Une nouvelle facette de cet homme à longue barbe transparait dans ces mots. Il y a quelque chose de différent dans ce troisième album qui est palpable dès la première écoute. Scott Matthew semble avoir fait la paix avec lui-même : il est plus assuré, plus créatif et a compris qu’il avait le droit de vivre selon ce « way of life » qu’il a choisi, quelque peu marginal pour les mentalités les plus conservatrices. Il est à présent temps d’en faire l’éloge dans sa musique, à la façon réservée qui est la sienne.
Dans ses compositions, la douleur et les craintes deviennent musique. Sa voix peut être mélancolique, elle n’est jamais pleurnicharde. Il dévoile ce qu’il a de plus intime, avec simplicité et élégance. Il invite celui qui l’écoute à prendre part, à participer (à devenir une partie ?). Ballades rêveuses, folk onirique ou habitée, Scott Matthew est doté d’une voix hors du commun, puissante, chaude et modulable à l’envie. Un univers proche de celui de Sufjan Stevens ou de N*Grandjean.
Dans l’ensemble, GALLANTRY'S FAVORITE SON est plus ouvert et encore plus varié que les deux opus précédents. Ici, le new-yorkais d’adoption prend la trompette, fait surgir des voix du lointain et nous offre des morceaux tels que "Felicity", "No Place Called Hell" ou "The Wonder of Falling in Love", tous porteur d’une légèreté nouvelle. Mais tout ceci ne change rien au message qui est resté le même. Les sujets qui inspirent Scott Matthew sont les tragédies qu’il a vécues et auxquelles il a survécues, comme la souffrance due à une rupture, la solitude et l’intolérance.
Un nouveau foyer apaisant
Enfin, il y a toujours ces instants suspendus durant lesquels il est quasiment impossible de ne pas avoir la chair de poule. L’australien utilise son art comme canalisateur. « It’s taken this song to expel the dirt » (Il aura fallu cette chanson pour expulser la saleté), chante-t-il a mi-voix dans "True String", et offre ainsi aux douleurs qui ravagent son âme (et peut-être la nôtre) un nouveau foyer apaisant : la musique.