Vous sortez maintenant votre premier disque Skyline Society, or il semblerait que vous ayez mis près de quatre ans pour le réaliser ? Malgré la richesse des arrangements, c’est un temps considérable, presque autant que Nine Inch Nails pour sortir un album…
En fait c’est plutôt le contraire de ton exemple. On ne visait pas à rajouter des « couches » en ayant une vision claire des morceaux finis, c’est plutôt au cours des enregistrements que se sont développés et « complexifiés » les différents arrangement et leur texture.
Les morceaux étaient déjà consistants, tant par leur qualité que par le nombre d’instruments utilisés…Il ne faut pas oublier que, quand on a demarré, nous étions huit, il y avait deux synthés et une flûtiste dans le groupe (ils sont maintenant cinq dans le groupe, dont un trompettiste – NdR) , ce qui permettait déjà de faire par mal de choses, mais l’envie de rajouter des cordes est venue après par exemple.
Êtes-vous des perfectionnistes en studio, comme Talk Talk que vous semblez apprécier (Mark Hollis faisait parfois refaire des prises vingt fois de suite à ses musiciens) ?
Si on en est arrivé à des enregistrements extrêmes de 80-90 pistes, c’est seulement à cause du temps, qui a sucité des périodes de doute et de remise en question, et l’envie de changer des éléments. Mais certaines pistes anciennes ou moins bien enregistrées ont été conservées, parce qu’elles participent à l’atmosphère que nous créons, ce dialogue permanent entre les instruments, ce mouvement mélodique perpétuel. On peut dire cependant que l’enregistrement du disque, avec ses multiples épisodes, a duré effectivement quatre ans.
Vous avez fait beaucoup de concerts ces dernières année, avant la sortie de Skyline Society, êtes-vous donc à la base des hommes « de terrain » ?
Non, on a fait beaucoup de dates dans le passé mais pas vraiment de tournée, nous avions envie de finir le disque pour pouvoir enfin passer à autre chose. On a mis, je pense, très longtemps à devenir un groupe de scène…l’arrivée dans le groupe de notre bassiste Samuel, qui avait une grande expérience des concerts, nous a aidé à nous aguerrir.
Est-ce que vous épurez beaucoup vos morceaux en vue de les jouer en public ?
On les adapte c’est sûr… des mélodies de clavier sont parfois complêtement différentes de la version originale…On a aussi a été obligés de simplifier, parce qu’on s’est rendu compte que d’être douze sur scène, avec une flûtiste et des cordes par exemple, c’était impossible à maîtriser. Et puis, avec le temps, on a toujours aussi envie d’interpréter les morceaux différemment. Il arrive que l’un d’entre nous en ait marre de jouer telle ou telle partition, alors on change ! N’oublions pas non plus que la technique n’est pas tout. Certains musiciens techniquement faibles sont terriblement émouvants une fois sur scène. C’est ça l’important…être bien ensemble !
Vous ne composez pas en français – vos références sont plutôt anglo-saxonnes ?
C’est vrai que l’anglais nous fait plus rêver. Mais on adore Burgalat (A.S Dragon) ou Houellebecq !
Vous êtes d’ailleurs distribué en France par Tricatel (Bertrand Burgalat)?
Oui on le respecte au niveau musical, donc on lui a envoyé notre disque et il a accepté de nous sortir sur son label!
Photos officielles par ©Peggy Schillemans