Damien Saez est vraiment un artiste hors norme et atypique. Ses choix discographiques arriveront toujours surprendre ses fans. En 2001 déjà il sortait un double album (GOD BLESSE – KATAGENA) ce qui n’était plus trop courant chez les chanteurs, d’autant plus qu’il avait cartonné 2 ans avant avec son premier disque JOURS ETRANGES. En 2008, c’est un triple album, très sobre et très sombre VARSOVIE L’ALHAMBRA PARIS où Saez déclame entre autre son mal-être et ses blessures sentimentales. Des textes poignants, bruts, à la manière d’un écorché vif. Un an plus tard c’est un album en anglais sous un pseudonyme (Yellow Tricycle) qui voit le jour. Très moyen. En 2010, c’est le très rock J’ACCUSE qui arrive à point nommé et cette année, il nous refait le coup du triple album avec MESSINA. Je pourrais m’arrêter là, mais le chanteur annonce déjà la suite avec un nouvel album en décembre, MIAMI. Et pour être complet dans cette discographie, citons encore DEBBIE sorti en 2004. Consonne, voyelle, le compte est bon, vous remarquerez que Damien Saez est un auteur-compositeur-interprète tout ce qu’il y a de plus prolifique.
MESSINA est un triple album complexe. On retrouve par moment la noirceur de VARSOVIE L’ALHAMBRA PARIS tout en se conjuguant avec l’esprit rebelle et anticapitaliste de J’ACCUSE. Les thèmes ne surprendront personne : les histoires d’amour, la politique, la mort, les filles. Tout ça, sur un fond très poétique, accompagné d’une guitare ou d’un piano. Saez s’occupe aussi de l’orchestration de cet album et prouve une fois de plus l’étendue de son talent et de ses capacités à ce poste là. Le disque en lui-même est un bel objet, tout comme l’album de 2008, très sombre avec des belles photos noir-blanc faites par Saez.
On ne va pas non plus lancer des fleurs à Saez jusqu’à l’étouffer. Toutes les chansons de MESSINA ne sont pas des chefs d’œuvre marqués à tout jamais dans l’histoire de la chanson française et au bout d’un moment l’auditeur peut se lasser. Peut-être le côté un peu répétitif ou l’impression que l’artiste tourne parfois en rond… On ne vous conseillera pas d’écouter les 3 albums à la suite, mais plutôt de découvrir petit à petit LES ECHOUES, SUR LES QUAIS ET MESSINE et de ressortir les nombreuses pépites qui s’y cachent. C’est d’ailleurs, ce que nous vous proposons : Morceaux choisis.
LES ECHOUES est un album plutôt calme dans son ensemble. Pas ou peu de grosses guitares, c’est le Saez poète qui s’exprime. Nos coups de cœur iront d’abord aux femmes avec "Betty" et "Marie". Pour la première, c’est un morceau qui monte crescendo où Damien Saez s’enivre à mourir de l’amour de sa belle. L’intensité du morceau et les paroles déclamées par le chanteur donne le grand frisson. "Marie" qui suit est un hommage à Jacques Brel. On a pu lire que ce titre était une copie de "Ces Gens Là". Personnellement, je le vois comme un magnifique hommage et je trouve ridicule ces débats sur le fait qu’il se soit inspiré de ce morceau ou de savoir qui est le meilleur. "Marie" est aussi un titre brillant, les orchestrations sont incroyables et c’est un très bel hommage au Grand Jacques. Il n’y a d’ailleurs pas que l’inspiration de "Ces Gens Là" dans ce titre, on retrouve aussi du "Jef" par moment. Dernier titre à ne pas manquer, "Le Gaz". Une histoire d’amour qui finit mal, comme bien souvent. La mélodie du refrain a ce petit quelque chose en plus qui fait qu’on s’y accroche et qu’on s’y sent bien.
