Gojira

 

Tout d’abord, à un concert de metal on s’attend à être entourés de chevelus. Difficile donc de se faire une place lorsqu’on a un léger déficit capilaire. Que nenni. La pilosité moyenne ce soir là, à Blois, n’excédait pas les 20cm. Correct donc. La deuxième particularité dans ce genre de soirée, c’est l’âge des spectateurs, la normale voudrait que seuls les 15/25 ans se ruent devant la scène. Encore une fausse idée ! Nous étions intercalés entre un jeunot de 14 ans, accompagné de son père, juste devant des quinquagénaires qui, avant le concert, refaisaient toute la bio de Slayer. Comme quoi.

Le troisième lieu commun, c’est le look excentrique que pourraient afficher certains. Certes, il n’y a pas que des enfants de choeur en soutane, mais à chaque genre musical son style vestimentaire, et pas sûr que certains rappeurs en pyjama ou d’autres chanteurs aux tenues androgynes passent plus inaperçus. Il reste encore un cliché à briser, c’est certainement la brutalité ambiante à laquelle on peut s’attendre. A ce niveau là, on parle plutôt de bestialité. Par pour le côté violent. Dès ses premiers pas dans la salle, le métalleux redevient l’Homme dans son état le plus primaire, se déplaçant sans but précis le temps que le concert commence et ne communiquant plus que par des sons issus du plus profond de son gosier.

 

 

Pour chauffer la salle, deux groupes se sont succédés. D’abord Klone, un groupe de heavy-metal poitevin qui ne tarde pas à réveiller un Chato’do qui peine à se remplir. Une bonne mise en appétit. La salle se remplit un peu plus. Viennent ensuite les gars de Trepalium. On monte en décibels. Le chanteur s’égosille en balançant dans le même temps ses dreadlocks dans tous les sens, on est vite pris par le rythme. Le Chato’do est plein à craquer, une excellente nouvelle pour un mardi soir à Blois ! Joe Duplantier et ses acolytes arrivent enfin sur scène pour défendre leur nouvel album (L’ENFANT SAUVAGE). Dès les premiers riffs, le public entre dans un état second, comme hypnotisé par la rythmique des guitares. Dès les premiers coups de baguette, c’est l’hystérie générale. D’ailleurs, il n’y a que des initiés ce soir et ça se voit. Chacun se retrouve sur les classiques comme "Oroborus" (THE WAY OF ALL FLESH), "The Haviest Matter of The Universe" et "Backbone" (FROM MARS TO SIRIUS), mais également sur les nouveaux morceaux, comme "The Gift of Guilt" ou "L’enfant Sauvage" issus du dernier album.

 

 

On ne saura jamais si c’est leur signature chez Roadrunner Records qui leur donne une dimension supplémentaire sur scène,  mais il faut dire que Gojira, c’est un vrai show à l’américaine. Les quatre garçons s’agitent aux quatre coins de la scène ; Mario Duplantier, torse nu tout au long du concert, échange ses baguettes contre la guitare de Joe le temps d’un morceau, juste avant de se permettre un solo de batterie ; le logo du dernier album est taillé dans un panneau de bois géant sur lequel sont projetées des vidéos, la soirée passe vite, très vite. La différence majeure entre Gojira et un groupe de metal lambda, c’est la prestance de Joe Duplantier. D’ordinaire, les chanteurs communiquent avec le public de la même façon qu’ils chantent : en beuglant. Sauf qu’avec Gojira, on a droit à la voix tranquille et posée de Joe, effaçant le côté puissant et bestial de leur musique, et donnant l’impression que ces gars là sont avant tout des artistes et non pas de simples balourds écervelés. Impression confirmée après le concert puisque les quatre membres reviennent sur scène serrer des pognes et donner des médiators aux ados du premier rang bien fatigués après avoir headbangué toute la soirée. Des braves types.

 

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