Green Day au Montreux Jazz Festival

Dans la carrière de quasiment chaque groupe, il y a un album qui marque un tournant important. Pour Green Day il s'agit sans conteste d'AMERICAN IDIOT, sorti en 2004. A cette époque, le groupe tourne depuis 15 ans et a déjà 6 albums à son actif dont le fameux DOOKIE, qui est considéré comme un album majeur des 90's. AMERICAN IDIOT marque donc la fin de l'adolescence du groupe (et la nôtre) pour les propulser directement dans l'âge adulte, leur ouvrant du même coup la porte des stades. Et l'on repense, avec un petit sourire en coin, à ce concert mémorable donné par les californiens en 2001 à Rock Oz'arènes, où la mise à feu de leurs instruments à la fin de "When I Come Around" annihilait du même coup tout espoir de rappel.

Mais comme nous sommes maintenant de fringants trentenaires, retour en 2013. 11 ans jour pour jour après leur rendez-vous manqué avec le Montreux Jazz, Green Day foule enfin les planches du Stravinski, il est 21h30. Premier constat : le public présent est d'âge varié. Ce qui confirme que même si le groupe a pris une trajectoire plus pop – et donc moins punk – depuis 2004, leurs fans de la première heure leur sont restés fidèles. Deuxième constat : la bande à Billie Joe Armstrong aime le spectacle et tout y passe : mascotte de lapin ivre pour chauffer (à blanc) l'audience, distribution de t-shirt (voire de guitare pour les plus chanceux), déguisements. A tel point que l'on se demande parfois si leur prestation ne serait pas plus à sa place sous un chapiteau de cirque.

Les premiers morceaux du set sont consacrés aux derniers albums du groupe et font s'époumoner les adolescentes d'aujourd'hui. Puis viennent "Letterbomb", "Holiday" et "Boulevard of Broken Dreams" (tirés d'AMERICAN IDIOT) qui mettent tout le monde d'accord. Une petite balade avec "Wake Me Up When September Ends" pour reprendre son souffle avant d'entamer un prodigieux stage diving dans les 90's. Les californiens enchaînent ensuite tous leur hits old school (avec dans le désordre "Basket Case", "When I Come Around", "Burnout", "Longview" et on en oublie) qui feront se dandiner les adolescents d'hier. "King for a Day", sorte de caricature ska, sonne la fin du moment de grâce et tourne carrément à la mascarade lorsque les musiciens sortent les chapeaux pointus, ambiance nouvel-an garanti ! Si l'on ose un reproche à ce stade, il concernera la propension du groupe à rendre certains morceaux interminables. Sur plusieurs titres, Billie Joe, s'amuse à faire chanter le public, change les paroles ou intègre des medley. Au point, d'en avoir oublié quel morceau on écoutait lorsque celui-ci reprend ! Même le cultissime "Minority" perd sacrément de son mordant une foi passé à la moulinette, et c'est sur cette déception que le set se conclut. Les rappels nous ramènent logiquement vers AMERICAN IDIOT, avant de finir sur une note apaisée avec la balade blues "Brutal Love".

Que retenir de ces 2 heures 15 de concert au Stravinski ? Qu'une fois encore, et même si le prix à payer paraîtra élevé à certains, les organisateurs du Montreux Jazz Festival ont offert au public un groupe culte dans une enceinte à taille humaine. Qu'effectivement le Green Day de 2013 n'est plus celui de 2002, mais qu'a l'énergie punk de leurs 20 ans a succédé une générosité sans faille envers son publique. Et surtout, qu'aujourd'hui c'est lundi, et que nous non plus, on n'a a plus 20 ans…

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