C’est sous un temps maussade que les nombreux festivaliers se dirigent vers leur lieu de prédilection, leur référence annuelle, leur symbole estival. Préparés, les organisateurs ont lancé le plan Diluvio et ont fermé la plus grande partie des parkings, réorientant les automobilistes vers des places aux alentours de la ville de Nyon. Grand bien leur en a pris, car c’est un véritable déluge qui s’est abattu sur l’Asse aux environs de 16h. Courte mais intense, la pluie à donné au site des allures de festival anglais. Les déjà nombreuses personnes présentes à l’ouverture des portes ont pu goûter au plaisir de la boue sur leur chemin jusqu’au Club Tent, où nos charmants Hélvètes de The Mondrians ouvraient les festivités. Très britanniques dans leur présentation, apparence et attitude, ils dégageaient certes une rage non dissimulée, mais peinaient à se démarquer par un style propre à eux-mêmes. Comme quoi intégrer ses références, c’est bien, mais attention à ce que cette intégration ne devienne pas imitation. The Mondrians, un groupe sous influence.
C’est ensuite la formation !!! (chk chk chk) de Sacramento, établie maintenant à New York qui inaugure la Grande Scène. Actifs depuis plus de onze ans, leur leur longévité leur a apporté expérience de la scène et grande technique musicale. Il n’était pas rare de voir les musiciens changer régulièrement d’instruments. Au nombre de sept, dont une chanteuse et un chanteur, c’est un à un show totalement déchaîné et déluré auquel nous avons droit. Le mélange de rock, electro, funk et soul tape droit et l’audience en redemande. C’est sous la pluie que la chanteuse, dans une impulsion subite et décomplexée baissera son pantalon pour exhiber sans vergogne son fessier à la foule en délire, puis son sein droit. La musique est plus qu’efficace, leur dernier album Myth Take est passé à la moulinette, il n’y a pas de pause entre les morceaux, le rythme ne s’essoufle jamais, batterie et percussion sont le moteur de ces américains qui n’ont peur que de l’ennui et qui le font savoir. C’est un concert de très haut vol auquel nous avons le privilège d’assister. Un plaisir de tous les instants.
Pour Alex Turner et ses Arctic Monkeys, le moment est venu de montrer à la Suisse ce dont ils sont capables. Les ados (à peine 20 ans) les plus en vogue du moment ne déçoivent pas. Sans être des bêtes de scène, on les sent détendus et en grande confiance. Les tubes sont tous joués à la suite, de "Brianstorm" à "I Bet You Look Good On The Dancefloor", en passant par "Fluorescent Adolescent" ou "When The Sun Goes Down". Sans beaucoup communiquer avec le public, Alex Turner inspire pourtant une sympathie certaine. Charismatique, avec cette figure encore pas tout à fait adulte, cette voix légèrement nasillarde et teigneuse, appuyée par des compositions hargneuse et frénétique, il emporte le public qui ne lui en veut pas et qui se trouve partagé entre un mélange d’étonnement et d’admiration, complètement hypnotisé par ces jeunes de Sheffield qui ont réussi en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire à séduire le NME et la BBC (principaux leaders d’opinion de la digne Albion) et qui se retrouvent déjà comme presque blasé de jouer devant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Quoi qu’il en soit, c’est rock’n’roll et très à propos dans un festival qui avait tendance à ne plus donner au rock la place qu’il mérite.
Simultanément, sur la scène FMR, se produisaient les excellents Solartones, emmenés par le charismatique duo formé par Tania et JC. Leur nouvel album est imminent et ce rock-là mérite que l’on s’y attarde. On se demande d’ailleurs pourquoi des groupes d’une telle qualité sont condamnés à se produire sur une scène située dans le camping, alors qu’ils auraient largement leur place à l’intérieur du site "payant". Autre exemple flagrant avec les Zurichois de Camp qui ont livré un set d’une grande qualité, malheureusement vu par une vingtaine de personnes au maximum…
Dans le Club Tent ce sont les parisiens de Naast qui ont mis le feu et qui ont balayé toutes les idées reçues à leur sujet. Le groupe a livré près d’une heure d’une sincérité et d’une spontanéité qui a tôt fait de conquérir les personnes présentes qui voyaient là un excellent prémice au concert de Muse, tête d’affiche de cette soirée mémorable.
Muse, considéré comme le plus grand groupe anglais actuel, a eu l’honneur d’inaugurer dernièrement le nouveau stade de Wembley à Londres et de se produire devant 230’000 personnes. Des proportions difficilement concevables pour le commun des mortels, mais qui se vérifient sur scène. Les visuels sont impressionnants et parfaitement calqués sur la musique, les trois membres du groupes, Matthew Bellamy en tête, sont parfaits tant dans l’apparence que dans la musique. Devant un tel déferlement, ils font un peu penser à des robots, à un produit de consomation de masse. Tout est trop parfait et l’on passe bien sûr un bon moment. Mais l’impression de voir un groupe énorme juste faire son "job" subsiste. Le show est tellement calculé qu’il semble manquer de naturel et que le paléo n’est qu’un autre maillon d’une chaîne de concerts tous identiques. Musicalement, "Starlight" et "Sunburn" excitent le public au maximum, la performance est envoûtante, les écrans grandioses. Matthew Bellamy nous offre quelques solos de piano qui nous prouvent son talent dans un créneau très classique. Notre seul regret: le mythique "Muscle Museum" est oublié. Après un rappel fabuleux, Muse quitte définitivement la scène. On ne déteste pas, on n’adore pas, on aime.
Pour la fin de la nuit, chers lecteurs, nous nous dirigeons à nouveau vers la scène FMR pour le live et le dj set de Solange la Frange, qui va se prolonger jusqu’à trois heures du matin. Et nous laisserons l’ivresse nocturne nous prendre…
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