
"Secret Love" qui ouvre l’album est du pur Nicks, mid-tempo agréable un tant soit peu mou cependant comme morceau d’introduction. "For What It’s Worth" est une magnifique ballade aux paroles que l’on imagine très personnelles pour beaucoup sur lesquelles la voix de la belle se fait grave le tout accompagné par la guitare de Mike Campbell. Au passage, regardez le nombre de participants à l'album : ça pique les yeux… "In Your Dreams" est une pure U.S. song à la production « sèche » où tout est carré, idéalement destinée aux radios AOR ou Classic Rock, certains y trouvant l’influence Mac qu’il veut… ou pas ce qui est mon cas. "Wide Sargasso Sea" et "Ghost Are Gone" prouvent que la belle rock encore avec pour le premier un mid-tempo aux influences orientales et une urgence faussement bâclée pour le second. L’effet "Moonlight" et ses vampires aux dents de lait est passé chez la californienne aussi et lui a inspiré la chanson du même titre : pas sûr que cela plaise aux gamins mais à nous oui grâce à une ambiance mystiquo-rock comme sait en créer la belle. Alors oui, j’avoue, le sommet du disque reste pour moi ce "Soldier’s Angel". Ok c’est un duo avec Lindsey Buckingham, ok tout le monde en a marre d’entendre parler de leur histoire commune etc, etc… Sauf que lorsque ces deux-là se mettent à chanter ensemble le tout soutenu par la guitare de Buckingham, personne ne moufte. Des paroles étranges, une ambiance lourde où la voix de Buckingham apporte un brin d’air nécessaire lors du refrain… "Everybody Loves You" est du pur Stewart : remplacez Nicks par Lennox, changez le titre en "Miracle of Love" et vous y êtes ou presque… On regrettera cet "Italian Summer" fatigué, seul vrai bémol de ce magnifique LP.