Explosions in the Sky & David Wingo

L’histoire est belle puisqu’elle retrace les péripéties de deux ouvriers qui construisent une autoroute pendant l’été 1988. Ces deux hommes vont connaître ensemble des péripéties inattendues au milieu des grands espaces qu’ils conquièrent, mais aussi avec leurs camarades. C’est en tout cas ce que nous propose de découvrir ce « Prince Avalanche » de David Gordon Green. Fait remarquable qui soutient cette belle histoire : la bande son a été enregistrée dans le salon de chaque compositeur pour respecter l’esprit des films indépendants.

C’est ainsi que l’on s’attend à ce que cette B.O. nous délivre quelque chose de très authentique, de très émotionnel. Ce qui est le cas puisque le résultat, tantôt minimaliste, tantôt explosif, nous emporte dans un tourbillon de couleurs et d’émotions avec des titres saisissants et surtout… très courts ! Car il faut le savoir, les cinq hommes ont un parti pris commun : hormis quelques titres d’une durée standard, les trois quarts de l’album (et même un peu plus) sont un composite de titres qui dépassent rarement les deux minutes.

Quoique la durée de ces titres paraisse un peu maigre, le résultat, compensé par un nombre de titres important (quinze) est fort probant et s’inscrit dans une stratégie artistique pertinente. Comme les cinq hommes aiment à le dire eux-mêmes : « Tout comme le film, la bande assemble des dizaines de petits moments de brillance sincère dans un ensemble émotionnellement résonant beaucoup plus large que ses racines intimes pourrait l’impliquer ».

Comprenez par la que le groupe atteint une forme de résonance émotionnelle forte entre le film et sa musique. Au travers de petites pièces, le combo capte des instants purs d’humanité tirés du film qui ressortent sur l’album et font de ces titres quoique courts, des objets musicaux denses et intenses que la durée ne prétérite pas, bien au contraire. Ces morceaux sont en effet tellement profonds qu’il est très judicieux alors de ne pas les prolonger pour garder cette forme d’essentialité pure.

Ainsi, des titres comme "Fires" ou "Dear Madison" qui alternent entre bruits de battements d’ailes, atmosphère planante, filets d’électro mais aussi orchestration minimaliste, nous emportent littéralement. S’y joignent de fait pour le coup hautbois, piano et guitare sèche, le tout sur des durées très courtes mais enchanteresses. De manière globale, comme c’est le cas pour d’autres titres comme "Rain" ou encore "Wading" on entre dans un monde de joie, de sérénité et de tranquillité sauvage mais aussi relevé d’un peu d’amertume et de mélancolie.

A l’inverse, d’autres titres, plus longs et plus épiques, constituent en soi une explosion de joie et procurent un sentiment de liberté exaltée. Ainsi le très bon "Alone Time" de 4 minutes 29 qui contraste avec le reste de l’album et marque un moment paroxystique du film. Vrombissement léger, arpège de guitare sèche qui monte, percussion discrète et voix samplées ouvrent un univers majestueux et hypnotique auquel s’ajoute encore un piano qui tient le rôle de soliste et donne une touche fantasmagorique à l’ensemble relevé de sonorités « zen » et évanescentes.

Au final donc, une réalisation artistique poignante et légère qui nous envole pendant 45 minutes qui paraissent une éternité délicieuse. En tant qu’objet musical, cette B.O. tient pleinement la route puisque elle nous raconte une histoire où l’on rencontre tant les grands espaces que l’intimité de certains homme dans ces moments de liberté totale. C’est que, comme nous l’avons dit, cette bande son qui a sa propre autonomie, colle aussi très bien au film et nous emmène dans leur univers à la fois lumineux et nostalgique : loin de la maison et de leurs femmes, les deux compères expérimentent le voyage mais aussi le manque de ceux qu’ils aiment. Un objet ainsi authentique et sublime qu’il faut se procurer pour qui aime ce genre d’escapade.

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