Un faciès de jeune garçon victime de la peste: une peinture bien morbide réalisée par l’artiste Jenny Saville, protégée du plus grand marchand d’art contemporain: Larry Gagosian. Eh bien, cette oeuvre, appelée Stare et peinte entre 2004 et 2005 a été choisie par Manic Street Preachers pour illustrer la pochette de leur dernier album, JOURNAL FOR PLAGUE LOVERS. une phrase de George Bernard Shaw frappe notre regard une fois le boîtier ouvert: « Une vie passée à faire des erreurs n’est pas seulement plus honorable, mais également plus utile qu’une vie passée à ne rien faire ». Voilà voilà. Difficile dès lors d’appréhender l’écoute de ce disque sans être marqué par ces deux démonstrations tant picturales que littéraires. À notre grande satisfaction, les Manics n’ont rien perdu de leur énergie et de leur verve, ni de leur veine poétique non dénuée de charme. Fidèles à leur style, ils savent qu’ils n’ont pas besoin de changer. En ressentent-ils la nécessité?
Enfin conscients que des tubes comme “You Stole The Sun” ou “If You Tolerate This” ne pourront plus jamais être reproduits par eux, leur musique se teinte d’un nuage d’humilité qui génère des morceaux comme “This Joke Sport Severed” “Facing Page Top Left”, touchante de sensibilité. Le rock n’est pas à la traîne non plus, les macuniens se lâchent plus d’une fois, comme dans “She Bathed Herself In A Bath Of Bleach” ou “Peeled Apples”. L’album ne sombre pas dans l’inégalité, James Dean Bradfield, NIcky Wire et Sean Moore ont vieilli et comme tout le monde le sait, avec l’âge vient souvent la sagesse, même quand on vient de Manchester. Dans cette idée et disposition, JOURNAL FOR PLAGUE LOVERS est l’album de la maturité.