Jeudi 25 août 2022, Domaine National de Saint Cloud – On avait une palanquée d’autres titres plus accrocheurs les uns que les autres, mais pas moins bateau comme “Requin Chagrin retourne Saint Cloud” ou encore “Après le béluga, un Requin Chagrin occupe la Seine” mais tout ça n’illustrait pas exactement notre sentiment au sortir de ce concert tant attendu, qui pourtant n’avait pas énormément de prétentions au départ.
Requin Chagrin, c’est Marion Brunetto qui décide de former son propre groupe en 2014. Selon la légende, la jeune femme originaire de Ramatuelle, utilise alors son animal totem pour trouver un nom, ce type de requin étant visiblement très présent en Méditerranée. Et là on se dit heureusement qu’elle n’est pas née en Sologne parce que le sanglier en totem c’est nettement moins glam. Le groupe dévoile en 2015 un premier album éponyme, remarqué et apprécié par un certain Nicola Sirkis, qui décide de faire signer Marion et ses comparses sur son label KMS. Celle qui écoutait en boucle Indochine devient donc la protégée de son idole, l’histoire est belle.
Depuis, le quatuor nous a gâtés avec deux albums : “Sémaphore” en 2019 puis “Bye Bye Baby” sorti au printemps 2021. Après une tournée plus que fournie depuis ce troisième opus, Requin Chagrin venait donc ponctuer des mois de scène par LA consécration : Rock en Seine. Et comme évoqué plus haut, sans prétentions. Non pas que Marion et sa bande ne comptaient pas tout donner, mais en jouant sur une scène située au plus loin de toute la vie du festival, placés en ouverture ou presque de ce Rock en Seine 2022 et surtout en même temps que Yard Act, c’était clairement un concert sans trop de risques pour eux. Tant mieux pour les quelques centaines de festivaliers venus profiter avec nous.
Premier point surprenant, les quatre musiciens évoluent sur le même plan de la scène, pas de chanteuse mise en avant ni de batteur tout au fond, tout le monde est sur la même ligne, comme pour nous indiquer que chaque membre a son importance et sa valeur dans la formation. Dès les premières notes de “Première vague” le ton est donné. La guitare surf-rock et les touches de synthé new-wave nous promettent un bon après midi. Le chant planant et grave de Marion devient hypnotique, la guitare est aussi bien maniée que le verbe, Yard Act attendra encore un peu pour nous voir. Les quatre amis sont heureux d’être ici, les sourires ne mentent pas, mais ils proposent surtout quelque chose de rafraichissant, d’enjoué. Malgré certains morceaux teintés de mélancolie, le groupe nous éclabousse d’une joie de vivre ultra contagieuse (prends garde à toi Kevin Parker).
Le set est irréprochable, de “Mauvais présage” à “Adélaïde” en passant par “Déjà vu”, chaque titre remue les genoux des derniers irréductibles attendant Arctic Monkeys plus tard dans la journée. Le show est généreux, Marion sautille morceau après morceau et le groupe grapille même quelques minutes au moment de plier bagage, là où d’autres artistes terminent leurs concerts avant l’heure. Requin Chagrin c’était trop court, Requin Chagrin c’était trop tôt, mais Requin Chagrin c’était le meilleur concert de ces quatre jours de festival. Point barre.
Crédit photos : Christophe Crénel