Faire une chronique de ce nouvel album de Grizzly Bear se révèle aussi difficile que de jouer du flamenco à la guitare pour un lépreux en phase terminale tant on a peur de faire du tort à cet édifice d’ingéniosité et de sensibilité. A l’image de la pochette, Veckatimest est construit par d’infimes sonorités qui, associées, fondent un tout d’une grande beauté. Du baroque psychédélique en quelque sorte. Ce qui frappe au premier abord, c’est la complexité de cette musique que l’excellente production permet de rendre accessible. En effet, chaque ins

Grizzly Bear

Faire une chronique de ce nouvel album de Grizzly Bear se révèle aussi difficile que de jouer du flamenco à la guitare pour un lépreux en phase terminale tant on a peur de faire du tort à cet édifice d’ingéniosité et de sensibilité. A l’image de la pochette, VECKATIMEST est construit par d’infimes sonorités qui, associées, fondent un tout d’une grande beauté. Du baroque psychédélique en quelque sorte.  Ce qui frappe au premier abord, c’est la complexité de cette musique que l’excellente production permet de rendre accessible. En effet, chaque instrument joue des parties plutôt complexes qui sont admirablement recherchées, travaillées et précises. L’élaboration des voix, chantées par les deux chanteurs principaux, Ed Droste et Daniel Rossen – membre de Department of Eagles également -, est remarquablement réalisée. Les voix sonnent juste. Elles sont très travaillées sans franchir la limite de l’artificiel ou du maniérisme. Chaque chanson est un ensemble baroque et enchevêtré regorgeant de parties diverses. Elles donnent ainsi l’impression d’être un album à elles-mêmes, d’être une sorte d’aboutissement, comme un enfant diabolique, qui, après avoir lutté pendant des heures contre une confusion de câbles constrictors, hurle sa supériorité en haut de cette structure moléculaire, celle qu’on trouve parfois dans les parcs pour enfants aux abords des restoroutes français.

Les parties de batterie démontrent assez bien ce procédé. Alors que la plupart des batteurs se seraient contentés de ne jouer qu’un simple rythme pop standard avec, parfois, quelques fausses excentricités comme de petits roulements de cymbales joués avec des baguettes en mousse, le batteur de Grizzly Bear, Christopher Bear,  montre son intelligence en participant réellement à la construction rythmique complexe en jouant des rythmes plutôt atypiques. Il utilise, par exemple, beaucoup les roulements sur la caisse claire. De cette manière il devient un instrument à part entière et ne fait pas seulement office de stupide boîte à rythme.
 
Cet album demandera plusieurs écoutes avant de parvenir à cerner toutes les petits éléments qui forment cette construction complexe et polychrome. Il ne s’agit en aucun cas d’easy listening. A écouter lors de vos ébats amoureux homosexuels, au moment décisif où, pris d’une folie frénétique de patriotisme, vous hurlerez l’hymne national américain au travers des fesses de votre partenaire.

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