Jamait vs Balbino

 

Le versus entre ces deux noms n’a rien d’un ultime combat ou d’un déballage médiatique via la presse people. Ne nous rabaissons pas à cela.  Les deux chanteurs se respectent sans doute profondément. Ce versus est placé volontairement à titre de comparaison. Bien que presque 20 années séparent les deux bonhommes, il y a en effet quelques similitudes dans les profils artistiques et personnels.  D’abord ce sont deux Gueules. Balbino Medellin a une carrure de boxeur  voire de rappeur avec son look. Et pourtant derrière ces muscles, on découvre la sensibilité du poète… Yves Jamait a aussi une gueule, avec sa casquette de titi et ses histoires de bitures, il est un sacré personnage. Etant un peu plus âgé, on découvre un premier album de Jamait en 2001, DE VERRE EN VERS. Très bon disque, on se souvient du "Bar de l’Univers", écouté en boucle. Les années discographiques seront ensuite 2006, 2008 et 2011. Les deux chanteurs sortent leurs albums les mêmes années et connaissent des succès divers. Pour Balbino c’est "Gitan de Paname" qui le fera connaître, un titre énergique pour un album qui l’est tout autant. C’est néanmoins son deuxième album LE SOLEIL ET L’OUVRIER qui reste sans doute le plus abouti. L’énergie rock dès débuts s’est atténuée, Balbino devient plus chansonnier et s’éclate même avec de la musette (Les boîtes à Vielles) et des samples. Des textes prolétaires, une ambiance ouvrière, un petit chef d’œuvre de disque (Perpignan, Fille de Lille, Le Soleilet l'Ouvrier, J'attends l'hiver etc..) mais une reconnaissance médiatique plutôt moyenne.
De son côté, Jamait connaît les joies du disque d’or avec ses ventes de disques, un succès mérité pour se chanteur qui se place parmi les grands noms de la nouvelle scène française.

 

Les deux compères se retrouvent donc en 2011 avec respectivement leur 3ème et 4ème album. EVANGILES SAUVAGES pour Balbino et SAISON 4 pour Jamait. Balbino (qui a d’ailleurs enlevé son nom de famille pour n’être plus que Balbino) retourne à ses premières amours, à savoir un disque assez rock. Jamait continue dans sa lancée, sans prendre de gros risques, mais fait aussi sonner ses compos plus rock qu’auparavant.  Balbino dégage une certaine noirceur et tristesse, sans doute le spleen du poète, alors que Jamait reste plus léger et plus dansant. La voix de l’ouvrier pour Balbino, le temps qui passe pour Jamait…

Balbino, on l’a connu avec Sergent Garcia, Mano Solo ou encore Bernard Lavilliers. Sur EVANGILES SAUVAGES on le découvre avec Cali. "L’Estaca" un titre en espagnole, un des très bons passages de l’album. Yves Jamait a aussi eu de belles collaborations par le passé, Aldebert, certains musicos de la  scène française alternative (Mon Côté Punk, Tryo, La Rue Ketanou) et sur SAISON 4 on se surprend à l’entendre aux côtés de Zaz… "La Radio qui Chante", un titre assez pop-manouche relativement bien taillé pour les ondes. Zaz et Cali, deux artistes présents cet été au Paléo, on aurait préféré y voir Jamait et Balbino…

L’album d’Yves Jamait est bien torché, c’est clair, les mélodies sont là, elles vous chopent au passage, on ne peut difficilement les repousser et on se laisse happer dans le tourbillon musical de l’artiste. "Pauv’Pom’" "Gare au Train",  ou encore "C’est Beau les Filles" des morceaux en début d’album qui sont convaincants. Le chanteur explore divers genres au fil de l’album. On l’a dit un peu manouche sur "La Radio qui Chante", on le sent rock sur "C’est Beau Les Filles", on le découvre presque reggae sur "J’me Casse" et avec des atmosphères tango sur "Arrête". Deux-trois titres intimistes qui ne sont pas inintéressants sont à découvrir gentiment (La Cinquantaine, Même Sans Toi, Trier Des Cailloux). Dans l’ensemble un album plaisant et comme on l’a dit, dans la continuité de sa discographie.

Pour Balbino, soyons francs, on reste un peu sur notre faim. Son retour plus rock est tout à fait légitime, mais voilà, c’est très dur de faire mieux qu’avant… LE SOLEIL ET L’OUVRIER sonnait tellement juste du début à la fin, qu’on est un peu déçu d’EVANGILES SAUVAGES. Restons néanmoins positifs car quelques bons titres sont à mettre en exergue sur ce disque.  Le très rock et engagé "Plus Rien n’est Rouge" tape droit dans le cœur. Guitares envoyées, superbe texte, mélodies, tout ce qu’on aime. Un titre qui contrebalance avec le suivant "Ne Me Ressemble Pas", une sorte de "Pierrot" plus moderne, un peu reggae où Balbino se livre passablement. Beaucoup de nostalgie émane de ce disque (Une Belle Mort, Mec à l’Ancienne), on connaissait le Balbino engagé, on apprend à connaître le bonhomme.  Un faux méchant, fidèle à lui-même et à ses principes, attachés aux marginaux (Bukowski, Mesrine) et à ses racines. Un mec bien quoi !

 

 

Nous n’irons pas plus loin dans des descriptions et théories inutiles, à vous de découvrir ces albums et ces deux personnages, qui, nous l’espérons, vous auront convaincus.

 

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One comment

  1. ce bon vieux Jamait “de verre en verre je bois…” un artiste, un peu comme Mme Cachemaille.

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