Affirmons le immédiatement, Soften évite brillamment le piège dans lequel tombe le 99% des groupes suisses romands: la plupart des formations débutantes manquent de recul. À force de faire des concerts devant des publics soit trop bienveillants, soit constitués d'amis, à force d'oeillères vis-à-vis des courants et tendances actuelles, à force d'hypocrisie vis-à-vis de certains avis critiques mais ô combien honnêtes, ces formations, par un étonnant pouvoir d'auto-persuasion se convainquent qu'elles produisent de la musique de qualité et vont jusqu'à dépenser des fo

Soften

Affirmons le immédiatement, Soften évite brillamment le piège dans lequel tombe le 99% des groupes suisses romands: la plupart des formations débutantes manquent de recul. À force de faire des concerts devant des publics soit trop bienveillants, soit constitués d’amis, à force d’oeillères vis-à-vis des courants et tendances actuelles, à force d’hypocrisie vis-à-vis de certains avis critiques mais ô combien honnêtes, ces formations, par un étonnant pouvoir d’auto-persuasion se convainquent qu’elles produisent de la musique de qualité et vont jusqu’à dépenser des fortunes pour un disque qui est dépassé avant même d’être enregistré et qui ne sert qu’à remplir les poches d’un producteur connu qui profite ainsi de la naïveté de jeunes musiciens aveuglés. “I like what you do guys, I think we can do good work together”. Le petit groupe est aux anges, car ce type a enregistré des pointure gigantesque et l’affaire est dans le sac. Le goût amer vient ensuite: facture salée et à peine plus de succès qu’au début. Peut-être un Club Tent à Paléo à 17h, alors que des groupes plus jeunes tiennent la tête d’affiche sur la Grande Scène. Mais même cela ne suffit pas à réfréner leur ego insatisfait, car bien souvent ils persistent! Comme quoi, la comédie humaine arrivera toujours à se réinventer.

Pardonnez-cette disgression, un peu longue mais nécessaire. Revenons-en donc au vif du sujet: le dernier album de Soften. Un bijou, rien de plus, rien de moins. Un album qui suffit à lui seul à donner ses lettres de noblesse aux guitares suisses romandes. Un son ambitieux, propre à transcender la cour des plus grand et à se faire une place méritée à l’étranger. Un résultat réfléchi, acquis à force de travail et d’ouverture d’esprit véritable, d’une richesse quasiment inépuisable. Que ce soit notre style ou non, les  compositions de Soften nous impressionnent et nous rendent fiers. Enfin un vrai groupe…

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