GARAGE Deux mecs + une fille
+ zéro innovation = un album kitch mais rempli de chansons imparables.
Et dire que personne n’y avait songé avant. Appeler son
groupe Happy Birthday. En même temps, c’est pas terrible comme nom. Mais ça
évoque plein de choses : le sucre, les cadeaux, les premières booms… Et là,
c’est clair que ça colle. Happy Birthday n’essaie pas de révolutionner la
musique, ils égrènent des titres simples qui provoquent une adhésion immédiate.
Ces chansons ne sont pas des œuvres mélodiques, elles sont vraiment à l’opposé
de ce qu’a fait MGMT sur CONGRATULATIONS. Mais ce sont de véritables cadeaux
pour l’été qui vient, des sucreries qui collent aux dents. Dès la première
chanson “Girls Fm”, chaque auditeur
aura fait son choix, soit on déteste, soit on est étonné de ne pas détester. On
s’était pourtant promis de ne plus se laisser séduire par ces tubes power
pop. Mais là, on baisse les bras. Ce tube incontestable est tellement simple,
tellement direct, qu’on a un peu honte mais vraiment ça nous plait. Tout est
vraiment très bien fait, les mélodies, c’est clair, ne sont pas originales,
mais elles sont si parfaites qu’on croit vraiment être tombé sur un groupe pop
des années 70, injustement oublié. La voix du chanteur, Kyle Thomas, joue avec
côté en même temps niais et entrainant de la pop. En même temps, le son reste
parfois un peu sale et le rythme rapide. C’est comme si les Ramones faisaient une
reprise du générique de “Happy Days” mais en restant fidèle à l’original.
Vraiment il y a un vrai talent mélodique dans ce groupe. Sur “Perverted Girl”, mon tube de l’été,
impossible de ne pas succomber aux « I want her, I need her/ Everybody
wants to be her/ In a perfect world/ I’d be perverted girl ». A peine la
chanson finie, pas le temps de reprendre notre souffle qu’un nouveau tube nous
conquiert au pas de charge d’une nouvelle mélodie limpide.
La bande originale
d’un teen movie fantasmé
Déjà le titre “Perverted
Girl” le laissait penser, si les trois de Happy Birthday alignent les tubes
pop 70’s parfois carrément kitchs comme “Maxine
the Teenage Eskimo” ou certains solos de guitare, ils les agrémentent d’un
supplément de grunge, fidèle ainsi à l’héritage de leur label, Sub Pop. “Zit” est une vraie chanson punk, bête et
méchante qui rappelle les Vines. Le tout peut être résumé en une attitude
cachée derrière les mélodies pop : une sorte de poisse cool. Si on prend le
temps de feuilleter la pochette, on tombe ainsi sur la photo du groupe, un gros
fail (voir ci-dessous). La fille sourit tandis que les deux autres membres du groupe font des
têtes d’idiots du village. Happy Birthday se présentent comme des ratés, des
gens qui ne sont jamais sorti de leur adolescence : « I still got bad
skin and need Clearasil and Oxy ». Ce disque apparaît bien comme une
expression de l’adolescence, ce mélange de boutons sur le nez et de candeur, de
coolitude et de lose, si souvent illustré dans le cinéma américain, que ce soit
sous son angle comique (American Pie) ou sous un aspect esthétique (Gus Van
Sant). On peut même voir dans ce disque des Happy Birthday une véritable bande
originale d’un teen movie, où les filles sont perverties, tandis les mecs au chômage
s’ennuient.
Les mélodies insouciantes s’enchainent ponctuées par des titres
fougueux dans cet album qui se finit par la traditionnelle chanson du bal de
promo : “Fun”. Et là, les Happy
Birthday n’y vont pas de main morte. C’est sirupeux, ça dégouline de tout le
côté. Mais c’est tellement cliché qu’on se laisse finalement avoir. Et de
nouveau, les paroles sont en décalage complet. On vit le bal de promo mais dans
la peau du hardeux assis au fond, pimpant son ponch avec de la mauvaise vodka,
repensant à son année ratée : « I’m the one, who ain’t no fun ».
Peut-être que c’est l’été approchant qui nous émoustille, mais on a juste envie
de dire OUI à cet album sans prétention, direct, à ce déferlement de tube qui
parle de filles et de râteaux.