Le deuxième disque SUR LES QUAIS est sans nul doute le plus vif des trois et apporte un peu vitalité à cet album. Vitalité, c’est un bien grand mot, car les textes ne sont pas plus gais que d’habitude. Ca reste Saez. "Marianne" (encore une fille, ah les filles…) un titre bien rock sur une fille paumée qui se défonce la tête. "Sur Le Quai" avec ses paroles déclamées à toute vitesse et sa rythmique tonitruante est immanquable. Des cuivres s’y glissent discrètement et donnent une teinte hispanique à cette chanson. Pas le temps de se reposer que Légionnaire nous atteint en plein cœur avec ses thèmes : l’amour, l’alcool, la mort. Quatrième titre à la suite qui envoie, c’est la triste histoire de "Webcams de Nos Amours". Sujet d’actualité avec un homme qui paie pour de « l’amour » par internet et qui tombe amoureux de la belle derrière son ordi. « Elle m’a piqué ma carte bleue, des pixels au fond de ses yeux ». On retrouve ensuite "Ma Petite Couturière" qui n’est pas une nouveauté pour les connaisseurs. Un titre plutôt calme au début, mais qui après 2 minutes s’emballe complétement. "Planche à Roulette" et "Rois Demain" sont aussi à écouter attentivement et au final on se rend compte que SUR LES QUAIS est un très bon disque.
MESSINE débute par un thème au piano de 6 minutes. L’ambiance est posée. Fini les rythmiques folles du disque précédant. Le piano continue pour "Aux Encres de Nos Amours". Un titre qui peine à démarrer mais qui se finit de manière magistrale. Encore une fois l’orchestration qui l’entoure le rend cinématographique. Les 2 dernières minutes sont divines. Un peu plus loin "Les Magnifiques" est peut-être LE titre de ce triple album. La voix de Damien Saez est terrible, il se lâche, il braille son texte par moment. Qui sont ces magnifiques ? Sans doute les poètes disparus, il y a en tout cas un hommage à Prévert dans le texte (les navires échoués se ramassent à la pelle). L’intensité du disque retombe quelque peu dans la seconde partie, c’est beaucoup plus calme. On s’attarde alors d’avantage sur les paroles. Il y a un bel hommage aux victimes de la fusillade de Liège en décembre 2011 (Ami de Liège). Ce n’est peut-être pas la plus belle musique de Saez, mais le texte est fort et l’hommage est sincère. Ce n’est jamais facile de parler de ces choses là, Saez le fait en toute humilité.
On s’arrêtera là. On pourrait faire des pages et des pages d’analyse de texte, et ce n’est de loin pas le but de cette chronique. Ce triple album nous a bien plu, même si on n’a pas adoré l'ensemble des 27 titres. Les fans du chanteur seront sans doute ravi de ce triple album et se réjouissent d’aller le voir sur scène. Il sera fin novembre aux Docks de Lausanne pour 2 soirs, des concerts déjà complets depuis longtemps.
Heu, vous êtes sûr d’avoir bien écouté l’album ?
La marianne dont parle Saez est avant tout le symbole de la république française, sujet récurent dans ses chansons, rien d’autre.
Et les “magnifiques” sont clairement les amoureux, je ne vois aucun mystère là dedans, même si par certains vers il rend hommage à des poètes. Il parle simplement de la manière dont se comportent les amoureux et de l’amour éternel impossible.
Même si Saez utilise souvent des métaphores, il n’y a pas à chercher bien loin pour comprendre le sens premier de ces textes, quand même !
Bon sinon assez d’accord pour le reste de l’article, il n’y a effectivement aucune raison de polémiquer sur “Marie”. C’est effectivement un peu bizarre à la première écoute puis on comprend vite l’hommage qui a été rendu. D’ailleurs cette chanson existait déjà , c’est juste une nouvelle interprétation effectivement très “brelienne”.
D’accord avec Flamby! 🙂
Les magnifiques est un hommage à brasses brel nougarro prêver ..quasi chaqes vers est un homage