Avec leur second album éponyme, Crystal Castles reviennent enfin. Se sont-ils calmés ou tapent-ils toujours aussi fort ?

Crystal Castles

Electro-punk Avec leur second album éponyme, Crystal Castles reviennent enfin. Se sont-ils calmés ou tapent-ils toujours aussi fort ?


C’était en 2008. Avec leur premier album, Crystal Castles, duo formé d’Alice Glass et Ethan Kath, réalisait un essai presque parfait, avec un son violent, haché au possible mais aussi des tubes juste magnifiques comme le “Crimewave”, remix méconnaissable de Health. Leur formule magique : une voix féminine bidouillée, entre répétition et cris, et des beats sales à la diversité limitée. Bref, aussi moche que peut paraître cette dénomination, c’était de l’excellent électro-punk, une musique qui donne l’impression de recevoir une canette en pleine tête. Depuis ces effets sur la voix, véritable marque de fabrique, ont souvent été repris, que ce soit par les dj hip hop de N.A.S.A. ou par les barcelonais de Delorean, preuve de l’impact de cet album sur la production électro en générale.

Du bon goût haché menu

Pour ce second album, la voix de la chanteuse Alice Glass a toujours autant d’impact. Néanmoins, elle apparaît parfois sous un autre jour, moins à bout de souffle et avec moins d’effet. Sur certaines chansons, notamment l’étonnement mainstream “Celestica”, on a même le droit à du chant. Pour ce dernier titre, le duo de Toronto laisse sa hargne au vestiaire et dégomme une vraie balade, enivrante, triste, et carrément émouvante : « When it’s cold outside hold me/don’t hold me ». Bon pour être sûr que l’auditeur ne les prenne pas pour des nouveaux romantiques, ils enchainent sur “Doe Deer”, tonnerre punk avec pour seules paroles, le mot « Deathray » (rayon de mort) répété et déformé. Pour le reste de l’album, ça envoie toujours autant, Crystal Castles reste un groupe bien fâché. Même s’il faut bien l’avouer, la violence et la hargne ne sont plus aussi fortes que sur le premier album. On prend toujours une claque mais la marque sur notre joue est un peu moins rouge. Il faut tout de même rappeler que la barre avait été placée très haut.

 

 

Mais est-ce que c’est moins bon quand c’est moins
fort ? Pas sûr, ce second album réussit à lier la rage punk à des rythmes
plus lents, le retour en grâce de la cold wave étant passé par là. Le nombre de
beat/s a peut-être baissé mais l’énergie n’a pour autant pas baissé d’un cran.
L’auditeur est pris au torse par des vagues profondes comme sur Year of silence, qui commence drapé en
Marylin Manson pour finir presque comme du Air France. C’est tout le milieu de
l’album qui se révèle vraiment étonnant, mêlant les beats bien sales à une voix
beaucoup plus douce et chantée. Tout ça, c’est à la fois beau, froid, triste et
pêchu. Un groupe auquel Crystal Castles fait souvent penser, c’est
Pictureplane, qui, signait lui l’album électro incontournable de 2009. Ils ont
en commun ce mélange de musique à danser et de beat haché. Difficile
d’envisager autre chose qu’un balancement total du corps lorsque leur musique
passe. Il y a aussi ce talent de réussir à flirter souvent avec le mauvais goût
pour le plus grand plaisir des oreilles. Car au fond, ce dont on a tous
secrètement rêvé, c’est d’entendre une chanson à l’énergie pop pervertie en
quelque chose d’encore plus fort et plus dansant. Sur ce second album, c’est
comme si Crystal Castles, après avoir affirmé leur style et leur rage dans un
premier opus, pouvait se permettre de varier dans ce style, passant de chanson
lente de plus 4 minutes à des titres hargneux d’à peine plus de 1 minute 30. La
pression se relâche. Ainsi Pap Smear
ressemble beaucoup aux chansons de 2008, mais cette fois elle apparaît dépouillée
des effets de voix, pour devenir une chanson plus accessible mais peut-être aussi
moins artificielle. En 2010, Crystal Castles signe donc un album un peu moins brutal
et innovant que le premier,  mais
plus divers et en phase directe avec l’électro actuelle, entre cold wave et
voix de fantôme. C’est bien là un de leur principal mérite que de réussir à
garder leur style sans pour autant faire comme si rien n’était sorti depuis.

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