C’est avec un plaisir non dissimulé que nous rencontrons Albert Hammond Jr., guitariste des Strokes. C’est tout de noir vêtu, rose rouge à la poitrine, qu’il vient s’asseoir en face de nous, dans le bar du Royal Plaza de Montreux. Ce soir, le Miles Davis Hall affiche complet pour les new-yorkais, qui dit-on, sont à la source de la renaisssance du rock en ce troisième millénaire. Albert ne perd pourtant pas le nord et commande deux bières d’un coup, qu’il engloutit comme s’il avait traversé un désert de plusieurs centaines de kilomètres de long. Ensuite, il s’extasie devant le concept d’un paquet de cigarettes FRED, avant de se laisser tranquillement aller à l’interview de Lords of Rock.
Albert, quel effet cela te fait-il de revenir en Suisse après une si longue période d’absence (The Strokes se sont connus à l’Institut Le Rosey à Rolle, ndlr)?
C’est magnifique! Regarde cette vue (en désignant le lac et les montagnes), c’est ce que je vois depuis ma chambre, il n’y a pas de mots…
Que représente le succès pour toi?
Euh… c’est une bonne question… que représente le succès?…Et bien nous avons la chance de tourner à travers le monde, nous y jouons la musique que nous aimons, nous faisons la fête, beaucoup de fête…
Que souhaites-tu transmettre au public?
J’ai toujours été inspiré par les groupes que j’écoutais. Mon rêve serait que les Strokes soient à leur tour une source d’inspiration pour les gens.
Quels groupes écoutais-tu?
Buddy Holly, Roy Orbison, les Beatles, les Beach Boys, Bob Marley. Cette musique m’a canalisé et m’a donné l’espoir de pouvoir faire un jour partie d’un groupe et de faire ce que je fais maintenant.
Quel est le dernier disque que tu as acheté?
Je suis allé à Amsterdam dernièrement et j’ai acheté le cd audio des lettres que Vincent van Gogh a écrit à son frère Theo.
Le dernier livre que tu as lu?
J’adore Charles Bukowski! J’ai lu tous ses livres.
La première chose que vous faites après un concert?
Nous mangeons! Nous ne prenons jamais de repas avant un concert.
Jouer à Montreux, comment te sens-tu?
J’ai toujours rêvé de jouer ici, c’est un festival tellement fameux. J’ai vu qu’Adam Green y avait joué la semaine passée. Il m’a dit que c’était son meilleur concert.
Si The Strokes était un plat, quel serait-il?
Ce serait un plat japonais: l’omokase. Ce qui signifie que le chef fait ce qu’il désire, avec les ingrédients les plus frais du jour!
Pensez-vous que comme les Rolling Stones ou les Who, vous allez jouer jusqu’à plus de 60 ans?
C’est incroyable qu’ils le fassent. Je me tirerais dans le pied si je disais que je le ferai, mais j’aimerais bien. Sinon je serais assez tenté d’aller dans le business, de produire des groupes, tout en continuant à faire de la musique.
Toujours dans le créneau rock?
Oui pourquoi pas, mais en étant adapté à notre génération. Maintenant, nous faisons de la musique pour les gens de notre âge. Si nous avions 50 ou 60 ans, nous ferions de la musique pour les personnes de 50-60 ans. Si tu as tellement de succès, tu adaptes ta musique, tu as plus de recul. En plus, avec l’âge, toute cette agression que tu as quand tu es jeune est plus ou moins derrière toi.
Combien de temps mettez-vous pour enregistrer un morceau?
Tout dépend de l’atmosphère dans laquelle nous nous trouvons. Parfois cela peut aller très vite, être bon à la première prise. Parfois, on passe des nuits blanches à se heurter à des difficultés incessantes.
Les conditions idéales pour enregistrer?
À la maison!
C’est un concert d’anthologie qui nous sera servi quelques heures plus tard, devant un parterre en totale ébullition. The Strokes, fidèles à eux-mêmes ont aligné les tubes et conquis un public déjà converti mais non pas moins affamé. Rock!
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