L’édition 2023 touche à sa fin et il est temps pour nous d’en dresser le bilan. Nous pourrions focaliser notre attention sur le concert de clôture et ne parler que de ça, mais ça ne serait pas totalement honnête de notre part tant ces trois jours étaient positifs. D’ailleurs, nous parlons de trois jours car la programmation du jeudi n’étant pas vraiment dans nos courants musicaux de prédilection, nous avons fait l’impasse sur l’ouverture du festival.
Nous nous rappelons de l’année passée, avec une bronca des festivaliers et journalistes suite à la mise en place de nouveaux billets “Primary” et “Garden”, des sortes de super-billets permettant d’être mieux placé sur le main stage et d’aller faire pipi au même endroit que les gars de France Inter. L’organisation de Rock en Seine semble avoir retenu la leçon puisque ces deux offres étaient à nouveau en vente, mais l’espace réservé devant la grande scène était largement revisité. Plus de moitié de foule vide pendant les concerts de l’après midi, la zone était mise un poil sur le côté, c’était plutôt intelligemment remanié. L’espace VIP/presse était encore envahi cette année mais on fini par s’habituer/se résigner.
Notre première claque dans la tronche arrive vite, les américains de Turnstile débarquent sur la scène de la cascade un peu après 16h. Quand je parle de claque c’est sûrement trop faible pour décrire ce que dégagent Brendan Yates et sa bande. Il faut dire que depuis la sortie de “Glow On” en 2021, leur dernière galette en date, nous avons pu nous chauffer sur bon nombre de pépites toutes aussi explosives que les autres. C’était donc promesse tenue avec ce show de quarante minutes qui nous aura fait perdre au minimum deux litres de sueur. Pas le temps de se poser deux secondes, de “Mystery” à “Holiday” en passant par “T.L.C.“, le public enchaine les circle pits et les pogos, voilà du punk comme on l’aime : tranchant, furtif et foudroyant. A noter une des premières apparitions de Meg Mills, nouvelle venue dans le groupe, et la venue furtive de Julian Baker (Boygenius) sur “Underwater Boi“. Le concert se termine à peine que nous avons déjà la sensation satisfaction d’un Rock en Seine réussi. Turnstile, reviens quand tu veux en France nous mettre des tartes comme ça.
Pour retomber un peu, direction la scène Firestone avec l’arrivée de Premier Métro. On change radicalement de catégorie, mais ce n’est pas pour nous déplaire. Leur pop fait mouche et ne tarde pas à nous faire remuer des genoux. Musicalement bien foutues, leurs compos flirtent avec la new wave sont clairement taillées pour la bande FM ; on verrait bien quelques programmateurs bien inspirés de diffuser plus de groupes comme ces parisiens (bah ouais, les types s’appellent Premier Métro, fallait pas s’attendre à des mecs qui viennent du fin fond du Gers). Morceau préféré du set, le “tube” du groupe : “La Nuit“.
Tout s’enchaine très vite ce vendredi avec déjà Viagra Boys sur la scène de la cascade. Si vous n’êtes pas familiers du groupe, imaginez un californien torse poil recouvert à 95% de tatouages en tous genres, clope au bec et avec le bide de tonton Bernard, à la tête d’un groupe de post-punk suédois. Sur scène ça donne quelque chose de lourd et gras qui résonne aux quatre coins du Domaine de Saint Cloud. Sebastian Murphy n’hésite pas à haranguer de sa voix rocailleuse le public amassé jusqu’aux abords des allées. Entre deux gorgées de binche crachées, le frontman joue les maitres d’orchestres d’un groupe finalement surprenant, puisqu’on assiste même à une battle entre le sax’ de Oskar Carls et la guitare de Linus Hillborg. Un bon gros bordel ultra jouissif.
Ce vendredi est décidément la journée de la torgnole. Retour sur la scène Firestone avec encore du petit frenchy, mais cette fois c’est Pogo Car Crash Control qui prend possession de la plus petite scène du festival (hormis celle de l’Ile de France, dédiée aux jeunes talents). Choix forcé ou choix assumé ? Le groupe nous indique rapidement avoir voulu absolument être ici, pour être plus proche du public. En tout cas c’est une bonne stratégie puisque pendant que Christine and The Queens fait le show sur la grande scène, le quatuor balance son punk nerveux pendant 45 minutes et surtout devant des festivaliers bien inspirés d’avoir séché le main event. Rock en Seine est clairement divisé : d’un côté les fans de “Chris”, de l’autre des aficionados de wall of death et de slam sur les foules. Le groupe nous invite après chaque morceau à faire des doigts, parce qu’après tout, ça fait du bien. C’était foutraque, c’était brut, c’était bon putain !
On termine ce vendredi avec le gros nom, la tête d’affiche de la journée : Placebo. Et pour une première c’était… spécial. Bon déjà il faut qu’on te dise un truc Brian, ton look à la D’Artagnan ça ne va pas du tout. Tu n’as pas un visage à moustache, il faut te faire une raison. On aime Placebo, ce n’est pas le problème, mais est-ce un choix judicieux pour clôturer une série de concerts aussi explosifs ? Un poil plus d’une heure et demi de best-of, un chouïa plan-plan, avec quelques électrochocs sur “The Bitter End” et “Shout” en reprise de Tears For Fears. Un peu léger pour l’évènement de la soirée. On imagine tout même des fans conquis, c’est beau l’amour.
Crédit photos : Victor Picon, Olivier Hoffschir, Louis Scomar.