Nox Orae, vendredi

La Nox Orae est un festival fait à la main par une poignée d’amis passionnés de musique et désireux de faire jouer les groupes qu’ils adorent dans le plus beau parc de leur région. L’événement est de taille modeste mais offre en revanche la possibilité d’apprécier des artistes de choix en toute intimité. Le critère de sélection est essentiel : il s’agit de musiciens au meilleur de leur forme, avec un succès critique et spécialisé plus que commercial.

Ainsi, la tempête aux allures de tornade qui a fait rage l’an dernier a obligé les organisateurs à évacuer le public et a annulé deux têtes d’affiche remarquables et attendues : Bombino et Junip, le groupe de rock du songwriter José Gonzalez. Pour la cuvée 2014, la Nox Orae a tenté sa chance : aucun malheur ne saurait arriver deux fois de suite. Le festival a réussi à monter une programmation de rêve : un exploit pour un événement de ces proportions. La cinquième édition de la Nox fut un succès, il y a eu à peine une averse très brève pendant le premier soir.

Alors, le festival démarra cette fois-ci sans problèmes le vendredi 29 août au Parc Roussy, à la Tour-de-Peilz. Les fribourgeois de Kassette furent chargés d’ouvrir les feux avec un rock abrasif et lourd qui contraste avec des performances d’années précédentes. En effet, le groupe dirigé par Laure Bétris était plus anguleux, avec un son qui faisait penser à Shellac, PJ Harvey ou Shannon Wright, il y a quelque temps. Par contre, le son du quatuor présent à la Nox Orae était riche en distorsion, plus grave et plus épais. Celui-ci faisait penser plus à Babes in Toyland et Melvins : enragé et au poids pachydermique. Bétris a fait preuve d’être une compositrice et une interprète redoutable. 

The Unknown Mortal Orchestra est surtout connue dans le milieu à cause de sa production riche et soignée. Au long de deux albums, les nord-américains ont su déployer un concept sonore sophistiqué, digne des expérimentations en studio pendant les années 1960 et 1970. En live, leur musique est beaucoup plus sauvage et fait penser plus à Jimi Hendrix ou à Led Zeppelin qu’aux Beatles ou aux Beach Boys. Leur vision du psychédélisme dévoilée à la Nox Orae était acide et expansive, avec des solos de guitare interminables et des coupures de rythme qui faisaient penser au premiers Blur. Le chanteur de U.M.O. avait les cheveux bleus.

Ensuite, les Horrors, sans doute le groupe le plus connu de façon commerciale du festival, arrivèrent sur scène pour déployer leur pop chargée de synthés et de guitares éthérées, très nostalgique des années 1980 et 1990. Avec des références de la New Wave et du shoegaze, les anglais ont su faire l’honneur au passé glorieux de leur pays : The Cure, Primal Scream et The Stone Roses ont tous été convoqués à l’occasion. C’est une musique qui s’approche alors par ce côté-là, par les réminiscences de sons chéris qui ont bercé toute une jeunesse, par l’amour que l’on peut avoir pour cet héritage poétique, hallucinogène et romantique. Mention à part pour le bassiste, son jeu de scène était incroyable, il semblait flotter sur les nappes mélodiques des autres instruments et tournait sans arrêt sur lui-même.

La clôture parfaite pour cette journée de rêve arriva enfin avec The Oh Sees. Le sextet-devenu-trio n’était pourtant pas moins intense. En l’histoire de quelques secondes, un pogo furieux était déjà en place et des assistants se jetaient depuis la scène à travers de vaillants stage-divings qui suivirent tout le long de la performance des nord-américains. Le bruit que ces musiciens arrivent à faire juste en format Power Trio est juste impressionnant. Chaque élément y trouve sa place dans une cadence infernale aux allures punk et surf. Ça va vite…et ça défonce tout sur son passage. Celui-ci a été sans doute le show le plus épatant de la soirée : à en rester bouche bée face à autant d’énergie. Le batteur était fabuleux, au son sale et précis.

Ce premier soir de la Nox Orae a été donc une réussite totale. Le festival a eu une bonne assistance, le public est venu et il est resté malgré l’averse qui dura à peine une demi-heure. Surtout, le meilleur est que la soirée était organisée de telle façon qu’elle avançait de manière progressive, pour arriver au summum avec The Oh Sees. Une nuit impeccable.

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