Connu des plus jeunes par ses quelques apparitions aux côtés d'Alex Turner lors de concerts d'Arctic Monkeys, le britannique Richard Hawley est malgré tout un fin limier, auteur d'une oeuvre sobre et classieuse. Chronique du récent 5ème album.

Richard Hawley

Connu des plus jeunes par ses quelques apparitions aux côtés d’Alex Turner lors de concerts d’Arctic Monkeys, le britannique Richard Hawley est malgré tout un fin limier, auteur d’une oeuvre sobre et classieuse. Chronique du récent 5ème album.

 

Dans la presse rock française actuelle, il est de bon ton de vomir sur ce qu’on a appelé la britpop, ce mouvement qui a enflammé l’Angleterre grosso modo de 1993 à 1998. Du coup, si même Suede, Blur ou Pulp se voient dénier toute importance historique, que dire de groupes de 2ème division de l’époque comme les oubliés Longpigs ? Pourtant, Longpigs, auteur en 1996 du vraiment pas mal du tout THE SUN IS OFTEN OUT, recelait en son sein un bien singulier guitariste nommé Richard Hawley. Lequel Richard Hawley, sitôt le groupe dissout après le second album totalement raté, est devenu guitariste chez Pulp avant de commencer à voler de propres ailes à la sortie de son premier album solo, LATE NIGHT FINAL, en 2002. Depuis Richard Hawley a sorti trois autres albums sobres et classieux, célébrés comme il se doit en Angleterre et absolument nulle part ailleurs.

 

Un pur album de style

 

TRUELOVE’S GUTTER, sorti il y a peu, est donc le cinquième album de Richard Hawley, un album sur lequel l’artiste nous livre la quintessence de son style, totalement maîtrisé et débarrassé de toutes les petites digressions qui pouvaient encore subsister jusque-là. TRUELOVE’S GUTTER est un donc un pur album de style, bien avant d’être un album de chansons. Richard y chante d’un bout à l’autre de sa voix de crooner 50’s par-dessus des accompagnements très lents, souvent composés d’arpèges de guitares, de nappes de synthé planantes réhaussés parfois d’une basse discrète et d’une batterie jouée aux balais. Tout est d’une douceur, d’une suavité totale, et l’album, dans son ensemble, est plus fainéant et indolent qu’une sieste au soleil en plein été. Deux chansons sortent assez nettement du lot, la sublimissime “Open Up Your Door”, carrément en lice pour le titre de plus beau morceau de l’année, et “Soldier On”, qui après une première partie minimale finit par exploser dans un final sensationnel. “Open Up Your Door” et “Soldier On ” sont d’ailleurs les deux chansons les plus écrites du disque, deux chansons que Richard Hawley fait évoluer au fur et à mesure de leur progression. Les autres chansons sont beaucoup moins bien écrites. Mais tout autant soignées. Richard Hawley y joue énormément sur les climats, y développe des motifs de guitare qu’il répète à l’infini pour porter sa voix si particulière. Très clairement, TRUELOVE’S GUTTER n’est pas un album que l’on peut écouter d’une oreille distraite. Il possède une vraie profondeur, et pour en saisir toutes les subtilités, il faut y porter une vraie attention, en écouter les chansons à plusieurs reprises.

 

 

 

 

Au final, TRUELOVE’S GUTTER est donc un album totalement hors du temps, en dehors de toutes les modes et qui ravira les amateurs de climats noirs et romantiques. Pour autant, il n’y a pas non plus, de mon point de vue, de quoi s’enflammer totalement, de parler, comme certains le font, d’album de l’année. TRUELOVE’S GUTTER est un très beau disque, mais il manque sûrement un poil de force dans l’écriture et un peu de registre dans la voix (laquelle a un timbre superbe mais est donc un peu limitée techniquement) pour en faire un incontournable absolu. Très bel album, néanmoins, je le répète.

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