Smith & Burrows

Smith & Burrows, c’est l’histoire de deux musiciens connus pour d’autres projets. L’un est le chanteur ténébreux d’Editors, l’autre était le batteur de Razorlight. Relié par leurs racines irlandaises et leur affection pour la musique traditionnelle de leur enfance, les deux hommes mettent momentanément leurs groupes à succès de côté pour s’unir dans un duo au sobre nom de "Smith & Burrows". Mais le projet aurait pu être un four commercial en promo au HMV du coin censé réconcilier les amateurs de pop musique avec la grande tradition britannique des fêtes de fin d’année, promis à l’avenir noble de cadeau de Noël bon marché pour panne d’inspiration. La pochette de FUNNY LOOKING ANGELS, d’ailleurs, promet de séduire plus la ménagère occupée à farcir sa dinde que le rock critic buveur de bière : les deux artistes sont assis sur un banc dans la campagne et portent chacun une paire d’ailes blanches. Mais finalement, c’est en écoutant le disque qu’on se rend compte que ces mignons chérubins ont réussi leur coup : l’album est simplement bon.

On retrouve avec bonheur la voix grave et belle de Tom Smith, qu’on n’avait plus entendue depuis le dernier Editors de 2009, dans un style très différent du post-punk habituel, et on découvre celle d’Andy Burrows (pour ceux qui ne connaissent pas son projet solo I Am Arrows), assez bluffante, et qui nous fait penser que définitivement, Razorlight se serait très bien passé de l’insupportable poseur Johnny Borrell.

 

"Ces mignons chérubins ont réussi leur coup"

 

Le disque a beau revendiquer son appartenance aux chants hivernaux et traditionnels, on ne peut que constater son étonnante sobriété et son extraordinaire cohérence. Jamais l’instrumentation n’est pompeuse. Jamais les choeurs ne sont superflus. Jamais l’apport d’un cor ou de cordes n’est prétentieux. Et jamais les paroles ne sombrent dans le mielleux.
On retrouve ainsi la beauté orchestrale de The National ou de Beirut sur certains morceaux. "As The Snowflakes Fall", toute en progression et mélancolie, charme dès les premières mesures.  "In The Bleak Midwinter", d’un dépouillement rare, ouvre l’album avec grâce. Et sur "The Christmas Song", Smith & Burrows ont eu l’excellente idée d’inviter Agnes Obel à jouer les crooneuses. On regrette cependant le formatage pop catchy du morceau éponyme et d’"Only You", noyé dans des refrains évidents et un rythme trop dansant.

Mais malgré ses écarts, Smith & Burrows réussissent leur pari : dépoussiérer les chansons d’hiver en apportant la touche d’un authentique talent.

 

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