vendredi , 6 décembre 2024

Chris Eckman

Etant un des membres fondateurs de The Walkabouts, groupe de rock alternatif créé en 1984 à Seattle, Chris Eckman se veut aussi producteur (Glitterhouse Records) pour son projet solo mais également pour d'autres artistes. Etabli en Slovénie, il collabore avec des formations de toute l'Europe.

Ce disque se veut presque tout en acoustique ; folk mélancolique, tel l'oeuvre d'un Mark Lanegan doté d'une voix quasiment aussi éraillée qu'un Tom Waits… Le nœud instrumental central est le duo guitare-contrebasse auquel s'ajoutent parfois d'autres instruments judicieusement présents afin d'intensifier l'ambiance. Le chant est mis en valeur, porté par l'orchestration, on écoute – vraiment – ce que raconte Chris Eckman. Tout est à sa place et l'équilibre est parfait. Malgré quelques rares longueurs, un superbe moment d'évasion nous est offert et c'est un délice de s'y plonger.

Inspiré par un voyage dans les vallées désertiques d'Harney County, ce quatrième album se veut sobre mais puissant. La magnifique photo de couverture du disque annonce la couleur et pose le décor. "Nothing Left To Hate" débute avec une douce mélancolie en décrivant ce lieu reculé et le lâcher-prise qui nous gagne à son contact. Au fil des versets un orgue et des percussions discrètes suivent la progression du morceau. Le second titre "The Carnival Smoke" si situe dans la même veine, sauf que cette fois c'est une guitare électrique aérienne et à la sonorité western qui vient souligner le côté pathétique de retrouvailles ayant pour décor un cirque itinérant. Soit-dit en passant, il vaut la peine de s'attarder sur les textes écrits dans le booklet, donnant ainsi une dimension supplémentaire à la musique.

Plus dense et rythmé, "Requiem for the Old School Heavy" est hypnotisant. De la batterie, une basse et une voix un peu saturées, des silences qui en disent long, une orchestration simple mais tellement efficace… Lancinante et progressive, elle souligne à merveille la voix et le côté torturé des paroles. Une coupure puis la reprise avec des arpèges de guitare et un harmonica accompagnent le chant dans la conclusion émouvante de cet excellent morceau.

Le quatrième titre, "Katie Cruel" est une chanson traditionnelle américaine. Belle reprise mais un peu répétitive. "The Sound Of No Return" parle de départ, du début d'un road trip où l'on laisse tout derrière soit pour vivre le seul moment présent. Très prenant et poétique. La suite de ce même voyage se déroule peut-être dans "Many Moons". Plus rythmé que le titre précédent, celui-ci contient de l'harmonica et de la batterie. La voix est travaillée et, derrière tout ça, des sons électro graves et saturés augmentent le ton dramatique de cette histoire où le héros est à la recherche de ses certitudes.

"Rock Springs" est un conte à part entière. Les paroles sont inspirées d'une nouvelle du même titre écrite par Richard Ford. Lente et progressive, cette chanson parle à nouveau d'un road trip à l'américaine. Chris Eckman raconte, captive notre attention avec sa voix, sa guitare, la superbe contrebasse, une légère batterie ainsi qu'une touche de piano et de voix féminine en fond. Magnifique et long morceau.

Pour terminer, "Ghosts Along the Border" sonne plus folk mais apporte tout en douceur un point final à cet album.

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