Sur ce WOLRD WIDE REBEL SONGS, The Nightwatchman est accompagné du Freedom Fighter Orchestra (des gars également actifs dans le Street Sweeper Social Club, l’autre projet de Morello) et se détache largement de la folk acoustique de ses deux premiers albums pour jeter un pont avec le son d’Audioslave, voire de RATM. A la première écoute, cet opus apparaît alors plus accessible que ses deux prédécesseurs, un constat paradoxal puisque Morello avait justement choisi d’opter pour un label indépendant, au détriment de Sony, afin de protester contre un pop-rock « polishé » à la « American Idol ». Ce constat se limite bien évidemment au niveau du son car en ce qui concerne les textes tout y passe : impérialisme, colonialisme, inégalités, militarisme, finance, etc.
WORLD WIDE REBEL SONGS est ainsi une invitation universelle, et par moment joviale, à la rébellion voire à la révolution, on en veut pour preuve le titre éponyme de l’album qui ferait presque penser à une Internationale socialiste de saloon. Après quelques visites de ce disque, on constate que les ambiances et les sons sont bigarrés, ce que certains interpréteront comme un manque de ligne directrice mais que nous considérons comme une diversité bienvenue. Ainsi, à l’écoute du disque, on a simultanément l’impression d’être dans un saloon, dans un cabaret, autour d’un feu en Alaska ou au volant d’une vieille américaine dans le désert. A titre d’exemple, si Tom Morello ressort dans "It Begins Tonight" les sonorités et le petit solo de l’époque, le mélancolique et magnifique "The Whirlwind" est plus apaisant tout en étant tout aussi enragé. C’est ça WOLRD WIDE REBEL SONGS, un voyage musical dans tout et son contraire avec la révolte comme cohérence d’ensemble.
En fait, tout vaut la peine sur cet album, à l’exemple d’un "Black Spartacus Heart Attack" introductif plutôt springsteenien ou du désertique "The Dogs of Tijuana". On retrouve régulièrement une ambiance saloon-folies bergères avec piano et choristes comme sur "Speak and Make Ligntning", "Stray Bullets" et, nous disions, le titre éponyme. The Nightwatchman fait également référence à ses deux premiers albums avec "The Fifth Horseman of the Apocalypse", "Branding Iron" ou "God Help us all", des morceaux calmes à l’extérieur mais bouillonnants à l’intérieur. Il invite même des copains, comme Ben Harper sur "Save the Hammer for the Man". On notera encore le rythme obsédant et entêtant de "Facing Mount Kenya".
Avec ce WOLRD WIDE REBEL SONGS, Tom Morello nous invite ainsi à l’opposition d’un capitalisme débridé de manière presque festive voire fanfaronne. Il arrive à mobiliser magnifiquement des sons traditionnels pour formuler une critique moderne de la manière dont va notre monde. En ces moments troubles, the Nightwatchman sort donc à nouveau du bois pour dénoncer moult injustices et garder à l’œil les grands de ce monde, alors écoutons-le ou découvrons-le joyeusement, en particulier lorsque le reste du paysage musical apparaît assez lisse.