Rodrigo Leao

Tout d’abord, l’ambiance dominante est la mélancolie et les regrets. Les compositions servent d’écrins à ces voix qui savent bien retranscrire ces émotions. On ne peut négliger le côté jazz très marqué comme dans ‘’Happiness’’ ni l’orchestration très riche – parfois à la limite du sirupeux. Ce qui rappelle à maints égards les compositions classiques des années 60 – ou d’avant encore – et par moment même certains génériques ‘’jamesbondesques’’ de la même époque comme ’Sleepless Heart’’. D’ailleurs, la référence cinématographique n’est pas hasardeuse puisqu’en effet Leão a travaillé sur des BO de film notamment pour Pedro Almodovar. De plus, un de ses albums s’intitule CINEMA.

Pour donner en avant-goût de ce SONGS, on peut citer ’The Long Run‘’, une valse sur laquelle Joan as Police Woman se plaint de l’ardeur de son partenaire qui décroît ou encore ‘’Terrible Dawn’’ où Scott Matthew nous exprime sa solitude. Neil Hannon nous fait part de sa dévotion pour ‘’Cathy’’. Beth Gibbons, reconnaissable entre mille, ne peut laisser de marbre sur ‘’Lonely Carousel’’ lorsqu’elle nous souffle « The pleasures I seek are far too discreet for me […] The truth is lost» dans une ambiance de tango lent et une référence ironique au ‘’Que sera sera’’ que chantait Doris Day.

’Lost words’’, un instrumental dont le thème rappelle le premier titre de l’album, fait office de jalon avant de nous emmener plus loin dans la mélancolie. Voilà bien l’ambiance générale de ce disque qui mélange jazz, tango, valse et par moment un certain côté pop ce qui rend au final un assez étrange impression d’intemporalité. Le paradoxe étant que malgré le côté sombre de certains morceaux, que ce soit dans le propos ou par la musique, le tout reste très vivant et beau.

Si l’ensemble peut sembler au premier abord un peu cheesy, on ne peut passer à côté du fait que chaque interprète (et pour le coup co-créateur) habite complètement chaque morceau. La grande cohérence des réinterprétations – et ce malgré la durée dans laquelle s’inscrivent les enregistrements – fait de cet album une œuvre originale à part entière loin « du best of » qui mérite le détour.

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