Kilbi Festival, vendredi

On commence par le groupe régional de l'étape : Hubeskyla. Entre shoegaze et stoner, le groupe instrumental prend une nouvelle direction ici en s'incluant les services d'un chanteur (ex-Velma) et d'un clavier. Le concept fonctionne à merveille et d'une base stoner leur musique prend une dimension plus psychédélique et complètement barrée – cela est certainement dû à l'étrange charisme du chanteur. Si vous allez au Paléo festival à voir le mardi eux aussi.

Après une chronique enthousiaste sur notre site de son dernier album BURN YOUR FIRE FOR NO WITNESS, l'on était curieux de voir ce que Angel Olsen allait donner sur scène. Le rendez-vous pris, la jeune femme a comblé nos attentes et a visiblement pris beaucoup de plaisir à venir sur cette scène où elle nous a emmenés dans son univers intime folk-country.

Petit arrêt sur la « toute petite » scène intérieure où nous avons été attirés par le gros son de la noise de Leon : mélangeant jazz, électro et noise pour nous faire bouger la tête au son de leur riffs bien énervés. Mais il est déjà l'heure de rejoindre la grande scène alors que la ténébreuse Nadine Shah s'installe derrière son piano.

Tout de suite le côté noir et dramaturgique de sa voix grave frappe : l'on est doucereusement attiré par la noirceur de l'abîme qu'elle nous évoque. Le côté par moment quelque peu carré des rythmiques est heureusement cassé par le lyrisme romantique qui émane de Nadine Shah, souvent comparée, à raison, à PJ Harvey ou à Nick Cave – la chanson “Runaway” en est la parfaite illustration ! A l'image d'ailleurs de ses autres artistes, elle dégage ce même charisme obscur.

Il est alors temps de rejoindre la lumière car le concert de Son Lux est sur le point de débuter. L'artiste new-yorkais s'est entouré pour sa tournée d’un batteur et d’un guitariste et nous a proposé un set chaleureux. Sa musique ambitieuse sur album passe très bien la rampe du live act et il nous offre plus qu'un DJ set.

Après ce set planant, autant le dire, l'atterrissage sur la grande scène pour aller écouter le noise rock psychédélique de Pond fut difficile. Le combo australien a tout donné à son public et une fois les secousses de l'atterrissage passé, on a pu apprécier les riffs accrocheurs de ce groupe pas vraiment comme les autres.

S'il fallait nommer un artiste qui soit à l'image du festival, c'est bien R. Steevie Moore. Aussi improbable que le festival lui-même. Un physique proche d'Oncle Jesse de « Shérif fais-moi peur ! », une voix aussi grave que celle de Barry White et une musique ayant traversé les âges et les différents supports (cassette, CD-R ou encore MP3). Et cela s'entend : c'est une espèce de capsule temporelle où l'on passe du folk américain à l'indie rock en passant par les années 80 tout en ayant un côté complètement barré et expérimental. Après cette rencontre du troisième type, voilà le moment tant attendu : le concert de Mogwai sur la grande scène.

On remarque l'imposante structure supportant les spots inspirée de la pochette du dernier album ainsi que d'autres éléments qui eux reprennent directement le logo. Malgré un très bon concert et une régie qui a su gérer le son Mogwai – je me souviens de la mélasse My Bloody Valentine ou par moment sur les Flaming Lips l'année dernière… – il y a comme un goût de déception ; celle de ne pas avoir été surpris. C'est peut-être de les avoir trop vus. Comme toujours, le groupe nous emmène dans son univers en reprenant d'anciens titres, ce qui fait toujours plaisir. Ils ont aussi joué deux titres du nouvel album et, comme je l'avais prévu lorsque j'ai chroniqué Rave Tapes, ”Remurdered” a été le point d'orgue de la soirée. Pour finir sur le traditionnel ”We are no here” comme ils le font depuis quelques années maintenant. Cela a néanmoins été un bon concert.

On l'aura compris, le Kilbi c'est la rencontre complètement improbable de différents styles de musique et Nisennenmondai en est encore l'exemple. Ce trio japonais de musique expérimentale pousse loin le concept de musique minimaliste répétitive. Surprenant à quel point on se laisse emmener et on se prend à s'imaginer au Burning Man, en plus modeste…

Ensuite c'est avec beaucoup d'intérêt et de curiosité que nous sommes allés écouter Goat. Et c'est une claque qui nous attendait. Le combo suédois se produit en costumes et masqué. Leur musique mélange guitares rock seventies, percussions tribales et world music. Bref, un bon exemple de fusion et on se laisse envoûter par ces deux prêtresses voodoo qui ne lâchent rien pour nous faire bouger et danser jusque tard dans la nuit. Vraiment une découverte.

Une soirée de vendredi qui s'est révélée très variée et riche en expériences diverses.

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