Saturday , 14 December 2024
Dans le cadre du Jval Festival édition cinq, dans les hauts de l'arc Lémanique, se produisait un groupe d'irréductibles bluesmen. Hell's Kitchen. Oui, mais alors des bluesmen version bottes et mains dans le camboui, hors des clichés véhiculés depuis près de 30 ans par les guitars heroes en mal de stade. Interview avec le trio genevois sur fond de polémique, à savoir la pochette de leur nouvel album, MR FRESH.

Hell’s Kitchen en interview

Dans le cadre du Jval Festival édition cinq, dans les hauts de l’arc Lémanique, se produisait un groupe d’irréductibles bluesmen. Hell’s Kitchen. Oui, mais alors des bluesmen version bottes et mains dans le camboui, hors des clichés véhiculés depuis près de 30 ans par les guitars heroes en mal de stade. Interview avec le trio genevois sur fond de polémique, à savoir la pochette de leur nouvel album, MR FRESH.

 

 

Hell's Kitchen

 

 

Lords of Rock: J’ai avec moi votre nouvel album, MR FRESH…

(Rires en chœur). 

 

Cette pochette n’a pas l’air de faire l’unanimité. Je sens un léger désaccord.

Bernard Monney (chant, guitare) : je ne sais pas si ça fait l’unanimité… (il réfléchit) Je n’ai rien à en dire et… euh… je vends un scooter peu servi et pas cher ! Non, je ne sais pas qui veut en parler.

Cédric : on va parler d’autres choses que de la pochette.

 

Parfait, eh bien parlons de l’élaboration de cet album…

(Rires en chœur)  C. Ryser : qui veut en parler ?

Bernard : hors de question que j’improvise un seul mot (rires) !

 

Enregistré à Genève, dans la cuisine ?


Bernard : oui, à Genève, dans la cuisine, entre autres, dans le local aussi en partie. On est allé dans un studio aussi. Mais le fait d’enregistrer dans un studio ne nous convient pas, ça ne nous correspond pas, on n’arrive à fonctionner qu’avec un seul micro, en superposant des idées les unes sur les autres.

 

Qu’a-t-il de plus ou de moins que vos 2 précédents albums ?


Bernard : (il réfléchit) ce qu’il a de plus, c’est la pochette. Ce qu’il a de moins, c’est la pochette également. A part ça, c’est une bonne question, mais je n’arrive pas à y répondre.

Cédric : ce qu’il a de plus que le précédent ? Prochaine question (rires) !

 


Il y a au verso de la pochette cette phrase : « dedicated to our fathers ». Une explication ?


Bernard : passons au sujet suivant (rires) ! Sérieusement, on a à peu près tous perdus nos papas ces derniers mois. On voulait d’abord le dédier à Tracy Lord, la reine du porno, et puis a fini par opter pour nos papas (rires). Voilà.

 

 

 

 

 

Rappelez-moi votre éducation musicale ? S’est-elle faite en Suisse ou êtes-vous passés de l’autre côté de l’Atlantique pour avoir une telle culture blues ?


Bernard : non alors on est tous restés ici, mais on a tous écouté des musiques différentes, pratiqué des choses différentes. En ce qui me concerne, j’ai toujours écouté du blues depuis petit. Des choses plus dures aussi. Christophe a fait beaucoup de jazz mais a aussi joué dans des groupes punk. Cédric vient du jazz et de la fanfare, mais a fait aussi du rock.

 

Depuis le moment que vous tournez, que pensez-vous du rock actuel ? Une musique qui n’est pas du tout proche de ce que vous faites, avec ces emprunts constants à l’électro…

Bernard : je pense qu’il y a des choses superbes qui se font. Je ne sais pas si je suis la personne la plus qualifiée pour en parler… (il réfléchit) Ce qu’on fait avec cet espère ce blues, ou plutôt ce qu’on essaye car ce n’est pas nécessairement une volonté, ce qu’on fait c’est de l’actualiser, de l’industrialiser, de l’européaniser, de faire en sorte qu’il ne soit si possible plus aussi chiant qu’avant, avec des sons interminables, avec ces trucs qui tournent en rond, ces trucs qu’on a commencé à faire dans les années 70, des groupes dont on ne citera pas les noms.

 

 

 

” Le blues? Faire en sorte qu’il ne soit si possible plus aussi chiant qu’avant,
avec des sons interminables, avec ces trucs qui tournent en rond, ces
trucs qu’on a commencé à faire dans les années 70, des groupes dont on
ne citera pas les noms “

 

 

On le lit aussi dans la bio qui a été écrite sur vous… C’est ça le problème actuel du blues ?

