Tout commence par un verre de vin. Rouge, bien sûr, rubis même. Un échange d’idées, comme ça, rapidement. Puis vient la question. Une question, en fait. L’interrogée sourit de toutes ses dents, de manière vraie, spontanée, presque enfantine. Elle détourne la tête et réfléchit. Vous regarde à nouveau et là plonge ses yeux dans les vôtres pour vous répondre, et vous vous crispez. Elle semble lire en vous comme dans un livre ouvert. Son regard est érotique à souhait, malgré la vie qui a marqué ses traits plus qu’il n’y paraît sur les photos de presse, et les nuisettes qu’elle porte font désormais partie de sa peau… Elle vous explique, son regard toujours planté dans le vôtre, elle semble lire dans votre tête si vous comprenez ou faites semblant.

Elysian Fields

Tout commence par un verre de vin. Rouge, bien sûr, rubis même. Un échange d’idées, comme ça, rapidement. Puis vient la question. Une question, en fait. L’interrogée sourit de toutes ses dents, de manière vraie, spontanée, presque enfantine. Elle détourne la tête et réfléchit. Vous regarde à nouveau et là plonge ses yeux dans les vôtres pour vous répondre, et vous vous crispez. Elle semble lire en vous comme dans un livre ouvert. Son regard est érotique à souhait, malgré la vie qui a marqué ses traits plus qu’il n’y paraît sur les photos de presse, et les nuisettes qu’elle porte font désormais partie de sa peau… Elle vous explique, son regard toujours planté dans le vôtre, elle semble lire dans votre tête si vous comprenez ou faites semblant.

 

 

 

Entretien avec une panthère

 

Lords of Rock : The Afterlife est plus noir, plus théâtral que les autres albums, froid et chaud à la fois…

Jennifer Charles : C’est sûr. Il sent l’humidité, la terre, la transpiration. Il y a différentes couleurs sur cet album, différentes humeurs. Si on considère le tout, on sent que c’est un voyage lourd et douloureux, qu’on a traversé quelque chose de difficile, d’où le nom « The Afterlife ».

 

« Only For Tonight » est joué sur un schéma plus bluesy, c’est un peu l’intrus sur l’album, mais aussi celui qui est le plus catchy lors de la première écoute…

Peut-être. Je ne m’en rends pas compte, entre autres parce que je vois ça de l’intérieur évidemment. Est-il plus entraînant ? Nous écoutons tous la musique différemment, certains ont besoin de rythme, d’autres de paroles profondes. Alors je répondrais que oui, il est plus entraînant pour certaines personnes, mais pour d’autres, celles qui écoutent les paroles, ils y décerneront l’ironie, l’humour et tout ce qu’on y a mis dedans.

 

Cela veut donc dire que tu ne travailles pas sur le schéma « une idée = un titre » ?

Surtout pas ! Ces titres sont un miroir de la vie ! Ecoute, quand tu es heureux, tu ne l’es pas nécessairement complètement, il y a peut-être une partie de toi qui est plus triste, et inversement. J’essaie d’insuffler ce sentiment dans mes chansons, juxtaposer les sentiments et faire un collage du tout. Au final, je dirais que « Only For Tonight » est un morceau qui mord.

 

La musique d’Elysian Fields est toujours très tendue, sur le fil du rasoir, prête à exploser tout le temps sans jamais y parvenir. Tu aimes jouer avec les tensions ?

Oui. Je pense que la retenue est plus intéressante et plus parlante que le laisser-aller. Il y a tellement de monde qui a besoin de se prouver je-ne-sais-quoi en se tapant la poitrine comme Tarzan… Je ne suis pas le troupeau, si je fais ce genre de trucs c’est dans l’intimité de ma chambre (rires) ! Sérieusement et à mon avis, une musique qui a de la retenue est plus mature.

 

« The Moment » est très simple mais ô combien profond. Est-ce « juste » une histoire de coup de foudre ou est-ce qu’il y a quelque chose de caché derrière ?

Je ne sais pas si je dois te le décrire… Chacun a sa propre expérience du morceau. Oui c’est profond. Mais on peut aller encore plus loin, c’est toujours possible et c’est ça qui rend l’expérience intéressante. En apparence, « The Moment » est simple, comme tu l’as dit, mais ce sont souvent ces choses simples qui sont les plus profondes, où il est le plus facile de creuser.

