17h45… La soirée débute sous les meilleurs auspices avec Warpaint. Malgré l’heure précoce, les Américaines sont pour nous l’un des événements de la soirée, et on ne sera pas déçu. Un EP (l’excellent EXQUISITE CORPS) et un album (THE FOOL) leur suffisent déjà pour proposer un répertoire riche et une prestation envoutante de qualité. Le son de Warpaint alterne entre des passages planants, hypnotiques, limites psychédéliques et des moments plus électrisants, soutenus par d’excellentes lignes de basses. A l’image de "Beetles", "Elephants", "Bille Holiday" (au lyrisme certain) ou "Undertow", certains morceaux sont un délice en live. Notons enfin que, presque paradoxalement, si la musique de Warpaint est parfois sombre, les filles nous semblent franchement heureuses d’être ici, en communiquant de manière sincère une simplicité plutôt joyeuse.
Le concert de Dionysos (5ème Grande Scène comme se plait à la dire Mathias Malzieu) en début de soirée est une bonne chose pour lancer la machine. Lorsqu’on voit autant d’énergie déployée par un petit bonhomme, on se sent pousser des ailes. Excellente transition avec le thème du concert et le dernier album en date du groupe : BIRD N’ROLL. Un concert survitaminé, le public qui danse sur scène et les célèbres bains de foule du frontman. Dionysos dans toute sa splendeur et son efficacité. En quelques mois, le groupe sera passé de l’Amalgame d’Yverdon, à la Grande Scène du Paléo. C’est chouette de voir des artistes qui gardent les pieds sur terre et qui s'adaptent en toute circonstance.
Other Lives, une des révélations 2011 qu’on a pu voir Romandie, était au Club Tent pour un concert d’une grande qualité. Le public l’a bien senti et l’a fait savoir de manière très chaleureuse aux musiciens. Leur deuxième album TAMER ANIMALS les a fait connaître à un plus large public et a surtout confirmé tout le talent de ce groupe américain. Une petite reprise de Léonard Cohen à signaler et pour le reste des titres indie-folk chargé d’émotions et de savoir-faire. Les musiciens multi-instrumentistes soignent le détail et ne laissent rien au hasard. Chapeau messieurs !
Avec The Cure en milieu de soirée, le Paléo 2012 vit sûrement là l’un de ses événements marquants. Et comme toujours avec ce style de mythe, le public est composé autant de fans inconditionnels, d’ayatollahs des débuts du groupe britannique et de la Cure-mania qui s’en est suivie, que de badauds curieux, passant le plus clair de leur temps à s’étonner des (éventuels) changements physiques de Robert Smith que de profiter pleinement de la prestation live du groupe, qui a d’ailleurs été très bonne et très propre, notamment par l’alternance des classiques et de passages instrumentaux et vocaux longs et exigeants pour le public, mais toujours très beaux. Franchement, tirons notre chapeau aux britanniques qui savent rester fidèles à eux-mêmes et conserver une excellente créativité, et ceci 33 ans après : on est loin des retours alibis dont nombre de grands noms nous font l’honneur. En outre, notons les 2 heures de concert, ni plus ni moins, événement rare à Paléo.
Petit passage par le Chapiteau pour découvrir une autre révélation 2011, en la personne de Bon Iver qui compte aussi 2 albums à son actif. Il y a peut-être certaines similitudes à faire avec Other Lives, dans les ambiances, dans les orchestrations complexes, mais le résultat nous a paru un peu en dessous des attentes. Difficile de dire vraiment pourquoi, le public semble avoir apprécié, mais il manquait un petit quelque chose. C’est sans doute le genre de concert que l’on apprécie d’avantage lorsqu’on connaît bien les titres.
Pour clore la soirée sur la grande scène, le public de Paléo a droit, pour le meilleur et le pire, à l’expression d’une évolution, ou plutôt d’une génuflexion, récente de ce festival, celle des grands raouts électroniques. Ce soir, c’est donc à Justice que revient le rôle d’assener aux festivaliers des basses ravageuses et dantesques. Disons-le tout de suite, le light-show christique et métallique est de toute beauté : les allures messianiques de la prestation des deux prophètes français ravissent les fidèles de la Plaine de l’Asse. Le problème avec la religion, c’est qu’elle sert le plus souvent à combler le vide existentiel de l’Homme : la métaphore se confirme ici puisque ce light-show cache parfaitement le vide intersidéral caractérisant ce live. On ne sait pas vraiment comment qualifier cette prestation : est-elle vraiment celle de deux artistes qui se « produisent » sur scène, ou est-elle simplement celle de deux mecs qui passent des disques et bidouillent deux-trois machins en levant de temps en temps le bras pour chauffer une foule acquise d’avance ? Bref…
Avec un concert de Miles Kane au Chapiteau on se dit qu’on fera mieux d’aller voir ailleurs si on y est. Excellente idée puisque ce couteau suisse du rock britannique (Miles Kane, The Rascals, The Last Shadow Puppets) à l’air en grande forme. Lui et ses acolythes nous passe en revue son album solo (COLOUR OF THE TRAP), pour un concert très électrique et intense. Si on est encore dérangé par les relents de soupe électronique résonnant au loin, on est tout de même ravit que ce mercredi plein de belles choses se conclue de telle manière. On aurait tout de même aimé entendre Miles Kane un peu plus tôt dans la soirée, afin qu’il ne soit pas cantonné au rôle d’animateur d’antichambre pour parking d’automobiles.