Il y a un grand nombre de sorties d’albums ces derniers temps, des grosses pointures d’autres moins connues,
pas mal de déceptions, deux ou trois réussites, mais dans l’ensemble on peut commencer à se demander où chercher
les bonnes nouveautés, et dans ce genre de cas, il faut souvent se mettre à regarder dans les plus petits groupes,
parfois même des groupes de notre bon vieux pays. Voilà un album qui nous rassure sur le potentiel suisse. Marygold
débarque avec leur troisième album : MY BOW, MY ARROW, MY TARGET.
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils feront vite mouche. Après une intro au son électronique, voilà qu’une
batterie au rythme accrocheur se fait entendre, suivit d’une nappe de Fender Rhodes et d’une guitare. Au premier abord
en pense directement au dernier deux albums d’Incubus, mais la voix et la partie électronique faisant la différence.
“Rocket Chair” est un titre accrocheur laissant présager une suite encore meilleure. “Q and A” commence sur un rythmique
presque jazzy, pour ensuite montrer son vrai visage, noir, electronique et lourd.
Il y a certes des références à qui
on pourrait rapidement penser, comme Radiohead, mais ils ont ce “je ne sais quoi” de différent, ces Suisses allemands.
Une intro de guitare pleine d’émotion fait place à “Glory Box” (non pas une reprise de Portishead même si ils sont
cités en référence). La voix de Philipe Burrell fera rappeler aux Genevois le chanteur de leur groupe préféré, K.O.L.O.
La chanson continue sur la piste suivante, et c’est cela qu’on aime chez eux, ils n’ont pas peur de faire des chansons
en plusieurs parties, d’ajouter des millions de pistes à leurs compos, de se mesurer aux plus grands groupes, et cela, sans
jamais paraitre prétentieux. “Mellow” commence rapidement, accompagné d’une guitare rappelant la surf music. Pour peu, on aurait presque
l’impression d’entendre le prochain album de Muse ou en tout cas on voudrait que celui-là sonne ainsi. Sur “Rolling
over… Fool of Myself”, Philipe est accompagné par une belle voix de femme, ce qui rajoute un peu de piment à la chanson
la plus faible jusque-là. Des instruments à vent introduisent la prochaine chanson de façon cacophonique, une batterie rapide
se greffe aidée d’un gros son de contrebasse. “Skip Life” est très experimental, un mélange étrange annonçant rien de bien
rassurant, une chanson qui ne laisse pas indifférent. La très maitrisée “Conspiracy” est effrayante de technique; comment
le groupe est arrive-t-il à composer une chanson aussi tordue et surtout comment arrivent-ils à nous la faire comprendre ?
Le groupe joue souvent dans l’urgence amenant une ambiance malfaisante proche du Trip-Hop de Bristol des années 90 dans leurs compositions,
ce qui est encore une fois bien démontré sur “The End Of The Circle” ou sur “Up To The Void”. L’album se finit sur la plaintive “Make The
Pices Fit” accompagnée d’un tempo plus lent, rajoutant encore plus de mal-être à leur son.
Marygold nous offre un album digne des meilleures productions internationales, sans pour autant ne faire que les copier. MY BOW, MY ARROW, MY TARGET est un album très prometteur et on espère pour ces petits Suisses que le monde va accueillir cet album
avec les bras grands ouverts.