Surfant sur la vague de l’electro des années quatre-vingt dont nous sommes abreuvés depuis -entre autres- le succès du film Drive et son excellente bande-originale, NUIT DE REVE pourrait sembler superflu. Au contraire. Le talent et la valeur de Scratch Massive n’est plus à prouver, puisque Maud Geffray et Sébastien Chenut font danser les bobos du monde entier depuis une dizaine d’année. Passant d’un beat hip-hop/dupsteb chaloupé ("Waiting For A Sign") à un gimmick très New Order ("Break Away"), Scratch Massive condense l’essence de la nuit dans son disque.
C’est justement ce qu’on pourra reprocher à ce disque. Ni avant-gardiste, ni radical, NUIT DE REVE s’écoute, s’apprécie et se danse. Il a l’avantage de pouvoir séduire les néophytes comme les plus connaisseurs, puisque chacun y retrouvera ce qui lui plait. Un son Paul Kalkbrenner sur "Paris", du Kavinski sur "Golden Dreams" et le fantôme de New Order hantant "Break Away" ou celui de Gainsbourg période "Love On The Beat" sur le morceau épon yme. Mais surtout, l’album en est véritablement un : les morceaux sont pensés comme des morceaux, et non comme une suite de mixtapes indigestes. On y retrouve des mélodies, des voix, des refrains, qui ne destinent ainsi pas uniquement l’album à une écoute en boîte, mais pourquoi pas chez soi, seul -ou non, puisqu’il s’appelle "Nuit de Rêve"-
D’ailleurs, on pourrait imaginer qu’en se nommant NUIT DE REVE, le dernier Scratch Massive est fait de chansons légères et dansantes. Loin de là. On s’approche plutôt du cauchemar, tant les morceaux sont noirs, lourds et torturés, comme un film de David Lynch. Scratch Massive prend l’aspect le plus glacial de la Cold Wave, et dans un équilibrisme surprenant, parvient à ne jamais tomber dans le grotesque. La bande-son idéale de vos nuits les plus tourmentées.