samedi , 14 décembre 2024
Ne vous fiez surtout pas à toutes ces couleurs. Elles ne sont pas que d'apparats. Rencontre avec la jeune londonienne, petite reine de la fusion pop 2009.

Ebony Bones! en interview

Ne vous fiez surtout pas à toutes ces couleurs. Elles ne sont pas que d’apparats. Rencontre avec la jeune londonienne, petite reine de la fusion pop 2009.

 

 

Ici, pas de pop songs cul-terreuses à la Lily Allen, c’est plutôt le carnaval de Rio de la génération New-Rave, au grand dam des pingres et des blasés. Voici le Londres du 3ème millénaire devant vous.  « Preparing the rebellion », tel est son créneau, son album BONES OF M BONES (chronique du disque) en atteste. Arrivée de nulle part, plus punk qu’on pourrait le penser avec ses autours de muse de Castelbajac – elle a grandi aux côtés des Clash et de Vivienne Westwood – elle terrasse une concurrence (MIA, Santigold) qui ne sait plus quoi faire pour y survivre. « Mais quelle extravagance ! » aurait-on entendu. On ignorera le côté “eurodance” et grime pour retenir cette incroyable vigueur flamboyante d’Ebony Thomas. Elle nous reçoit dans sa loge pour une interview fleuve.

 

 

 

 

 Voici le Londres du 3ème millénaire devant vous.

 

Lords of Rock : Ebony, tu es déjà en tenue de scène ? Très jolie ta robe !
Ebony Bones !: Oh merci ! Non, pas du tout, je ne peux pas du tout danser avec cette robe tu sais. C’est mon habit de voyage, mais quelle peine j’ai eu de monter les escaliers avec elle. Ce n’était pas très gracieux, tout le monde a pu voir les traits tirés de mon visage devant mon grand effort (rires) !

Tu tournes depuis un grand moment maintenant, comment ça se passe ?
Oui, je ne sais pas ce que serait ma vie sans tourner. Heureusement, j’adore le faire. C’est une bonne chose car il y a tant d’artistes qui ont un succès fulgurant et qui partent en tournée immédiatement, sans vraiment avoir le temps de souffler. Pour nous, c’est totalement l’opposé et, en plus, nous visitons à chaque fois des villes adorables et des coins géniaux, comme ici au milieu de la forêt.

 

Est-ce que tu essayes de donner à chaque concert quelque chose de nouveau avec ton groupe ?
Oui, à chaque fois je change, j’ajoute de nouvelles choses. Les concerts deviennent très fréquents pour nous maintenant, il y aussi de nouveaux membres dans le groupe, des musiciens aussi. Nous rentrons des USA et du Japon où nous avons joué au Fuji Rock. Nous y avons aussi eu des problèmes avec l’immigration parce que nous n’avions pas de visas. Nous sommes restés plantés là-bas pendant plus de deux heures et on espérait juste qu’ils ne nous demandent pas de rentrer à Londres. C’était un vol tellement long… On regardait à travers la salle où l’on attendait et on a aperçu Flavor Flav de Public Enemy, The Big Clock. Il était assis avec nous à l’immigration ! Il était venu ici pour y enregistrer un album mais il n’avait non plus pas de visa. Il a peut-être pensé que montrer sa grande montre lui permettrait d’y rentrer (sourire)… Ils l’ont donc renvoyé aux Etats-Unis avec le vol suivant.

(Elle demande à son manager suisse un thé peppermint pour soigner sa toux) : excuse-moi, j’ai juste la grippe A, il faut que je me guérisse (rires) !

 

J’aurai voulu que tu me décrive ce qu’est un concert d’Ebony Bones !…
(Elle réfléchit) C’est un… un concert d’Ebony Bones ? Hum, my gosh… C’est… Eh bien c’est comme une explosion de son et de couleurs, quelque chose qui t’arrive en pleine face. Ca sonne artistique, non ? (rires)

 

Notre journaliste qui a chroniqué ton album a dit que BONE OF MY BONES était clairement impossible à décrire et qu’il était impressionné par tant de sincérité.
(Rires) Oh merci, quel plaisir d’entendre ça.