Bernard : on dirait que le blues est mort depuis 35-40 ans, alors qu’il n’y a aucune raison. S’il est réapproprié par des gens de partout, qui y mettent ce qu’ils y veulent ainsi que leur ressenti, c’est tout de même quelque chose d’essentiel. Nous faisons quelque chose de résolument européen mais avec des influences qui viennent d’outre-atlantique qu’on apprécie beaucoup. Cette approche-là est vachement intéressante et naturelle en ce qui nous concerne.

 

A ce propos justement, le premier morceau intègre même des scratches avec un morceau qui me fait penser à Everlast.

Bernard : oui bien sûr. On ne fait aucunes restrictions à utiliser des samples et d’autre choses.

Cédric : bon, on n’utilise pas vraiment des samples tout faits. On fait des sons avec tout ce que l’on a sous la main. Ce sont plutôts des samples organiques que nous faisons nous-mêmes.
Bernard : des sons que l’on replace, que l’on travaille avec un ordinateur. On a tapé sur des conduits de ventilation, des verres, des paquets de pâtes, des bouteilles d’eau, des trucs comme ça.
Tu disais que tu avais travaillé avec un ordinateur.

 

Que pensez-vous de Jack White par exemple, qui enregistre tout à l’ancienne, sur des bandes ?

Bernard : c’est hyper bien, on adore vraiment les White Stripes…

Cédric : l’intérêt n’est pas à la façon dont on enregistre notre musique. C’est le résultat qui est important. On fonctionne comme cela car c’est ce qui nous va le mieux.
Car tout le monde avait fait une grosse fixation là-dessus….

Bernard : mais nous ne sommes pas puristes de ce point de vue-là. Pas du tout.

 

Ca coûte moins cher aussi…

Bernard : oui c’est sûr (rires).
Cédric : et ça nous laisse plus de liberté aussi. On peut vraiment faire ce que l’on a envie de faire. On n’a donc pas l’impression de dépendre du studio où l’on a des jours établis etc. On travaille comme on en a envie, on prend le temps qu’il faut pour enregistrer pour que tout soit le mieux possible.

Bernard : il n’y a pas du tout de discours sur l’obligation de l’analogie chez nous.

 

Y-a-t-il des dates européennes pour cette tournée ?

Bernard : dans un premier temps, on va d’abord tourner en Suisse, aussi parce que l’album n’est pas sorti ailleurs. Ensuite, en France, ensuite ailleurs. On a des dates en France dès sa sortie courant novembre et puis ensuite nous verrons comment cela se passe. Mais effectivement, on a 10 jours de tournée aussi au Portugal en février. Les choses se montent ainsi, petit à petit.

 

 

 

Hell's Kitchen

 

 

Les débuts officiels du groupe, c’était quand ?

Bernard : en fait, on avait commencé par faire des reprises. Christophe n’était pas encore là, il y avait Cédric et un harmoniciste avec qui on faisait donc des reprises, mais on les jouait déjà avec batterie bricolée, construite. Montre tes mains Cédric ! C’est-à-dire que la grosse caisse n’en est pas une, c’est un goliath posé à l’horizontal. Alors il y a une caisse claire en effet…

Cédric : le but premier était de jouer avec ce que l’on avait sous la main. La batterie bricolée comprenait aussi des poubelles, des wash boards, des pelles et tout ce qu’on avait sous la main.

Bernard : l’aspect du blues qui nous fascinait était ces gens qui faisaient de la musique avec n’importe quoi, avec une corde en ficelle et une cannette pétée. Ce sont les choses que je trouve les plus géniales dans le blues, c’est cette aspect ultra-minimaliste qui fait qu’on est obligés d’aller à l’essentiel. Il n’y a pas de fioritures. Des fioritures, dans le cas de Hell’s Kitchen, il y en a sûrement, pourquoi pas, mais il y a aussi plein de pains, plein de conneries qu’on garde. Le premier jet est toujours ce qu’on a gardé.

 

 

” Obligés d’aller à l’essentiel “

 


Par rapport à la musique, les textes sont-ils importants pour Hell’s Kitchen ?

Bernard : non, ça accompagne la musique en tout cas dans un premier temps, d’un point de vue phonétique parce que malheureusement l’anglais n’est pas ma langue maternelle. Et puis ensuite, cela s’élabore en racontant des histoires, des choses plus personnelles comme à peu près n’importe quoi. Mais il n’y a pas de prétentions de ce point de vue-là, je ne le pense pas.

About Author

Check Also

Rencontre avec le groupe le plus festif du moment – Deluxe

[INTERVIEW] C’était un de mes objectifs cette année, retrouver la joie de rencontrer des artistes. …

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

en_USEnglish