Dimanche 6 septembre, 20h. Fri-Son rouvre ses portes après sa pause estivale. La saison commence fort : pour la première soirée, on a droit à rien de moins que Peaches, de passage en Helvétie avant sa tournée australienne. Soirée scandaleuse en perspective.
Sanglant
Avant le scandale, dînette de poupée.
Le Corps Mince de Françoise, initialement prévu comme première partie, est remplacé par My Toys Like Me, un duo londonien composé d’un mec aux samples et d’une jolie métisse au chant. Leur electro gentillette va crescendo, et si ça paraît mou au début, dès le troisième titre, on commence à avoir envie de sautiller. Plus ça va, et plus le rythme est marqué, et plus le public suit. Certains samples semblent venir tout droit de vieux films d’horreur et, mêlés à la voix de gamine de la chanteuse et à du 8-bit en filigrane, créent une ambiance bien particulière, « chelou » pour reprendre les termes de mon voisin. Le concert dure une demi heure et se termine en apothéose mièvre qui nous laisse quelque peu sur notre faim.
Mangez cinq fruits et légumes par jour. Ou une grosse pêche.
Il est 21h55, et le public se presse comme un citron devant la scène. « Hey, c’est normal qu’il y ait des instruments sur scène ? ». Oui, ce soir Peaches est accompagnée du trio Sweet Machines. 22h, les lumières s’éteignent, place à l’intro. Trois minutes plus tard retentit le thème de l’Agence Tous Risques et font une entrée en scène superhéroïque, non pas Mister T, mais les musiciens, cagoulés et costumés comme des lutteurs masqués, s’échauffant, s’étirant, et incitant le public à faire de même. Main gauche sur la hanche, bras droit par-dessus la tête, et on tire à gauche ! Ok, ça suffit, en place, et passons aux choses sérieuses. Peaches débarque sur scène, déterminée à nous en faire voir de toutes les couleurs. La première étant le rose de son premier costume : autant dire qu’on a l’impression de voir un gros bonbon avec des jambes. Et le bonbon entame le concert avec “Show Stopper”. Elle s’effeuille au fil des titres, partageant avec nous sa collection de bodys et d’accessoires improbables. Elle n’est pas la seule à se déshabiller : Saskia, la guitariste de Sweet Machine enlève une couche et nous fait part, dans une tenue terriblement sexy, de sa plastique de rêve (même moi, hétéro confirmée, j’avais chaud). Dommage qu’il n’y ait que Peaches qui se mêle à la foule…
La part belle est faite au dernier album, presque intégralement joué. “Billionaire” est chanté en duo avec une image projetée, “Rock’n’roll” nous rappelle que la canadienne ne fait pas que de l’electro, “Shake Yer Dix” incite les mecs à remuer du bassin et les filles de la poitrine, Peaches nous fait promettre de continuer à l’aimer pour cent ans encore avec “Lose You”, elle joue les Führer avec “More” et des « Sieg heil » douteux, elle s’en prend à des naïades rendues aveugles par leur imposante chevelure sur “Talk To Me” et se pare d’un clitoris lumineux pour l’incontournable “Fuck The Pain Away”. Le tube “Kick It” pour le premier rappel : à défaut d’Iggy Pop, on a une perruque, il suffit de la coller sur le bassiste torse nu, et le tour est joué ! Enfin, on donne ce qui reste d’énergie sur le deuxième rappel et un “Set It” off en super accéléré. Peaches glisse, tombe, la fin de concert est sanglante et on est contents de ne pas être au premier rang du coup. Même quand on apprend que c’était du faux sang. Du faux sang pour une vraie grosse claque. On en redemande !
Photos © Llyrdwen