 

Je pense qu’il fallait le dire car ici en Suisse on a plus tendance de lire des articles sur toi concernant ton look vestimentaire incroyable. On ne parle que de musique si tu le veux bien, ok ?
Oui, c’est vraiment très étrange combien de gens veulent m’entendre dire des choses sur ce sujet. Tu sais, tout est juste parti d’une petite idée dans ma chambre. J’écoutais de la musique sur ma radio, je dansais dans ma chambre tout en voulant désespérément sortir d’ici. J’ai donc décidé que j’allais faire de la musique mais je ne trouvais personne qui veuille chanter sur mon disque. Je m’y suis donc collée. Ma musique est à propos de l’idée de se libérer soi-même, de ne pas se confiner à quelque chose ou à une étiquette. Il y a tellement de journalistes et de sites Internet qui parlent de notre caractère particulier, ceci parfois au détriment de l’album. Je voulais sonner comme la playlist de mon iPod…

 

 

 

 

J’ai appris dans une longue interview avec Voxpop que ton père était un proche des Clash quand tu étais petite.
Oui oui, c’est juste.

 

En Suisse, cela nous paraît inconcevable. Il n’y a pas de stars…
Tu sais, je pense que la musique s’intègre de plus en plus partout. Il y a maintenant plus de clash culturels, les gens deviennent plus cosmopolitains ceci même s’ils ne vivent pas dans une ville cosmopolitaine. Tu peux te mettre online et regarder instantanément ce qui se passe dans le monde. Tout est plus accessible, nous devenons tout plus influencés par tant de choses. Je trouve cela magique.

 

Oui, et spécialement dans la musique avec les sonorités africaines depuis quelques mois à l’instar de Foals ou Vampire Weekend…
Oui c’est clair. Nous avons justement joué avec Vampire Weekend hier au Pukkelpop festival, en Belgique.

 

Et avec les Black Angels aussi, que je viens d’interviewer d’ailleurs…
Oui, ils y étaient aussi ! En arrivant ici ils m’ont dit qu’ils avaient fait 10 heures de bus et je leur ai dit : « hey, pourquoi vous ne prenez pas l’avion ? C’est juste une heure de vol ! » (rires). Damon Albarn m’a demandé, il y a quelques semaines de cela, de jouer avec lui pour sa création Africa Express. C’était un concert gratuit au centre de Paris, inspiré par tous les musiciens qu’il aime ainsi qu’ avec de nombreux amis. C’était un véritable honneur pour moi d’y participer. Il y a effectivement cette vague africaine, un peu tribale. Mais à mon avis elle a toujours imprégné beaucoup d’artistes, elle a toujours été présente dans la musique pop. Paul Simon, Fela Kuti… Cela concerne surtout le rythme, la batterie, l’instinct primaire, c’est quelque chose que j’aime.

 

Justement la batterie : ton album BONE OF MY BONES repose beaucoup sur elle.
Oui, de la batterie, beaucoup de batterie ! J’en ai aussi joué sur mon album. C’était génial, tellement amusant de le faire. Je ne pourrai pas faire autrement. Je me rappelle comment ceci m’est venu : j’étais assise à la table de ma cuisine et j’essayé de réfléchir à quelle rythmes se baladaient dans ma tête. « Qu’est-ce cela donnerait sur une batterie ? ». Je suis donc allée sur ma batterie et j’ai travaillé là-dessus. Tous les morceaux me sont venus comme cela, en moins d’une heure. Je n’ai même pas mixé mon album BONE OF MY BONES. En fait si, il a été salement mixé, mais je ne voulais pas qu’il soit poli. Le son devait être direct, comme il m’est venu, un peu comme quand tu as trop bu et que tu vomis. Désolé, c’est vraiment un mauvais exemple ! C’était un acte assez hallucinant de création, tout est vraiment venu en une heure de temps, dans de splendides couleurs (rires).

 

 

« Un concert d’Ebony Bones ? Hum, my gosh… C’est… Eh bien c’est comme une explosion de son et de couleurs, quelque chose qui t’arrive en pleine face. Ca sonne artistique, non ? »

 

 

Est-ce agréable de ne pas avoir à choisir un style de musique particulier ?
Oh que oui, je ne pourrais pas imaginer qu’un label me dise ce que je dois faire ou non. Je suis vraiment désolée pour les artistes qui n’ont pas cette liberté et qui sont contraints par quelqu’un qui leur dit quelle sorte de musique ils doivent faire pour que les radios passent leurs morceaux. Dans la vie, certaines choses qui comptent ne comptent pas pour les labels. Et à l’inverse, des futilités sont très importantes à leurs yeux. Vraiment étrange, you know ?

