Mogwai

Mogwai est l’un de ces rares groupes à être un objet de culte tout en restant hors des canaux traditionnels de la célébrité. Depuis sa naissance en 1995, le combo écossais démocratise un post-rock poétique et techniciste, au risque de parfois passer pour une attraction de la gauche-caviar bien pensante de la musique, comme en témoigne sa programmation récente en tête d’affiche du Montreux-Jazz. Mais Mogwai n’a cure de ces élucubrations sociologico-journalistiques et la bête poursuit son bonhomme de chemin dans l’évolution, sans jamais afficher de velléités révolutionnaires. Confirmation avec leur 7ème album HARDCORE WILL NEVER DIE BUT YOU WILL, dont le titre vaut à lui seul le détour tout en confirmant l’inoxydable talent des écossais pour inventer des titres plutôt potaches.

 

Le combo écossais démocratise un post-rock poétique et techniciste, au risque de parfois passer pour une attraction de la gauche-caviar bien pensante

 

L’album débute dans un répertoire commun avec un "White Noise" au nom parfaitement calibré pour un morceau où le son et l’énergie croissent linéairement et se superposent dans une sorte de mille-feuilles musical, un art parfaitement maitrisé par Mogwai. Avec un synthé apaisant, le titre est serein et n’aboutit pas au paroxysme sonore et musical caractéristique du post-rock. L’évolution dans la musique de Mogwai se fait plutôt sentir dans "Mexican Grand Prix", un deuxième titre emprunt de sonorités éléctro aux relents de pop, comme le font des groupes comme Console, mais qui n’oublie néanmoins pas la superposition instrumentale mogwaienne, qui s’avère ici atmosphérique et planante. Cette ode au drapeau à damiers traduit aussi l’exceptionnelle capacité de Mogwai à mettre des mots sur les impressions que dégage l’écoute d’un morceau. Cette atmosphère électro se retrouve dans "George Square Thatcher Death Party" qui utilise aussi un vocodeur. "Rano Pano" effectue parfaitement la transition avec "Mexican Grand Prix" et les écossais nous rappellent subtilement qu’ils sont aussi les maîtres de prestations plus bruitistes où la distorsion de la basse et des guitares est plus rêche. On trouve ensuite un repos malsain à l’écoute de "Death Rays" et sa luminosité trompeuse, une plénitude qui se dégagera finalement de "Letters to the Metro". L’album se clôt sur des morceaux plus classiques de post-rock comme "How to be a Werewolf" ou  "You’re Lionel Richie" qui sont généreux sur la durée et parfaitement bien construits. Si le premier apparaît assez banal, le deuxième conclut magnifiquement bien l’album avec une excellente diversité de sons et d’ambiances. On notera encore "Music for a Forgotten Future (The Singing Mountain)", une longue aventure symphonique de 23 minutes faisant l’objet d’un disque bonus.

 

 

Après plusieurs écoutes, on se prend à bien aimer cet album qui alterne entre atmosphères planante ou mélancolique et passages beaucoup plus intenses et bruitistes. En outre, certains morceaux comme « Mexican Grand Prix » accéléreront le processus de démocratisation de Mogwai, ce qui n’est pas foncièrement une mauvaise nouvelle. En définitive, si qualifier un nouvel opus de Mogwai peut s’avérer être un travail d’apothicaire, tant la recherche de leurs (nombreuses) subtilités sonores est une tâche de longue haleine, voire chronophage, ce n’est cependant jamais une tâche veine. A force d’écouter et de réécouter ce HARDCORE WILL NEVER DIE BUT YOU WILL, on commence à faire corps avec une musique qui nous pénètre et nous transporte insidieusement : c’est ça la force du post-rock.

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