Scarecrow – Devil & Crossroads

« On n’invente plus rien de nos jours », que j’entends trop dire. J’ai beau répéter que les indépendants ont encore beaucoup d’inventivité, mais peu d’artistes connus ou de tubes se démarquent pour le grand public qui ne cherche pas, ou plus. Pourtant Scarecrow est une bonne exception, parce que, une fois entendu, on reconnaitra entre mille le son bien particulier de ce groupe. Le mélange de base est « simple » : du blues, du hip hop et un bon shaker pour mélanger les deux. Mais il y a des mélanges qui ne prennent pas (la crème chantilly sur la viande, franchement déconseillé) et d’autres qu’on adore (l’ananas dans la sauce au curry). Et en musique c’est pareil. Depuis très longtemps on mélange les genres. Rappelez-vous Charles Trenet qui ramenait du Jazz dans la variété française. Le rock n’est pas imperméable non plus. La musique symphonique et le métal, ca marche, mais le blues et le hip hop ? Le Nu metal avait une belle lancée dans les années 90 (Korn, Rage Against the Machine, etc.) pour le mélange hip hop et metal. Le Blues quant à lui, a souvent fait bande à part, mis à part se mélanger avec un « descendant », le rock, ou influencer voire évoluer (le Rhythm’n Blues) !

Et c’est là qu’intervient le génie de Scarecrow, mélanger deux genres assez incompatibles musicalement, et tenter de convaincre le fan de blues que je suis que le hip-hop est un excellent parti pour le mariage. Au début, on s’amuse du mélange paroles scandés et riffs blues de guitare acoustique. Mais c’est bien plus qu’une amourette de vacances ! A vrai dire, il est impossible dans ce disque de dissocier les deux, les solos de guitares, d’harmonicas ou d’orgues et, de l’autre coté, les scratchs et samples  s’unissent comme les doigts d’une main pour marquer leur union. J’ai beau essayer de jouer le beau-père suspicieux de voir mon blues partir avec un hip hop, je dois admettre qu’il a des arguments. Sans filer dans les extrêmes, chacun des genres se fait beau pour plaire à l’autre. Chacun reste classique et abordable pour les néophytes. Et, dans leur simplicité apparente, séduisent facilement les fans de l’un ou l’autre genre.

On aurait tort de croire que le mélange se réduit à un riff de blues, des paroles scandés, et que l’affaire est bouclée. Chacun dans sa partie fait preuve d’une virtuosité assez discrète comme sur "BMF", où l’harmonica et les scratchs s’enchainent avec une excellente rapidité. Par exemple, les riffs sur la guitare sonnent blues, mais sans répéter les riffs bien connus. La ligne de chant alterne le chant rap et le chant blues. Le titre "Boy" n’a finalement qu’une batterie électro et des scratchs pour rappeler le mélange des genres.

Bref, il y a des innovations et d’excellentes découvertes chaque année, mais The Original Blues Hip Hop Scarecrow, avec cette réédition augmentée de leur premier EP, compte vraiment comme l’un des groupes français à suivre de cette décennie ! Et s’ils lisent cet article, je vous dis : « Merci les gars, continuez ainsi, vous m’avez fait passer un bon moment ! »

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