Pourquoi? Lorsque, en 69, les Beatles et les Stones se partageaient le monde, Jimmy Page, Robert Plant, John Paul Jones et John Bonham ont amorcé l’ascension du dirigeable de plomb qui allait mettre le monde à genoux. Un choc, qui allait durer dix ans. Dix galettes sont sorties pendant cette période. Remarquables. Un groupe de force et de génie. Le son d’un volcan ravageur. Puis une décennie a passé, nous sommes en 1990. Un remarquable Remasters voit le jour, deux CDs regroupant le meilleur, pour ceux qui passaient du vinyle au CD et qui ne voulaient pas se payer ou se repayer le luxe de toute la discographie (car il est évident que le passage de la galette noire à sa petite sœur aux couleurs miroirs a été et est encore la poule aux œufs d’or). Rien de neuf pourtant.
En 94, bingo ! On sort des bandes version studio, remastérisées, et vogue la galère. Pas de quoi être trop sévère. On savait que les candidats avaient un joli brin de voix. Mais… toujours rien de neuf. C’est la question que l’on peut se poser. Un nouveau Zeppelin? Vingt-sept ans après la fin du groupe? Qui a besoin de thunes? Qui fait ses choux gra? Car enfin, à qui peut bien être destiné un album qui sort presque trente ans après la fin des haricots (légumineux cuits en raison de la mort de John « Bonzo » Bonham, qui rejoignait, fin 1980, Keith Moon au paradis des batteurs) ? Veut-on faire connaître ce groupe de légende à une jeunesse qui n’a jamais entendu rugir le dirigeable? Veut-on faire cracher quelques dernières pièces aux derniers nostalgiques? A qui profite le crime? Comment? Jimmy Page en est le producteur. Ceci explique peut-être cela.
Donc, depuis la fin des haricots, le dirigeable a sorti le posthume Coda, composé d’inédits. Normal, logique. Puis, pour les étourdis qui avaient oublié de faire leurs achats en 90, est sorti, en 93, un Led Zeppelin Boxed Set II qui leur offrait une nouvelle chance. Toujours rien de neuf. En 94, les compères Page/Plant se retrouvent brièvement pour un mémorable No Quarter, reprise heavycoustic remarquable d’une quinzaine d’anciens tubes et d’une nouvelle chanson, «Yallah», le tout à la sauce arabo-celtique-blues du désert ou avec un orchestre en arrière plan. Ceci valait le détour. Mais poursuivons…
En 2003, c’est au tour de How The West Was Won de voir le jour, nouvelle compilation dont l’intérêt reste bien caché. Ensuite sont sorties les BBC Sessions, compilation d’enregistrements réalisés entre 69 et 71 à la BBC et jugés à l’époque de moindre valeur, ce qui est toujours le cas selon votre serviteur.
Enfin, fin 2007, Mothership. Le nouveau Led Zeppelin. Deux CD, vingt-quatre plages. Inédites? Même pas. Nouvelles mélopées? Non. Nouvelles harmonies? Non. Nouvelles remastérisations? Non. Nouvelles orchestrations? Non. Alors, quoi de neuf, docteur? Cet album contient, accrochons-nous, également un DVD de concerts réalisés dans des clubs, des stades etc., 20 titres pas toujours bien filmés, de qualité parfois très mauvaise, mais que voulez-vous. On fait avec ce que l’on a et il est vrai que les occasions de voir le groupe sur écran ne sont pas légion. Et, pas trop éloignées des versions originales, sans cependant être du copier-coller, certaines reprises sont intéressantes, voir impressionnantes à l’image de «Kashmir». DVD mis à part, cette galette ne mérite pas que l’on passe à l’orange. Si, contre toute attente, ceux qui possèdent déjà la collec’ complète devaient acheter Mothership, qu’ils ne s’étonnent pas de penser plus tard «Mon Dieu, qu’ai-je fait ? J’aurais dû plutôt me payer le calendrier 08 de Paris Hilton!» Pour avoir sorti plus de cinq compilations pour dix originaux, on peut se poser la question : les prédateurs seraient-ils devenus des charognards ?