Cet album, troisième opus de l'artiste multi-instrumentiste, a le privilège d'être percutant et étrange tout en restant atteignable et facile à l'écoute. En somme, on se retrouve face à un luxe qui saurait se rendre populaire. Une nouvelle esthétique musicale mise à la portée de toutes les oreilles.
Les premières notes nous transposent dans un espace intergalactique. On a l'impression d'être explorateur de terres encore vierges. La pop musique en perd ses repères et prend même des airs d'opéra d'un nouveau genre. On se sent comme si on enchaînait des brasses dans de l'ouate, un velouté au toucher, quintessence de la maîtrise musicale du traitement sonore et de son orchestration. Ce ressenti harmonieux est amplifié par la place centrale accordée à la mélodie. La voix sensuelle et susurrée nous fait voltiger au fil des neuf morceaux de composition symphonique. Dans cet univers atmosphérique, explosent alors des sensations: grandiloquence, conquête, majestuosité, odyssée, baroque, apaisement, volupté …
Devant tant de mélanges sonores structurels, il est bien vrai que l'on se retrouve parfois un peu perdu. Comme si on changeait de dimension et de perception à l'infini. Mais cette forte sollicitation des sens est parfois un peu pesante car très soutenue, ce qui laisse peu l'esprit vagabonder, car il rebondit sans cesse.
Produit par le label Anticon, laboratoire californien légendaire du hip hop alternatif, Son Lux tente une expérimentation osée. Et le culot maîtrisé ça paie! Ceci est brillamment illustré par le refrain d"Alternate World", qui prend des allures de leitmotiv :
" Make what we believe, don’t we make what we can” (faisons ce en quoi nous croyons, ne faisons pas ce que nous pouvons).