Romain Humeau en interview

Salut Romain, et merci de me consacrer un peu de temps. Comment ça va ? 

Un peu fatigué, cela fait 10 jours que je suis sur Paris, et je rentre demain. Mais dans l'ensemble, ça va, je suis enthousiaste.

 

Avant de parler de ton album solo, j'aimerai faire un point sur Eiffel. Vous êtes juste en pause ? 

Oui, on a envie de faire plein de choses, toujours. Je joue avec Eiffel mais j'ai aussi une carrière solo, le batteur joue avec d'autres groupes. Cela s'est fait naturellement. Il y a des moments où on aurait pu se séparer, à cause de tensions, mais maintenant on s'entend super bien. Un groupe de rock, c'est comme un footballeur, c'est censé durer de 17 à 28 ans, après tu ne sers plus à rien. Passé ce cap là, tu te rends compte que tu en as besoin et envie et tu continues, et c'est mon cas, j'ai 45 ans. 

 

Eiffel va-t-il reprendre les routes ? 

On a terminé notre tournée fin 2013 et c'est fort possible que cet été, pendant que je suis en tournée en solo, on enregistre un album, je ne sais pas. J'ai écrit des chansons, tout le monde a envie de s'y remettre. A partir d'un moment, si un groupe perdure, il peut faire des albums plus espacés, et permettre à chacun de s'épanouir de son côté.  

J'ai l'impression que tu marques bien la différence entre Eiffel et tes albums solos  

Oui, c'est moi qui écrit les chansons pour les deux, mais ma volonté c'est de faire autre chose qu' Eiffel. Disons que quand j'écris une chanson j'essaie de la faire le plus souvent sans instrument. Donc pour les deux, l'écriture reste la même. Mais ce sont les arrangements après qui font la différence. Eiffel, c'est du pop rock avec trio classique (basse, guitare, batterie), alors que moi, j'essaie de faire avec des sonotités mondiales. Je buttine autant chez les Beach Boys et chez les Beattles que chez Damon Albarn et chez Little Dragon, dans le rap, l'électro, la musique française du siècle dernier, la musique classique.  

 

Tu ne te mets aucune limite ? 

Oui et non. Je me mets des limites. Pour cet album, j'avais envie de faire de la pop avec pas mal d'arrangements, aller buttiner du côté du Hip Hop, qu'il y ait un peu de punk. Mais ce sera sur MOUSQUETAIRE #2. En fait, MOUSQUETAIRE, c'est 30 chansons et la maison de disque a choisi de diviser en 2 albums. Pour moi, MOUSQUETAIRE, c'est comme une phrase que je dit en 2 temps. 

 

D'ailleurs, pourquoi MOUSQUETAIRE ? 

Il n'y a aucune raison philosophique ou intellectuelle. Quand j'étais petit, j'étais tout le temps habillé en mousquetaire. J'étais fan de d'Artagnan, fanfan la Tulipe et tout ça. 

Ton album raconte-t-il une histoire ? 

Non, ce qu'il m'intéresse, c'est le récit poétique. J'aime la folie, comment on peut décrire l'amour, le sexe, la politique, les relations humaines. C'est pour ça que pour chaque texte de MOUSQUETAIRE #1, il y a des thématiques. Pour "Velour de Gosse", la fabrication d'un petit kamikaze de banlieue avec une allusions à Samuel Hall, qui est une vieille chanson de 200 ans, chantée par Johny Cash et tant d'autres. Samuel Hall est un personnage mythique, un gamin mal éduqué, devenu voyou, tueur, voleur, et qu'on pend. Et au moment où il est pendu, il dit "je vous déteste tous parce que c'est vous qui m'avez fabriqué". J'ai écrit "Velour de Gosse" il y a 3 ans et qui parle de l'éducation. J'ai une fille de 20 ans et je crois beaucoup en l'éducation, celle qui accompagne l'enfant dans ses choix. 

 

Quelles sont tes inspiration pour l'écriture des textes ? 