 

En Suisse, « Bend Your Mind » tournait sans cesse sur les ondes (des bonnes radios – ndla). C’est un titre bien plus rock qu’à votre habitude. Est-ce que c’est un hasard ou bien est que vous aviez une idée derrière la tête en composant ce titre ?

J’ai toujours été attirée par la musique pop-rock, quelque chose de sexy et de cool qui t’accroche facilement. On écrit toujours des titres comme celui-ci de temps à autre. En fait sur chaque album tu en trouves un : “Set The Grass On Fire” sur Bum Raps & Love, Bleed Your Cedar avait aussi le sien avec “Sugarplum Arches”… Je pense surtout qu’il y a des labels qui sont plus débrouilles que d’autres pour faire en sorte que tu passes à la radio.

 

Et – question bête – tu aimerais passer à la radio plus souvent ?

Bien sûr. Je me dis souvent que les gens qui viennent voir nos spectacles constituent un public fantastique qui est prêt à partager une expérience, mais je me dis aussi que ces gens ne peuvent pas être les seuls sur Terre à être comme ça ! A mon sens on ne donne pas suffisamment la possibilité à chacun de découvrir quelque chose d’intéressant. On ne nous passe que de la musique ketchup à la radio, du coup on a le cerveau lavé, on aime une chanson et on ne sait pas pourquoi et hop ! on va acheter l’album au supermarché. Alors que, j’en suis sure, il y a bien plus de gens qu’on croit qui sont prêts à ouvrir leurs portes à un genre plus complexe.

 

Avec The Afterlife vous avez réussi à accoucher d’un album qui doit absolument s’écouter de A à Z, sans quoi il perd de son sens ou alors on perd le fil…

C’est une question difficile. Je n’ai pas fait cette expérience personnellement, et mon regard est intérieur, ce qui fausse la donne.

 

 

 

Mais est-ce possible de faire autre chose que de l’écouter ? La vaisselle, conduire…

Penses-y une seconde : est-ce que tu regardes la TV quand tu fais l’amour ? Parfois tu dois te concentrer pour que l’expérience soit plus intense. Tu ne joues pas au foot quand tu vas au musée, non, tu y vas pour ressentir la peinture et de surcroît sans ton walkman. Il y a certaines fois où tu peux faire deux choses à la fois. Des artistes mélangent les arts pour les complémenter, et c’est très bien. Mais je pense que si tu essaies d’entrer dans notre monde, l’expérience est trop particulière pour y arriver en faisant plusieurs choses.

 

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Les arts. Absolument tous : la peinture, la sculpture, l’architecture, le cinéma. Les livres aussi – je lis beaucoup. Mais aussi mon entourage m’inspire, ma famille… et la nature surtout. Elle est probablement ma plus grande inspiration.

 

« Après avoir écouté un morceau de Mozart, le silence qui suit est toujours du Mozart » Avec Elysian Fields, n’est-ce pas un peu la même chose ?

Si c’est le cas pour certains auditeurs c’est bien. Il n’y a pas besoin d’être Mozart pour avoir ce pouvoir. N’importe quoi qui t’émeut devrait avoir ce pouvoir. Si je vais voir une peinture qui me touche, je le ressens sous ma peau, c’est en moi et je n’y repense pas simplement en rentrant chez moi, j’y repense toute la semaine ! Mais cela peut être ainsi pour tout : imagine un superbe coucher de soleil.

 

Un superbe coucher de soleil ou un superbe concert. C’est ce que nous a offert Elysian Fields en ce mercredi 9 septembre au soir, dans la salle du Bourg : simplement en duo piano/chant ou guitare/chant, une salle étroite, des lumières sobres mais de couleurs profondes, ils ont joué un peu plus d’une heure et c’était un sans faute sur toute la ligne. Above expectations et dans un endroit qui semble avoir été construit pour l’occasion. Ils ont magnifiquement défendu plusieurs titres du dernier album mais ont aussi joué des nouveaux morceaux (écrits entre février et août de cette année !) et, bien sûr, de vieux classiques. Divin.

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