C’était sensé être la soirée hype du Montreux Jazz version 2009 : en ce mercredi 8 juillet au Miles Davis Hall, la programmation proposait toutefois une soirée trop éclectique pour être considérée comme tel.

MJF 2009

 

C’était sensé être la soirée hype du Montreux Jazz version 2009 : en ce mercredi 8 juillet au Miles Davis Hall, la programmation proposait toutefois une soirée trop éclectique pour être considérée comme telle. Certes, Bloc Party est un grand nom, mais, étymologiquement, a surpassé ce statut bancal de groupe à la mode pour s’établir sur la durée avec 3 albums et quelques EP jamais suffisants. Certes, Sébastien Schuller peut être assimilé à M83 ou Jay-Jay Johansson, mais son travail de fond n’est actuel que par un hasard quelconque. Reste We Have Band, le groupe le moins passionnant du plateau à première vue, qui est justement en pleine actualité. Un son actuel, très eighties pour ce trio londonien, beaucoup de boîtes à rythmes et de pads électroniques. James Murphy de LCD Soundsystem chantait ironiquement en 2003 déjà sur “Losing My Edge“ : « J’ai entendu dire que ton groupe a vendu ses guitares pour s’acheter des platines ». S’il suffisait de sonner actuel pour convaincre, un type comme Sébastien Schuller serait devenu vendeur de frittes dans son Alsace natale.

 

Avec ses deux albums HAPPINESS, sorti en 2005 et EVENFALL, tout juste dans les bacs, le français Sébastien Schuller ouvrait les feux hier soir dans un Miles Davis Hall plus respectueux qu’attendu. Seul pour enregistrer ses morceaux en studio, Schuller s’entoure d’un excellent groupe sur scène et donne une ampleur grandiose à ses compositions parfois trop intimistes pour toucher le plus grand nombre. On retiendra un “Wipping Willow“ de toute beauté, interminable pour mieux démontrer que la francophonie tient en Sébastien Schuller un autre artisan d’une pop soignée et passionnante, dans la lignée des français Syd Matters, des belges Girls In Hawaii et des suisses Soften.

 

 

We Have Band répétant leur gamme dans un électro rock qui peine à décoller malgré quelques bonnes idées, on en profitera pour grimper les multiples marches d’escaliers direction le prince des ténèbres, le grand Alice Cooper. Immanquable. Tout en se demandant comment il est possible d’être un fan sérieux du groupe, sans rire pendant les concerts et en croyant becs et ongles au spectacle proposé (pendaison, camisole de force, poignardage d’enfant etc), on se prend à s’enthousiasmer par l’énergie déployée et à chanter en chœur. Ici, point de shoegazing donc. C’est la grande heure du hard rock.

Une bière plus tard débutait déjà un Bloc Party au sommet de sa forme. Sans détours, Kele Okereke et sa bande ont reçu un véritable triomphe au terme d’un concert parfaitement maîtrisé, visitant le répertoire sans s’égarer dans les méandres de quelques morceaux faibles du groupe. Malgré une plus grande place offerte aux morceaux d’INTIMACY – actualité oblige, voilà la hype concernant le groupe sans doute – les 2 premiers albums seront idéalement compilés pour en garder certains titres surprenant, comme le très Gang of Four “Positive Tension“ (période SILENT ALARM), le tribal “The Prayer“ (période A WEEKEND IN THE CITY). Ils seront même joyeusement accouplés pour en faire un diptyque “Song For Clay (Diappear Here)“-“Banquet“ extatique.

 

 

Ici même en interview, le batteur Matt Tong nous parlait du son très travaillé du nouvel album, INTIMACY, et de la difficulté à le retranscrire en live. Pas de doute, on tient en Bloc Party un groupe non seulement à l’aise sur scène (un Kele Okereke ne tenant pas en place) mais aussi très doué. Il fallait entendre comment sonnaient des titres tels que “Ares“ ou “Mercury“ pour voir aussi le travail effectué en amont afin d’en faire des bombes scéniques. Seul petit regret : quand Bloc Party baisse le tempo, il a tendance à la complaisance et ne convainc pas vraiment. Pas encore ? Car à ce rythme-là, Bloc Party remplira vite les stades…
Photos : Daniel Balmat et Lionel Flusin pour le Montreux Jazz Festival

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