No Age c’est rien de moins qu’un des derniers groupes qui donnent un sens au mot rock. Avec Weirdo Ripper puis Nouns, le duo avait déjà prouvé qu’il réussissait là où tous les autres échouaient : avoir un son noisy qui ne soit pas chiant, jouer un punk novateur, allier brutalité et intelligence, et faire surgir les mélodies à travers les riffs. Qui d’autres peut se targuer d’avoir été qualifié de noise tout en n’ayant écrit aucune chanson de plus de 4 minutes ? No Age, ça semble au premier regard limité : une batterie et une guitare. Mais au sein de cette structure réduite, le groupe réussit à exploser les possibilités du genre. Qu’on les compare deux secondes avec un autre duo, Japandroid, et l’intelligence profonde de Richard Randall et Dean Spunt n’apparaît que plus évidente en face de cette musique rébarbative qui cache son manque d’inventivité derrière un prétendu purisme. No Age font du rock, mais ils le font bien. Avec ce troisième album, on se demandait où le groupe s’était dirigé, en ces temps d’électronisation hégémonique. Dès la première chanson de Everything In Between, le quidam sera rassuré. Tout ce qui fait la qualité de No Age est là. « Life Prowler » s’annonce d’abord rugueuse avec son tapotement frénétique, puis devient presque pop quand une mélodie de guitare vient t

No Age

ROCK Le duo génial de Los
Angeles sort son troisième album et se réinvente pour la troisième fois.

No Age c’est rien de moins qu’un des derniers groupes qui
donnent un sens au mot rock. Avec Weirdo
Ripper
puis Nouns, le duo avait
déjà prouvé qu’il réussissait là où tous les autres échouaient : avoir un
son noisy qui ne soit pas chiant, jouer un punk novateur, allier brutalité et
intelligence, et faire surgir les mélodies à travers les riffs. Qui d’autres
peut se targuer d’avoir été qualifié de noise tout en n’ayant écrit aucune
chanson de plus de 4 minutes ? No Age, ça semble au premier regard
limité : une batterie et une guitare. Mais au sein de cette structure
réduite, le groupe réussit à exploser les possibilités du genre. Qu’on les
compare deux secondes avec un autre duo, Japandroid, et l’intelligence profonde
de Richard Randall et Dean Spunt n’apparaît que plus évidente en face de cette
musique rébarbative qui cache son manque d’inventivité derrière un prétendu
purisme. No Age font du rock, mais ils le font bien. Avec ce troisième album,
on se demandait où le groupe s’était dirigé, en ces temps d’électronisation
hégémonique. Dès la première chanson de Everything
In Between
, le quidam sera rassuré. Tout ce qui fait la qualité de No Age
est là. « Life Prowler » s’annonce d’abord rugueuse avec son
tapotement frénétique, puis devient presque pop quand une mélodie de guitare
vient transpercer ce rythme. Les paroles, simples comme l’évidence, « One
Time Is All I Need To Know My Job’s Complete » lancent définitivement la
chanson qui ressemble déjà à un classique, et qu’un refrain vient définitivement
transformer en véritable hymne. La batterie de Dean Spunt est à la fois hyper
précise et sauvage, la guitare de Richard Randall oscille entre ambiance
bruitiste et mélodie presque pop, et la voix de Spunt défriche dans un lieu
caché entre nonchalance et rage, mélange qui semble être en fait la définition
du punk même. Tout est donc là mais différemment. On sent un son plus clair,
presque indérock en comparaison des deux précédents albums. Une attitude
peut-être plus généreuse et plus aboutie qui se retrouve sur tout le long de Everything In Between, et qui se traduit
également par l’usage de sample dans la plupart des chansons, leur donnant une
profondeur supérieure.

Rageur et nonchalant

La séduction déjà commencée par la première chanson est
définitive à l’écoute de « Glitter » qui applique la même formule et
touche encore plus fort. Difficile de ne pas fermer les yeux quand retentit le
« I Want You Back
Underneath My Skin ». La suite ne connaitra pas de baisse de
régime. Tout le monde sera content. Il y a les chansons punk monstrueuses
(« Fever Dreaming » et son hurlement de guitare, « Shed And
Transcend), les chansons noisy à l’ambiance atmosphérique et mélancolique comme
du Deerhunter période Microcastle
mais en plus dur (« Dusted », « Positive Amputation »,
« Skinned »). Et au milieu de ces titres parfaits, surgissent des
traits de génie : « Sorts », son riff imparable, ses
« lalalala » jouissifs ; « Common Heat » une balade
nonchalante et sincère digne des Black Lips du début, voir de Violent Femmes. Everything In Between se finit sur
« Chem Trails » qui répète une dernière fois le miracle de mélanger
pop, punk, nonchalance, noise, mélodie, énergie sous une forme qui paraît
pourtant des plus simples. Et c’est bien ça le rock. Ce n’est pas taper fort, ou
jouer vite. C’est faire naître la mélodie au milieu du son rugueux des riffs et
des grosses caisses. Quiconque s’attend à entendre du punk ou du noise sera
surpris à l’écoute de Everything In
Between
car si le groupe reprend des éléments de ces deux genres c’est pour
les défaire à leur façon. No Age ne s’enferme pas dans un genre, ils ont un
style. Voilà ce qui fait tout la différence entre eux et la plupart des
groupes.

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