Phoenix, ou le groupe français au succès improbable. Présents depuis plus de dix ans sur la scène musicale et pourtant boudés ou presque jusqu'à ce fameux album "Wolfgang Amadeus Phoenix".

Phoenix

INTERVIEW Phoenix, ou le groupe français au succès improbable. Présents depuis plus de dix ans sur la scène musicale et pourtant boudés ou presque jusqu’à ce fameux album Wolfgang Amadeus Phoenix. Les critiques s’emballent, la machine tourne à bloc: tournées américaines, le Grammy, tous les “Late night show” possible, le MTV Unplugged. On appelle cela la “Phoenixmania” semblerait-il…


” On nous pose des questions de sportifs “

Lords of rock : En ce moment, j’ai l’impression qu’on vous parle plus de votre succès que de votre musique. Cela vous fait quoi ?

 Branco : C’est vrai ça !
Chris : T’es la première personne qui nous le dit !
Branco : Et c’est la première fois que j’y pense… C’est exactement ça.
Chris : Au début, on nous demandait qui on était, ensuite on parlait de notre musique et maintenant c’est le succès. Le succès, c’est super à vivre mais y a rien à raconter presque. Les échecs sont bien plus intéressants à raconter.
Branco : Par contre, c’est plus agréable à vivre !
Chris : C’est dur de transcrire le bonheur.
Branco : C’est pas un sport la musique. On nous pose des questions de sportifs aujourd’hui…
Chris : Parce que pour la première fois on a gagné des prix ! Le premier prix gagné était le Grammy award et on connaissait pas cette sensation de compétition, ni celle d’avoir à en parler.

Lords of rock : Comment vous le vivez d’être inclus dans ce « star-system » américain ?
Branco : Oh, on n’est pas inclus. On est des outsiders.

Lords of rock : Mais quand même ce côté entairtainment , tout en grand…Vous les adaptez vos shows au public américain ?
Branco : Non, non. Cet album est celui qui a le plus de succès justement, mais c’est celui pour lequel on s’est le moins adapté à l’auditeur. Donc, on a remarqué qu’avec ce moyen hyper égoïste de faire de la musique pour nous quatre, c’est le moyen d’atteindre le plus de gens. On s’est dit on va y aller encore plus à fond et du coup on s’adapte encore moins. On veut surtout pas s’adapter, avoir des comptes à rendre à des gens.
Chris : Oui, on a pas changé grand-chose.

Lords of rock : Vous-même, est-ce que c’est l’album sur lequel vous auriez parié ? A choisir entre les cinq ?
Chris : Franchement, non. Mais on les aime tous. Avec celui-là, on était très contents de nous mais les réactions de nos potes étaient assez minables. Ils aimaient pas trop.
Branco : C’est vrai.
Chris : On se disait qu’il toucherait moins de personnes, voire très peu, mais ils seront au moins à cent-pour-cent derrière nous.
Branco : C’était ça notre pari. On s’est dit que si on faisait un album que très peu de gens adoreraient ça suffirait. En même temps, aujourd’hui très peu de gens ça fait déjà pas mal comme ils sont partout dans le monde et qu’on peut tous les atteindre.
Chris : Au final ça fait un nombre suffisant.
Branco : Très peu de gens ça suffit pour pas avoir à travailler dans un restaurant ! (Rires)

Lords of rock : Je le trouve beaucoup plus triste que les autres cet album pourtant. Pas celui promis au plus gros succès commercial logiquement, non ?
Branco : Il est plus bizarre celui-là. C’est l’album le plus étrange.
Chris : Il est assez triste.
Branco : C’est vrai. Mais personne l’entend ! Tu vois, toi tu le sens mais…
Chris : Peut-être qu’ils le sentent mais on en sait rien en fait.

Lords of rock : Disons que à part “Litztomania” et “1901”, le reste est peut-être moins insouciant en tout cas.
Chris : Même “Liztomania”…
Branco : On a toujours fait des morceaux avec ces deux aspects. Mais c’est vrai que ce dernier disque l’a encore plus. On était dans une période de nos vies bizarre. C’est l’esprit de l’année 2008.

On est allé au-delà de certaines frontières

Lords of rock : Est-ce qu’il vous reste encore des rêves, des choses à réaliser après cette folle année ?
Branco : Plus de rêves !
Chris : On a tout fait ! (Rires)
Branco : Non, on a rien fait du tout. Juste deux-trois concerts dans des grandes salles. Le rêve, c’est qu’on fasse un autre disque. C’est ça les vrais plaisirs quand on est musicien, sauf si on est un salaud. C’est les petits moments où on arrive à faire quelque chose de bien.

Lords of rock : Justement, j’imagine qu’après cette longue tournée, vous commencerez à envisager le prochain album. Ou le faites-vous déjà ? De la pression ?
Branco : Non, le truc c’est qu’on a fait l’album le plus bizarre possible avec le dernier et c’est celui qui a le plus marché donc on va continuer dans cette voie. On est allé au-delà de certaines frontières. On a essayé d’aller autre part et faire un truc qui ressemble à rien d’autre. Ce qui est compliqué, c’est quand t’es Bowie et que t’as fait « Let’s dance » ! Avant t’avais aussi fait d’autres trucs fabuleux qui ont moins marché et là soudain, tu fais ça et ça marche super bien…Nous, on en est pas là.

Lords of rock : Mais donc vous avez une idée de l’orientation à prendre ?
Branco : En tournée, on écrit jamais de morceaux mais pour nous une grande partie du travail est mentale, intellectuelle. Pour nous, dans la musique, il y a beaucoup de réflexion même sans toucher un instrument. On en est là, pile dans cette phase-là.

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