Charlotte Parfois

Sous la légèreté du ton musical, la profondeur des textes Charlotte Parfois se dévoile et nous emmène d'un bout à l'autre de cette quatrième galette  (sans compter le projet Charlotte Peut-Être, Ghost Track)… Inclassable, malgré ses compositions à la Gainsbourg, Miro (La Voix du Vaurien) ou Katerine, cette musique sent bon le rock rétro – parfois aux sonorités western – et le farniente… Parfaitement dans la continuité de titres précédents (on y retrouve par exemple l'ambiance de "Vue sur la Mer" ou "Le Clandestin" de l'album Spaghetti), les textes sont toujours accrocheurs et poétiques.

En ce qui concerne les titres, on est directement mis dans l'ambiance avec "La vase"… Un groove efficace, des sons rétro et la voix chaude du chanteur qu'on suivrait sans hésiter sur la plage, surtout avec ce printemps à la météo capricieuse. Dans la même veine, "Immortels" est cool mais nostalgique… En troisième, "L'été qui revient", très Gainsbourg, est poétique et langoureux. Un titre qui vaut particulièrement le détour est "Bon à Rien" ; la musique, cette fois agrémentée d'un solo de cuivres façon New-Orleans, tourne bien mais c'est surtout le texte qui interpelle car il met l'accent sur le manque de reconnaissance qu'ont les artistes (ici un chanteur). C'est particulièrement le cas dans nos pays capitalistes où, pour réussir sa vie, il est convenu d'avoir « un bon métier qui rapporte bien » avec force diplômes, signes extérieurs de réussite et ainsi de quoi faire vivre décemment sa famille… Rares sont les musiciens, peintres ou autres qui vivent de leur art… et c'est bien dommage !

Le cinquième titre, "Des Vacances", à la musique telle une berceuse, parle d'enfance trop vite oubliée par des adultes formatés : « avec le temps on devient con », dixit Patrick Fellay. Changement d'ambiance avec "Crevaison Lente", un peu plus sombre et très western. Le texte est porté par la musique avec une certaine dramaturgie, le résultat est prenant et très réussi ! Viens ensuite "J'te paie un gin" au texte caustique reflétant parfaitement le mode de conduite des gens trop sérieux de notre époque et qui, se sentant indispensables, finissent par consommer des « stimulants » pour tenir le coup. La poésie de l'avant-dernier morceau, "La vie est trop courte", est comme une morale de fin d'histoire qui dit « carpe diem ». Pour terminer, un titre de style yéyé "Jamais vieux" (sympa mais bon, faut aimer le genre, hein…)  qui aurait pu être joué dans un camping au bord de la mer alors que les membres de Charlotte Parfois devaient y être en culottes-courtes… Enfin, on note beaucoup de second – voire de troisième – degré dans tous ces titres, surtout "Pas un exemple" ou "Paolo Coelho" (ces deux-là étant musicalement moins intéressant…).

Finalement, à l'écoute, on ne voit pas le temps passer, les musiciens ayant l'habitude d'inverser les rôles, il en ressort une bonne diversité des titres dont certains vont forcément nous marquer plus que d'autres. Le concept étant très cohérent, tant dans l'univers musical que le design de la pochette ou les paroles, c'est une belle réussite à dévorer, surtout en cas de coup de blues ou de mauvais temps…

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