C?est avec le riff de Back in Black d?AC/DC que Art Brut a débuté un concert qui a eu le mérite de faire démarrer le festival, après l?excellente performance de Why. Musicalement, ces amis n?ont rien inventé, mais la passion les anime et ils le font savoir à grands coups de guitares

Pully For Noise 06 | Jeudi

C’est avec le riff de "Back in Black" d’AC/DC que Art Brut a débuté un concert qui a eu le mérite de faire démarrer le festival, après l’excellente performance de Why. Musicalement, ces amis n’ont rien inventé, mais la passion les anime et ils le font savoir à grands coups de guitares, grooves addicitifs et paroles auxquelles chacun peut s’identifier. De véritables bombes atomiques, ils parlent de sexe, drogue et rock’n’roll, évidemment. «Form a Band», «Emily Kane» ou encore «My Little Brother» s’attirent la préférence du public, composé pour la plupart de néophytes. Leur rock, garage, teigneux allié avec une communication pleine d’humour, leur donne une allure de conquérants. Billy Argos, frontman cravaté, bedaine et chemise en dehors du pantalon, nous fait partager son désespoir, avec beaucoup d’énergie. Il va même jusqu’à descendre dans le public, sans micro, hurlant son refrain dans les oreilles de qui veut bien, buvant à tous les râteliers, pour le plus grand plaisir du lambda toujours heureux d’être impliqué. Art Brut reste fidèle à son album Bang Bang Rock and Roll, avec des improvisations bienvenues qui, sans dénaturer les titres originaux, viennent y apporter une exclusivité liveArt Brut c’est énorme, c’est sans fioritures, un plaisir partagé ! Le tube «Good Weekend», titre prémonitoire espérons-le, vient clore le show qui aura laissé de grands sourires gravés sur tous les visages, et aidé à l’avancée du rock dans le goût universel…

Mais c’est Fischerspooner que tout le monde attend ce soir-là. Le public, très nombreux se masse devant la grande scène pour admirer ses idoles. Sur l’apparence, Fischerspooner ne déçoit pas. Très baroque, tous les membres du groupe sont habillés avec des vestes à paillettes aux bordures dorées, pantalons assortis, limite XVIIIe. Chaque visage est savamment maquillé, plein de noir et de paillettes autour des yeux, privilégiant le blanc pour le reste de la figure, sans oublier le rouge à lèvres. La batterie et les autres instruments sont placés au premier plan de la scène, le chanteur est figé sur un podium. Le spectacle est bien présent. Musicalement, beaucoup moins électronique que sur album, cela ressemble sur scène davantage à du Pet Shop Boys à guitares, rien de transcendant, à première impression. Le public a pourtant l’air d’apprécier énormément. Forcément, la formation dégage un certain charisme. Les chorégraphies s’enchaînent. On rigole au début, mais au vu du sérieux des protagonistes, on se laisse volontiers entraîner dans ce monde subaérien, sans romantisme mais dégoulinant d’un style rococo, avouons-le assez irrésistible, pour qui veut bien se laisser porter par cette vision d’une musique qui aspire à une élévation sans décollage. Sucré, doux, éphémère, mais qui laisse pourtant un goût assez agréable. Pour quand le prochain?

Deux visions artistiques pour une première soirée qui vient encore une fois démontrer la lucidité d’une programmation qui ne fait que renforcer la force qualitative d’un festival méritoire à plus d’un titre. Vive Lausanne.

Photos par Alain Groux

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