La preview annonçait un lundi 25 octobre frisquet, il fut glacial. La preview annonçait des concerts fiévreux, ils furent complètement malades.

No Age et Abe Vigoda au Romandie

REVIEW La preview annonçait
un lundi 25 octobre frisquet, il fut glacial. La preview annonçait des concerts
fiévreux, ils furent complètement malades.

 

Malades

Les attentes pour les concerts d’Abe Vigoda et No Age
étaient énormes. C’est en effet pas souvent qu’on a la possibilité d’écouter en
live deux des groupes incontournables de la scène musicale de Los Angeles. Les
attentes étaient énormes mais elles furent comblées. C’est d’abord Abe Vigoda
qui entre en scène face à un public qui les connaît peu. Le chanteur
guitariste, genre gros nounours à mèche, l’immense bassiste taciturne, le
batailleur sautillant et surtout le bavard au clavier, tout est réuni pour
faire d’Abe Vigoda un groupe sympathique, tout heureux de faire une tournée
européenne et de découvrir les joies touristiques (ah la cathédrale de Lausanne !).
Au niveau musicale, le concert vient confirmer ce qu’une première écoute du
dernier album ainsi qu’un concert l’an dernier à Los Angeles avait déjà
indiqué : les nouvelles chansons sont ce que le groupe a fait de mieux et
surtout ce qui sonne le mieux en concert. L’utilisation d’un synthé au son pop
sans être propre apporte une nouvelle dimension mélodique aux chansons d’Abe
Vigoda et préserve de la répétition, que l’on ressentait parfois sur les
premiers albums du groupe. Leur punk tropical se transforme alors en quelque
chose à l’hybridité jouissive. Un pote se plaignait en disant que c’était un
mélange bizarre entre du punk californien et une sorte de new wave. Ben
ouais ! C’est justement ça qu’est génial. Si la dernière mutation d’Abe
Vigoda laissait craindre à l’écoute du CD que l’énergie punk finisse par
souffrir de la nonchalance dandy, ce concert prouve qu’il n’en est rien. Le
groupe joue avec simplicité et aligne les titres démentiels où viennent
s’entrechoquer punk, guitare tropicale et synthés entrainants. Même les titres
des anciens opus s’en trouvent enrichis. « Sequins » qui lance la
soirée et « Trowing Shade » resteront sûrement les grands moments du
concert. Le public, du moins les premiers rangs, hoche de la tête et gesticule
de manière convaincue. Y en avait même un qui dansait au premier rang !

Puis place à du plus solide avec No Age. Commençons avec le
sale bouleau, comme ça c’est réglé : les projections présentes derrière le
groupe. C’est pas parce vous avez un pote qui s’ennuie en tournée, qu’il faut
le laisser utiliser sa nouvelle caméra. Des effets bidons, répétitifs et
énervants. Des images qui reprennent les plus gros clichés de la scène
californienne (des skateurs qui tombent, super !). Bon au moins
l’avantage, c’est que c’est des projections qui ne détournent pas l’attention
et le public peut se concentrer sur le son. De ce côté, c’est sûr que la
différence avec Abe Vigoda saute aux yeux. Autant ces derniers avaient un côté
brouillon et insouciant, autant le son de No Age est parfaitement réglé. Du
moins du côtés des deux principaux protagonistes : Randy Randall à la
guitare et Dean Spunt à la batterie, les deux jouent ensemble depuis pas mal de
temps et ça se sent. Le duo est maintenant complété pour les concerts d’un
troisième larron, qui s’occupe uniquement des sample. On a cru comprendre que
c’était parce que Dean Spunt en avait marre d’à la fois chanter, jouer de la
batterie et s’occuper de lancer les sample. On peut comprendre ça mais
malheureusement ça a comme conséquence qu’il y a un peu trop de bruit tout le
temps, la nouvelle recrue étant bien décidé à ne pas rester à se tourner les
pouces.

Imiter Dee Dee Ramone

A l’arrivée du groupe sur scène, le public est un peu
refroidi par le côté un peu méprisant de Dean Spunt, surtout en comparaison des
potaches Abe Vigoda. Mais tout est pardonné, tant No Age donne tout sur scène.
Le t-shirt de Dean est de plus en plus composé de sueur et de moins en moins de
tissu et Richard Randall balance sa guitare dans tous les sens et l’exhibe tel
un trophée. Rare sont ceux qui résistèrent à ce violent mélange de noise et de
mélodies presque indérock, qui fait tout le génie de No Age. Le groupe évite
tout autant les longs morceaux bruitistes ennuyeux que le côté rébarbatif et
limités des chansons rock. Le live joue également le rôle de révélateur. En
effet un aspect qu’on trouvait finalement moins présent sur leurs albums que le
noise ou l’indérock, surtout pour leur dernier opus, devient évident quand on
les entend en concert : No Age a un énorme background punk. L’énergie, la
rapidité et la hargne sont indubitablement là. Richard Randall va même jusqu’à
imiter Dee Dee Ramone en reprenant son 1-2-3-4 et sa posture jambes écartées. Bien
plus, le mec au premier rang qui hoche la tête a un insigne Black Flag sur sa
veste ; l’authenticité punk est assurée. « Fever Dreamin » était
déjà violente sur album, en live elle est juste monstrueuse. Les grandes
chansons de Everywhere in Between
sont au rendez-vous et sonnent encore plus hargneuse en live. « Life
Prowler », « Glitter » déchirent, la nonchalance de
« Common Heat » séduit et les anciens anthems comme
« Eraser » et surtout la démente « Sleeperhold » ne sont
pas oubliés. Un concert furieux qui laissera le public avec un mal de nuque et
les oreilles nettoyées.

Bref, pour moi, ce fut sans aucun doute une des meilleures
soirées qu’ait connues le Romandie, nouvelle version. Avec deux groupes qui
partagent le même background mais en font un usage totalement différent. Deux
groupes dont le son live a une identité différente de l’album. Une façon
parfaite de lancer cet automne plein de concerts et une saison alléchante du
côté du Romandie.

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