Florence And The Machine n'a rien d'emo comme pourrait le suggérer la pochette de l'album. Elle ne fait non plus pas dans la métallurgie. Elle vient juste de sortir le disque euphorique de l'année.

Florence And The Machine

Florence And The Machine n’a rien d’emo comme pourrait le suggérer la pochette de l’album. Elle ne fait non plus pas dans la métallurgie. Elle vient juste de sortir le disque euphorique de l’année.

 

On sentait le truc venir. Mais on n’a pu contrer le coup de patte subtile de Florence Welch. Sorti l’an passé mais véritablement médiatisé cet hiver, le single “Kiss With A Fist” introduisait, on le pensait négligemment, une sorte de KT Tunstall sous speed ayant certains comptes à régler. Et puis est arrivé le rocamboleque “Dog Days Are Over” et on s’est intéressé à cette surprenante demoiselle. Avant de devenir Florence tout simplement, elle a pris à part, bourrée, son futur manager pour lui chanter dans des toilettes d’un club un morceau d’Etta James. Son nom ? Mairead Nash, la moitié des DJs Queens of Noize. Des petites histoires de ce genre, il en déborde. On pourrait en écrire un livre. Florence préfère elle laisser parler la poudre, en brûlant les étapes. C’est qu’avec son premier LP dans son sac à malices, elle a de quoi être impatiente.

 

On dirait la petite soeur espiègle de Patrick Watson

Le bridge de “Dog Days Are Over” laisse apparaître une chanteuse avec des capacités vocales et lyriques proches de Kate Bush. Rien que ça. Cela dit, il est vrai qu’à première vue on retient plus facilement le coup des mélodies accrocheuses, des refrains irrésistibles, bien à l’anglaise que les capacités réelles d’interprètes de Florence Welch. Son album est taillé pour les stades avec une instrumentation rivalisant avec les envies de gigantisme de Glasvegas. Reste que si l’on vous en parle, c’est qu’elle n’est pas un avatar de La Roux ou Katie Perry. Non, tout simplement car sa musique recherche des harmonies, a toujours le bon goût d’être nuancé tout en se tapant la tête devant de tels refrains. “I’m Not Calling You A Liar” étaye ces propos pour un début bon enfant, joué tambourin et claquement de mains avant d’accueillir un piano et des choeurs sobres prêts à porter Florence vers des hauteurs rarement atteintes aujourd’hui. On dirait la petite soeur espiègle de Patrick Watson. Pas mal pour un artiste étiquetté “grand public”. Dans la précipitation, n’oublions tout de même pas le sophistiqué “Rabbit Heart (Raise It Up)” et son fère jumeau, “Howl”, plus calibrés FM mais injectant leur dose de bon goût en gardant un refrain épique. Un petit peu moins personnel tout de même…Dans cette phase plus légère, c’est sans surprise mais plutôt avec une grande excitation qu’on retrouve “Kiss With A Fist” où le morceau prend une tournure bienvenue du haut de ses 2 minutes 04. Presque punk, si ce n’est cette production un peu trop proprette pour convaincre l’intelligentsia à crête. On connaît tout de mêmes certaines reines du R&B récent, à l’affut des modes du moment, qui donneraient cher pour sonner aussi rock.

 

 

D’autant plus qu’il y a ce très bluesy “Girl With One Eye” où Florence Welch se prendrait presque pour PJ Harvey. Il manque les crocs mais pas le plaisir vicieux de l’écouter. Ce bonheur coupable va jusqu’au moment où elle arrive à nous caser encore une fois un refrain à faire chanceler Bono et cie. Mais comment fait-elle?  “Between Two Lungs” procède de nouveau en une belle et lancinante ascention vers des sommets lyriques, là où sa voix s’y complait, comme si elle était née pour chanter. Aidée de quelques choeurs, elle rivalise presque avec les performances enthousiastes des grands Arcade Fire. Le tableau d’ensemble de LUNGS serait idylique s’il n’avait pas quelques longueurs en fin d’album, à trop vouloir être généreuse dans l’effort. Florence And The Machine aurait pu nous offrire huit ou neuf titres de la valeur de ceux-ci qu’on aurait signé immédiatement.

 

Comme si elle était née pour chanter

 

On pourrait l’étiquetter comme artiste schizophrène, changeant de styles comme ses multiples robes trahissant une diva en puissance. Elle ne ferme aucunes barrières devant son approche musicale là où Morrissey avait échoué: réunir mainstream et underground avec des morceaux sincères, courageux et vrais. Certes, elle n’y est pas encore, mais son premier album, à la production énorme, appelle à d’autres méfaits authentiquement splendides. Petite reine en Grande Bretagne, elle ne fera qu’une bouchée de l’Europe. Pour les Etats-Unis en revanche, le doute reste permis…

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One comment

  1. j’aime beaucoup votre critique j’apprécie les comparaison faite mais je trouve le contenue pas assez profond pour l’artiste quel ait

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