 

(Ebony reçoit le thé de sa manager). Tu es donc un petit peu malade n’est-ce pas ?
En fait non je ne suis pas malade, c’est juste une petite grippe A (rires). Non, rassure-toi, nous n’avons pas cette grippe mais un membre de mon groupe l’a attrapé quelques semaines auparavant et a donc dû être mis en quarantaine. On va donc lui dédicacer notre concert… parce qu’il est mort. Non je rigole (rires) ! Je ne devrai pas rire parce que partout où l’on va on nous dit : « oh mon dieu, vous venez de Londres, infestée par la grippe A ! », tout le monde l’a, c’est quelque chose de vraiment commun, un peu comme un refroidissement. Certaines personnes ne savent même pas qu’elles l’ont. C’est très rare de ne pas connaître quelqu’un qui ne l’a pas à Londres. Apparemment, il n’y pas loin de 200’000 cas de grippe A. Mais ce n’est pas si dur que cela selon ce qu’on dit. Londres est une ville tellement vite contaminable :  le métro est toujours plein, tu ne peux aller travailler sans le prendre lui ou les autres transports publics. Ca se propage donc rapidement. Mais c’est vraiment très étrange ce qui arrive : il y a peu, c’était juste loin de nous et maintenant elle est en Europe et partout autour de nous. Il y a plein de questions à propos de ce problème, je ne sais pas comment cela va évoluer, avec les enfants aussi… But less about the flu and more about music (rires).

 

 

 

 

Nous n’avons pas ici connu l’Ebony Thomas actrice car le soap dans lequel tu jouais n’a pas passé les frontières. Juste avant l’interview, j’ai fait une petite liste d’acteurs et actrices qui ont récemment concrétisé un projet musical : Juliette Lewis naturellement, Scarlett Johansson ou encore Jason Schwartzman…
Ah oui, Jason, je ne le savais pas ! J’ai entendu les morceaux de Scarlett Johansson récemment, je ne l’avais jamais entendu chanter auparavant. Elle chante comme Amy Winehouse, elle a une voix vraiment belle ! Je ne le savais pas…

 

Hum, pas vraiment, tu trouves ?
Oui, et même David Bowie a chanté avec elle.

 

Elle a un bon producteur en la personne de David Sitek (ndlr : de TV On The Radio).
Vraiment ? Je le trouve vraiment génial. J’adore TV On The Radio, ils sont juste trop bons. C’est très intéressant.

 

Est-ce que tu penses qu’avoir un passé d’actrice rend le passage à la musique facile ?
Non, pas du tout. Les gens te regardent et te demandent : « mais qu’est-ce que tu fais ? Comment oses-tu faire ça ? Qu’est-ce qui te fait penser que tu puisses être bonne en musique ? J’ai donc gardé secret ce projet musical, je mettais ma musique en ligne sur Internet directement depuis ma chambre et je n’avais même pas mis de photos de moi. J’ai procédé de la sorte jusqu’au moment où les gars de Basement Jaxx m’ont écrit sur mon Myspace en me demandant si je voulais bien ouvrir pour eux lors de leur future tournée. Ce n’est que plus tard qu’ils m’ont dit : « Mais on te reconnaît ! ». C’était mon premier concert.

 

« J’ai gardé secret ce projet musical, je mettais ma musique en ligne sur Internet directement depuis ma chambre et je n’avais même pas mis de photos de moi »

 

 

Ce fut assez facile, ou plus simple en résumé…
Non, pas facile, d’autant plus que les gens m’avaient assimilé à l’actrice de la série, la petite fille à la jupe. Mais j’ai très vite su que ce n’était pas un medium avec lequel je pourrai m’exprimer, développer ma créativité, ou m’aider à être proche des gens.

 

Chanter, c’est plus sincère…
Oh oui ! Tu sais, quand tu dois respecter un script écrit par quelqu’un, quand tu dois te fondre dans un caractère donné pendant des années, ce n’est pas si éloigné d’un quelconque job dans un bureau. Je ne regrette rien, c’est juste une autre vie qui a commencé.

 

Photos: Julien Gremaud

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