C'est ce que je vis, autant des choses magnifique humainement parce que je prend soin de favoriser les moments avec les autres, que des moments tragiques, j'en ai eu pas mal depuis 5 ans. Ces derniers, je les chante en anglais, c'est moins difficile à dire et je sais que ce n'est pas direct pour le public français. Après, je m'inspire aussi de l'actualité à retardement, comme pour Anna "Politkovskaïa", qui me tiens à cœur et que je voulais faire depuis longtemps. Et aussi des histoire d'amour avec "Something I Can't Touch", le fait d'aimer quelqu'un et de savoir que c'est du vent. Un peu de politique avec "Colatéral", une chanson sur le vote blanc. Je me suis dit, ça fait 25 ans que votre contre, et maintenant je voterai blanc. Pas dans le sens je m'en fiche, je veux que cela soit pris en compte pour montrer que les listes proposées ne m'intéresse pas. Aussi, "Marjane" est importante pour moi, c'est une chanson sur la venue au monde d'un enfant. On lui présente ce nouveau monde avec ses qualités et ses défauts, et c'est un axe que je n'avais jamais traité encore. 

 

J'ai vu des titres anglophones sur l'album. Est-ce une volonté future de créer un album entier en anglais ? 

Non, il y a des mélodies qui sonnent mieux en anglais. Dès que cela ne sonne pas en fraçais, à la place de jeter la mélodie, ce que j'ai fait pendant 20 ans, je la garde et la passe en anglais, avec mon accent un peu pourri. Si je pouvais chanter en arabe et en espagnol, je le ferais. Mais là je ne peux vraiment pas. 

 

Comptes-tu t'exporter ? 

J'adorerais! Mais je n'y crois pas trop. Pour l'instant, je fais uniquement les pays francophones. Mais j'adorerais jouer en Angleterre! Aller me faire cracher à la figure par les anglais dans un pub, parce qu'ils sont très dur avec les français. D'ailleurs, la chanson qui clôturera MOUSQUETAIRE #2, c'est "French pop vs English wine". C'est une phrase de John Lennon qui disait que la pop française était égale au vin anglais, c'était une insulte. 

 

La place du rock français est-elle difficile à garder ? 

En France, ce n'est plus la peine de faire du rock. Je ne sais pas comment on a fait pour en arriver là avec Eiffel. Il faut beaucoup de persévérance. Mais on va arriver à tenir avec Eiffel, on a les capacité. Le tout est d'apprécier ce qu'on fait. J'espère continuer à faire de la musique encore longtemps. Il y a des périodes où il faut se mettre dans la merde financièrement pour consacrer 100% de sont temps pour sortir un album, et c'est ce qu'on a fait pour A TOUT MOMENT, résultat : disque d'or. Cela nous a remis à flot. 

As-tu d'autres casquettes que auteur-chanteur ?  

Oui, j'ai produit les deux derniers albums de Bernard Lavilliers. J'ai aussi écrit pour lui 3 chansons. C'est une vrai rencontre avec Bernard. On a encore joué il y a quelques jours à France Inter pour l'hommage à Léo Ferré, on m'avait confié tous les arrangements. Et j'ai chanter 2 chansons avec mon groupe et Bernard

Sinon, j'écris aussi une pièce de théâtre pour Damien Pouvreau, sur un texte de son grand-père, qui a été emprisonné pendant 5 ans, durant la seconde guerre mondiale. C'est tout petit comme projet mais c'est aussi important pour moi qu'un album d'Eiffel qui fait disque d'or. 

 

Pour cet album ou pour Eiffel, tu gères tout ? écriture, compo musicale… 

Oui, j'écris les chansons et je les arrange. Avec Eiffel, il y a toujours une partie qui se termine avec les membres du groupe. Sur le disque MOUSQUETAIRE, j'ai fait 95% des instruments. Et j'ai été aidé à la réalisation par Nicolas Bonnière, le guitariste d'Eiffel. Et sur scène, j'ai un groupe de 5 musiciens avec 2 personnes d'Eiffel. Ce sont tous des personnes avec qui je suis proches, et j'adore jouer avec des personnes que j'apprécie, j'ai besoin d'être entouré de personnes qui me suivent. 

 

Merci de m'avoir accorder un peu de temps en cette fin de journée éprouvante. 

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